Le Jeu de l'amour et du hasard (résumé & analyse) de Marivaux
Publié le 26/11/2018
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Le Jeu de l'amour et du hasard
Représenté pour la première fois par les Comédiens-italiens le 23 janvier 1730, ce chef-d’œuvre de Marivaux est le résultat d’une longue tradition de théâtre. Sa célébrité est le fait de la qualité de son écriture, de l’émotion qui l’anime et de sa franche verve comique; l’auteur exploite très habilement le procédé du double travestissement, tirant des effets dramatiques et psychologiques de l’échange des rôles entre les maîtres et les valets.
Synopsis. — Dorante et Silvia sont fiancés par leurs pères, sans s'être jamais vus. Chacun de son côté décide d'étudier le caractère de l'autre, sans se faire connaître. Dorante endosse la livrée de son valet Arlequin, et Silvia procède à un échange de robes avec Lisette, sa femme de chambre. Il s'ensuit une série de quiproquos. Silvia, à qui déplaît le faux Dorante, se croit amoureuse d'Arlequin, tandis que Dorante se croit amoureux de Lisette. La première, Silvia découvre le subterfuge, mais n'en continue pas moins son jeu, au risque de tout perdre. Ce qu'elle veut, c'est obtenir la certitude que Dorante l'aime pour elle-même.
Elle réussit à arracher à Dorante l'aveu qu'il l'épousera, même femme de chambre, et c'est alors seulement qu'elle lui dévoile la vérité sur son identité. Ainsi les deux jeunes gens sont sûrs de leurs sentiments et convaincus d'être faits l'un pour l'autre puisqu'ils ont su se reconnaître en dépit des apparences.
Dans cette pièce, Marivaux touche à une réalité humaine : la peur de la jeune fille devant un prétendant
«
Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)Le style de Marivaux, tout de légèreté, vante les plaisirs de l'amour et de la séduction.
Il symbolise l'esprit de la société galante au début du XV IIIe siècle.Le Jeu de l'amour et du hasard date de 1730.
La pièce fait partie d'une série de comédies d'amour brillantes, dont le charme demeure intact et qui valurent àleur auteur un énorme succès.Silvia change d'habit avec sa femme de chambre et Dorante avec son valet, qui, sous ces déguisements, s'éprennent l'un de l'autre.Contexte
Cette comédie en prose et en trois actes est créée à Paris en 1730 par les C omédiens italiens.
Elle utilise le quiproquo comme moyen de réflexion sur lespréjugés de classe sociale.
Principaux personnages
- Dorante ;- Silvia ;- Arlequin, valet de Dorante ;- Lisette, servante de Silvia.
Résumé
Dorante et Silvia ont été fiancés par leur famille, sans se connaître.
Ils ont chacun de leur côté la même idée pour découvrir qui est l'autre : échanger leurrôle avec leur serviteur.
A insi, Dorante prend le déguisement d'A rlequin et Silvia celui de Lisette.
Lors de la rencontre, Silvia tombe immédiatement sous lecharme de celui qu'elle croit être le valet, et qui est en fait Dorante.
C elui-ci est également attiré par Silvia, déguisée en servante.
De leur côté, A rlequin etLisette se plaisent mutuellement, mais sont victimes de quiproquos.
Au grand soulagement de Silvia, Dorante dévoile sa véritable identité.
M ais la jeunefille décide de poursuivre le jeu pour voir si le jeune homme saurait l'aimer en tant que servante.
P our finir, l'amour triomphe des préjugés sociaux.Un stratagème au service de l'amourSilvia, jeune fille de bonne famille, attend la venue de son prétendant, Dorante.
Leur mariage ayant été arrangé de convenance, elle ne connaît pas le jeunehomme.
Avec l'accord de son père, M.
O rgon, elle imagine d'échanger les rôles avec sa servante Lisette : elles se feront passer l'une pour l'autre, ce quipermettra à Silvia d'examiner Dorante à loisir et de décider si le parti lui convient.
M ais Dorante a eu exactement la même idée : dans une lettre au père deSilvia, il l'avertit qu'il échangera les rôles avec son valet Arlequin.
M.
Orgon accepte complaisamment ce « jeu » qui doit permettre aux jeunes gens de sechoisir selon les affinités de leur cœur, et non selon les apparences.
Le reste de la pièce est alors une suite de quiproquos et de surprises : Silvia éberluéepar les manières et le langage d'un valet en costume de maître; A rlequin qui s'éprend de Lisette, ...
pseudo-Silvia, etc.
Jusqu'au dénouement attendu oùtous les masques tombent : Sylvia épousera Dorante et Lisette, Arlequin.
L'éveil et la progression des sentimentsLe Jeu de l'amour et du hasard séduit par la finesse des répliques, la cocasserie des situations, la subtilité de l'analyse psychologique, le charme et ladrôlerie des personnages.
Marivaux sait saisir avec grâce et naturel l'éveil de l'amour dans le cœur des protagonistes ; le spectateur se délecte en suivantla progression des sentiments de Silvia et de Dorante, qui passent de la déception à la colère, et de la contrariété à la surprise.
Les obstacles ne sont quepassagers : dès la première ligne, on est assuré que l'amour triomphera.
C ependant, par-delà la comédie d'amour, Marivaux se révèle un homme de l'A ncienRégime.
En effet, la moralité sous-jacente au Jeu, c'est que les maîtres sont maîtres et que les valets restent valets.
Ainsi, ce qui permet à Silvia et àDorante de se reconnaître, malgré leur déguisement, c'est leur « condition » commune : constituant comme leur essence, elle se dévoile dans leur langageet leurs manières, ramenant chacun à la place qui est la sienne dans l'ordre social.1 • LE CONTEXTE
Comme dix de ses quatorze pièces précédentes, M arivaux a confié en 1730 Le Jeu de l'amour et du hasard aux comédiens-italiens, dont le jeu naturelimprègne son théâtre de fantaisie et de gaieté, dans la tradition de la commedia dell'arte.
Le jeu des masques, l'obsession amoureuse, le bavardage galantet les finesses d'esprit caractérisent cette nouvelle variation sur la « surprise de l'amour », où le langage est psychologie et action dans une synthèsesubtile que les contemporains de l'auteur ont baptisée « marivaudage ».
2 • LE TEXTE
Alors que M .
Orgon destine sa fille Silvia à épouser Dorante, inconnu de la jeune fille, celle-ci, inquiète, décide d'échanger son costume et sa personnalitéavec sa femme de chambre Lisette afin d'examiner à loisir son prétendant.
Dorante, tout aussi inquiet, a eu la même idée, et arrive en habit de valet,précédé de son « laquais » A rlequin, travesti en « maître »...
M .
Orgon et son fils Mario, qui sont dans le secret de cette mascarade, s'amusent des progrèsfoudroyants de l'amour et de l'incapacité des prétendants à s'identifier à leur rôle de domestiques.
Lorsque Dorante révèle sa véritable identité, Silvia, priseau jeu de l'amour, poursuit son rôle et se fait demander en mariage en tant que Lisette.
3 • LES THÈMES MAJEURS
Amour et amour-propreL'auteur dépeint avec humour la situation de l'amoureux timide ou indécis qui n'ose pas se déclarer.
En fin analyste du coeur, M arivaux reconstitue sous nosyeux le mécanisme de la passion à travers le code de la galanterie : l'obstacle à l'amour n'est ni extérieur (comme dans la comédie classique) niinsurmontable (comme dans la tragédie), il tient aux préjugés des personnages, d'où leur pudeur, leur inquiétude et leur déguisement.
Le miracle de l'amourL'amour finit toujours par triompher de l'amour-propre.
Il se joue des feintes des deux prétendants et les mène « par le bout du nez », en dépit de leurscandides mensonges.
D'abord objet de la pièce, l'amour s'en révèle le « metteur en scène » de façon tout à fait inattendue.
Le jeu du hasard (né dudéguisement) fait petit à petit place au jeu de l'amour.• La satire de la condition socialeLes maîtres sont incapables de jouer leur rôle de valets, et ces derniers, aussi maladroits, affectent pour les imiter une préciosité ridicule.
C e jeu laisse voirdes réalités sociales plus graves : la peur légitime d'épouser un inconnu et le poids des conventions qui rendent si difficile de déroger pour l'amour d'uneservante.
4 • L'ÉCRITURE
Une poésie sans lyrismeDans le dialogue, qui conduit la progression subtile de la pensée et de l'action, tout est finesse et rythme : la parole rebondit sur des images ingénieuses,des antithèses, des expressions à double sens.
L'amour du langage permet à l'auteur de styliser les finesses d'esprits délicats et rompus aux joutes desalon.
Un ton enjouéPar une frivolité de ton qui n'est qu'apparente, M arivaux, mi-ironique, mi-attendri, souligne combien le langage amoureux, royaume du malentendu, estdifficile à décrypter.
Le rythme rapide de la pièce, ainsi qu'une mise en scène distrayante contrastent avec l'inquiétude des personnages, qui craignentd'être mal doublés par ceux qui portent leur costume..
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