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LE JEU DE L'AMOUR ET DU HASARD DE MARIVAUX (résumé et analyse)

Publié le 17/01/2015

Extrait du document

amour
entendus sont autant de révélateurs des sentiments qu'elle éprouve pour Dorante et qu'elle cherche à cacher puisqu'il n'est pour elle qu'un Bourguignon! Son amour-propre est mis à dure épreuve, mais son amour se trouve enfin dévoilé à sa conscience. Ce débat qui la tourmente va bientôt prendre fin dès lors que Bourguignon va lui révéler sa véritable identité. Elle est désormais libre d'aimer et de se le dire. Elle ne répond pas toutefois à la sincérité de Dorante et reste pour lui la Lisette qu'il a connue. C'est au jeune homme qu'on laisse le loisir de se tourmenter sur son propre amour. Mais s'agit-il encore de l'amour ici, dans la mesure où Dorante, en avouant qui il est, a avoué la tendresse qu'il éprouve pour Silvia? Le jeu se complique et les tourments aussi. Le jeune homme a accepté de déclarer son amour à une suivante; il est passé outre les conventions d'une société qui cloisonne les individus dans des rangs bien déterminés. Il faudra franchir le ruisseau, il faudra affirmer ce choix aux yeux de tous, il faudra épouser, vaincre non seulement ses préjugés, mais aussi ceux des autres. Ainsi, on passera d'un Dorante qui à la question: «M'aimez-vous?» répond:« Au point de renoncer à tout engagement puisqu'il ne m'est pas permis d'unir mon sort au tien» à un Dorante qui s'enflamme:« Il n'est ni rang, ni naissance, ni fortune, qui ne disparaisse devant une âme comme la tienne." Il fait ainsi la preuve d'un amour sincère, profond et dénué de tout intérêt; l'amour le grandit. Il y eut des commentateurs pour dire que le troisième acte était inutile dès lors que Dorante s'était dévoilé et qu'il affirmait son amour, que le coeur de Silvia était prêt, l'aveu possible puisqu'aucun empêchement ne subsistait. C'était ne point comprendre 1' entêtement d'une jeune fille qui recherche, plus que l'amour, un sentiment noble de tendresse, capable de l'attacher pour toujours à l'homme qui lui plaît. L'épreuve du troisième acte n'est point pure fantaisie, une coquetterie de femme; ce serait commettre un contresens sur la pièce elle-même que de le croire. Silvia cherche un mari, c'est-à-dire un amant doublé d'un honnête homme. La générosité dont fera preuve Dorante ne peut que combler son attente et grandir son amour pour lui. Ce qui fonde un amour qui dure n'est pas un pur badinage, tel que l'ont pratiqué les jeunes gens dans le premier acte, il ne s'agit là que d'un goût réciproque dont on peut se défaire, qui ne paraît participer que des sens. Ce n'est pas non plus un sentiment qui se dissimule et laisse aux bienséances le droit de gouverner les coeurs. C'est une tendresse qui va au-delà de tous les préjugés, au-delà de l'amour-propre, au-delà des apparences. Le couple de valets semble confirmer cette thèse sur un mode plus ludique. Quand Arlequin se voit obligé de dévoiler son identité, il en est de même pour Lisette. La scène est comique, mais elle contient la même leçon puisque malgré la découverte réciproque de leur statut, les jeunes gens acceptent leur amour. Ils ne le trouvent changé que dans les ressources financières qu'il leur accordera! L'amour tient quelque soit le titre. Laissons le dernier mot à Arlequin : « En changeant de nom tu n'as pas changé de visage.»
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« qu'elle a déjà rencontré le faux Bour­ guignon et qu'elle s'est déjà montré sensible à ses discours! Aussi amusantes seront les scènes où Arlequin fait la cour à la fausse Silvia.

Il mêlera le badinage galant à son pro­ pre langage et son double statut de maî­ tre et de valet enrichira la langue de quelques nouveautés des plus plaisan­ tes: «De la raison! hélas! je l'ai per­ âue; vos beaux yeux sont les filous qui me l'ont volée» ou encore: «Cher joujou de mon âme! cela me réjouit comme du vin délicieux.

Quel dom­ mage de n'en avoir .

Mais c'est sur­ tout par l'intervention du père et du fils qui se posent en spectateurs que la comédie prend tout son relief.

Car s'il y a des acteurs, il y a aussi des spectateurs sur la scène, qui se réga­ lent de l'impertinence des uns et de la LE CHEF-D'CEUVRE DE MARIVAUX gêne des autres.

Ainsi M.

Orgon entend-il avec complaisance la requête de Lisette (!, 2).

Elle a su séduire le pseudo-Dorante et quel orgueil n'en tire-t-elle pas quand par exemple elle parle de ses charmes : « Vous ne vous méfiez pas assez des miens.

Je vous avertis qu'ils vont leur train, et je ne vous conseille pas de les laisser faire » et M.

Orgon de répondre, désinvolte : «Je vous en fais mes compliments, Lisette.

»Le rire qui s'ensuit tient plus de l'ironie que de la plaisanterie, comme le pense Lisette.

Elle aussi se trouve moquée pour sa vanité! Pourrait-elle plaire à un homme de condition? M.

Orgon pourra aussi s'amuser du désarroi de sa fille qu'il surprend dans un entretien amoureux avec le faux Bourguignon.

Il soulignera le senti­ ment qui se cache : « Vous vous conve­ nez parfaitement bien tous les deux », parole à double entente pour le spec­ tateur, mais blessante p~our l'amour­ propre de la jeune fille.

A la scène sui­ vante, le père profitera de la confusion de sa fille, émue par la déclaration que lui a faite Dorante et qu'elle vient d'écouter avec un plaisir dont elle a du mal à se cacher.

S'ensuit un échange à double entente qui fait la joie des « avertis », les spectateurs, et la douleur de l'actrice Silvia.

C'est ainsi que peu à peu les person­ nages sont pris à leur propre rôle et éprouvent les sentiments qu'ils devaient jouer.

Si les valets se décou­ vrent dans une scène d'un comique achevé (III, 6), les jeunes maîtres ne se connaîtront qu'au détour d'aveux qui coûteront à leur amour-propre.

C'est que tous deux n'oublient pas l'engage- 155. »

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