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Le Lys dans la vallée de Balzac (résumé)

Publié le 15/11/2018

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Le Lys dans la vallée

 

Ce roman, achevé en 1835 et publié en volume en 1836, couronne le cycle des Études de mœurs et fait écho à Séraphita, la dernière des Études philosophiques. L’attachement de Balzac à cette œuvre se mesure à la ferveur avec laquelle il l’a défendue dans un procès qui l’opposa à François Buloz, le directeur de la Revue de Paris, accusé d’avoir vendu à une revue de Saint-Pétersbourg le texte des premières œuvres, auquel Balzac déniait toute valeur littéraire. Par les rapprochements qu’il permet avec l’existence même de l’auteur, par son analyse subtile du phénomène amoureux dans ses rapports avec la vie, la société et la création, le roman témoigne du travail d’un écrivain qui se cherche et se construit par l’œuvre d’art.

 

Synopsis. — 1827 : Félix de Vandenesse accepte de « livrer » son passé à Natalie de Manerville.

 

« Les deux enfants. » Au sortir d'une enfance malheureuse et solitaire, Félix, qui a vingt ans {mai 1814), rencontre dans un bal à Tours une jeune femme dont la beauté l’émeut au point de l'égarer. Métamorphosé, il inquiète ses parents qui l'envoient à la campagne où il retrouve avec émerveillement l'inconnue dans une vallée au creux de laquelle coule l'Indre (« Elle était le lys de cette vallée »). Il fait alors la connaissance, au château de Clochegourde, de Blanche de Mortsauf, de son mari et de leurs deux enfants. Le comte de Mortsauf, marqué par les épreuves de l'émigration, fait souffrir son entourage par une irascibilité maladive. Des liens spirituels se créent entre Félix et la comtesse Blanche, que Félix est autorisé à appeler Henriette; celle-ci se confie au jeune homme mais refuse d'entendre parler d'amour.

 

« Les premières amours. » Henriette et Félix se plaisent à communiquer par le langage des fleurs. Le bonheur se poursuit pendant plusieurs mois et connaît son apogée dans la scène des vendanges. Octobre 1814 : Félix quitte Clochegourde pour Paris. Henriette lui remet une lettre où elle prodigue des conseils qui s'appuient sur son expérience de la société. Par sa fidélité et sa compétence, Félix se fait apprécier du roi. Après Waterloo, il devient maître des requêtes au Conseil d'État. 1817 : un congé de six mois le ramène en Touraine. Félix et Henriette renouvellent leur engagement et vivent des instants précieux. Le comte étant tombé malade, ils le soignent tous deux pendant près de trois mois avec un dévouement qui renforce la haute conscience qu'ils ont d'eux-mêmes. Retour de Félix à Paris.

 

« Les deux femmes. » Félix succombe aux charmes d'une riche et belle Anglaise, Lady Arabelle Dudley. La nouvelle de leur liaison parvient jusqu'à Mme de Mortsauf qui cesse d'écrire à Félix. A Clochegourde, elle l'accueille froidement, et exprime ses doutes envers l'existence vertueuse qu'elle a menée jusque-là. A Paris, les liens entre Félix et Arabelle se resserrent un moment, puis se défont rapidement. Apprenant qu'Henriette est mourante, Félix se précipite à Clochegourde. Après un bouleversant combat intérieur, la jeune femme meurt, vertueuse. Félix rentre à Paris. Il rencontre peu après Natalie de Manerville dont il s'éprend.

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« l'amour.

Félix et Henriette appartiennent tous deux au .

L'enfance révèle le prix de la patience et du silence dont se nourrit, tout au long du récit, l'union d'Henriette et de Félix.

Le Lys dans la vallée a tous les traits d'un roman de l'éducation sentimentale.

Un jeune homme fait l'appren­ tissage de la vie et de l'amour auprès d'une femme mariée qui reste résolument fidèle à son époux et à ses enfants en aimant comme une mère son protégé.

C'est là une situation littéraire traditionnelle, dont le dernier exemple en date est offert en 1834 par le Volupté de Sainte-Beuve, que Balzac manifeste le désir de « refaire>>.

Mais Henriette -« Vierge Marie visible», selon un critique contemporain -est avant tout 1' image de la « perfection sur terre >>, dit Balzac, comme Séra­ phita est celle de la perfection dans Je ciel.

Face à Lady Dudley, la •< maîtresse du corps>> , elle représente 1'« épouse de l'âme>>.

En elle-même, en fait, se livre Je combat de l'esprit et de la chair; apprenant qu'Arabelle ne respecte pas religieusement, comme elle, la maternité, elle connaît « un moment de doute horrible >>, semblable à l'accablement du Christ au mont des Oliviers.

Son cœur souffre une « passion >>, au terme de laquelle elle accomplit sa mission terrestre en catholique consommée, sa mort annonçant la victoire de l'« esprit» sur la .

En affrontant ici ce qu'il nommera, dans l'« Avant-Propos» à la Comédie humaine, le« difficile problème qui consiste à rendre intéressant un personnage vertueux », Balzac, qui réussit à faire de la bonne littéra­ ture avec de bons sentiments, livre par là même, dans cette œuvre profondément inactuelle et subversive, ses plus intimes convictions religieuses qu'une lettre à Mm• Hanska résume en une formule : «Je conçois le catholicisme comme poésie>>.

Selon l'analyse que Théophile Gautier propose au lec­ teur de la Presse en 1853, le Lys dans la vallée occupe dans la Comédie humaine la même place que le Cantique des Cantiques dans la Bible.

Les critiques contempo­ rains, eux, ont presque tous été insensibles à la poésie de ce roman où ils ne virent que «charabia >>, «pâteux galimatias >>, «pire pathos >>.

Pourtant, laissant parler la langue française dans des phrases longuement travail­ lées, Balzac parvient à exprimer jusqu'à l'indicible.

C'est ainsi qu ·entre Félix et Henriette, la communication s'effectue par-delà le langage ordinaire : par la «voix >> et non par les « paroles >>, par la médiation des fleurs, organisées par Félix en bouquets symboliques, par 1' art et non par la nature.

La vallée tourangelle de Cloche­ gourde est surtout la source d'émotions esthétiques : Félix l'aime « comme un artiste aime l'art>>.

Si les lieux « communiquent à 1' âme leurs paisibles douceurs >>, Bal­ zac ne sacrifie ni au pittoresque ni à l'optimisme confiant de la Nouvelle Héloïse.

Abordant > (Préface), il chante la Touraine comme Chateaubriand la Bretagne.

Là, l'émotion se pro­ longe par de très beaux moments de silence, et les déchaînements de la passion s'harmonisent avec de chas­ tes et saintes pudeurs.

L'auteur Balzac tend à se confondre avec le je du récit, qui «sonde le cœur humain aussi profondément que le style épistolaire>>.

On a insisté à juste titre sur l'aspect autobiographique de l'œuvre, qui met en scène un enfant du devoir, victime d'une mère qui lui préfère l'enfant de l'amour, et la liaison d'un jeune homme avec une femme plus âgée (Laure de Berny, la Dilecta, avait vingt-deux ans de plus que Balzac).

Mais tout se passe comme si l'auteur, dans ce roman par lettres, exorcisait ses propres « fantômes » grâce à la conscience du lec­ teur, dont le personnage de Natalie de Manerville est la figure emblématique.

Le «poète>> de l'enfance, l'> qui sonde, pour en mesurer la profondeur et l'étendue, le cœur des êtres dont la noblesse est générale­ ment méconnue, c'est Félix, et c'est, plus profondément, Balzac, écrivain qui se lit lui-même dans ce que Claudel défendra comme un .

BIBLJOGRAPHIE Le Lys dans la vallée, Classiques Garnier, 1966, édition de Moïse Le Yaouanc; le Lys dans la vallée, Garnier-Flammarion, 1972, int roduc tio n de Nicole Mozet; le Lys dans la vallée, Galli­ mard, coll.

, 1972, édition de Paul Morand et An ne ­ Marie Meinin ge r; le Lys dans la vallée, Le Livre de poche, 1972, introduction de Roger Pierrot.

A consulter.

-Victor Brombert, «Natalie ou le Lecteur caché de Balzac » dans Mouvements premiers : études critiques offer­ tes à Georges Poulet, José Corti, 1972.. »

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