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Le Horla de Maupassant (Analyse et résumé)

Publié le 19/11/2010

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horla

Pour le narrateur, ce n'est pas une hallucination :

«Je suis certain, maintenant, certain comme de l'alternance des jours et des nuits, qu'il existe près de moi un être invisible, qui se nourrit de lait et d'eau, qui peut toucher aux choses, les prendre et les changer de place, doué par conséquent d'une nature matérielle, bien qu'imperceptible pour nos sens, et qui habite comme moi, sous mon toit [...]«

horla

« Le point commun de tous ces textes est la peur, qui naît de la solitude du personnage ou du narrateur, de sonimpossibilité à communiquer sa prise de conscience soudaine de tout l'inconnu qui rôde et menace, en lui ou autourde lui.

Le conte La Peur (1884), analyse bien ce sentiment et l'illustre par des exemples, d'abord un récit de Tourgueniev, puis un souvenir personnel d'un voyage en Bretagne.

Maupassant néglige l'anecdote au profit del'analyse théorique de sa propre hantise, la peur ; profitant du choc psychologique que crée la peur et de la déroutede la conscience qu'elle provoque, le fantastique surgit.

L'originalité de Maupassant est de décrire ce phénomène ;grâce à la distance qu'instaure l'écriture, Maupassant domine sa hantise et son angoisse. 2.

LE RÉCIT D'UNE DÉROUTE La nouvelle du Horla prend la forme du journal intime, comme dans Un fou et Qui sait ?, modalité narrative par laquelle un esprit exorcise, en l'exprimant, la peur et le fantastique.

Le journal intime, retraçant les étapes de lalutte entre l'imagination et l'esprit critique, devient un gage d'authenticité du récit.

L'écriture soutient les efforts dunarrateur, placé en face de lui-même comme devant un miroir. Le journal intime qui précède ce dénouement dramatique débute le 8 mai, l'histoire se déroulant jusqu'au 10septembre.

Du 8 mai au 2 juillet, le narrateur se plaint de troubles divers, qui empirent de jour en jour ; il estobsédé, en particulier, par un cauchemar : «Je sens bien que je suis couché et que je dors...

je le sens et je le sais...

et je sens aussi que quelqu'uns'approche de moi, me regarde, me palpe, monte sur mon lit, s'agenouille sur ma poitrine, me prend le cou entre sesmains et serre...

serre...

de toute sa force, pour m'étrangler.» Un voyage au mont Saint-Michel, durant le mois de juin, l'apaise.

À son retour, le 2 juillet, il s'estime guéri.

Durant lemois de juillet, l'influence néfaste se fait sentir à nouveau : «Cette nuit, j'ai senti quelqu'un accroupi sur moi, et qui, sa bouche sur la mienne, buvait ma vie entre mes lèvres.» L'expérience d'une carafe pleine d'eau retrouvée vide au matin, sans que le narrateur ait bu, atteste une présenceétrangère auprès de lui.

Un voyage à Paris, du 9 au 30 juillet, le distrait quelque peu. À son retour, le 6 août, la preuve est faite : «de vis distinctement, tout près de moi, la tige d'une de ces roses se plier, comme si une main invisible l'eût tordue,puis se casser, comme si cette main l'eût cueillie !» Pour le narrateur, ce n'est pas une hallucination : «Je suis certain, maintenant, certain comme de l'alternance des jours et des nuits, qu'il existe près de moi un êtreinvisible, qui se nourrit de lait et d'eau, qui peut toucher aux choses, les prendre et les changer de place, doué parconséquent d'une nature matérielle, bien qu'imperceptible pour nos sens, et qui habite comme moi, sous mon toit[...]» Du 17 août au 10 septembre, le narrateur essaie de le capturer ; il comprend enfin que le Horla s'est échappé dutrois-mâts brésilien qui s'avançait sur la Seine, le 8 mai.

Les pages d'un livre qui tournent toutes seules, l'absencede son reflet dans une glace, signe que le Horla s'est interposé entre le narrateur et le miroir, sont les preuvesirréfutables de la présence détestée.

Le narrateur incendie sa maison mais redoute, dès lors, l'immortalité du Horla. La comparaison de la première page et de la dernière page du Horla montre que le mal dont souffre le narrateur, et auquel il attribue une cause surnaturelle, est en fait un mal psychologique dont il ne pourra se défaire.

Tout au longdu journal intime, la narration se trouble, la ponctuation est dominée par les points de suspension qui trahissentl'angoisse devant l'inconnaissable, le moi se dédouble et le récit se clôt par un pronostic de destruction. Dans ce récit pathétique mené au jour le jour, les deux épisodes apparemment annexes de la visite au mont Saint-Michel et de la séance d'hypnotisme subie à Paris sont des recherches de solutions par le narrateur, au même titreque le bromure administré par le médecin, ou l'investigation policière qu'il mène nuit et jour dans sa maison.

L'épisodedu mont Saint-Michel est l'échec du recours à la religion ; le voyage à Parts représente l'inutilité du recours à lascience. 3.

LA DIMENSION FANTASTIQUE Reprenant le thème fantastique du double, cher à Musset, Poe et Hoffmann, Le Horla décrit une situation de dépossession de soi par un être qui tient du double, du fantôme et du vampire.

Cette créature, à la fois présente etabsente (hors-là), est l'image de tout ce qui aliène l'homme, tout ce qui peut menacer l'espèce humaine, commel'auteur nous l'explique dans le conte La Peur (1884).

Dans ce texte, le narrateur évoque l'apparition en France d'un fléau, le choléra, dans des termes proches de certaines pages du Horla: «Il faut voir Toulon en ce moment.

Allez, on sent bien qu'il est là, Lui.

Et ce n'est pas la peur d'une maladie quiaffole ces gens.

Le choléra, c'est autre chose, c'est l'Invisible, c'est un fléau d'autrefois, des temps passés, unesorte d'Esprit malfaisant qui revient et qui nous étonne autant qu'il nous épouvante, car il appartient, semble-t-il,aux âges disparus.». »

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