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Le Génie du christianisme de Chateaubriand

Publié le 27/03/2013

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chateaubriand

Chateaubriand mit en tête de son ouvrage cette phrase de Montesquieu : « Chose admirable ! La religion chrétienne, qui ne semble avoir d'objet que la félicité de l'autre vie, fait encore notre bonheur dans celle-ci. « Chateaubriand avait inclus René dans le livre, comme un épisode servant d'exemple à la suite du chapitre sur les passions. Il fit de même avec Ata/a. Ces deux livres seront par la suite publiés séparément.

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« « Le bonheur des élus, chanté par l'Homère chrétien, nous mène naturellement à parler des effets du christianisme dans la poésie. ,.

EXTRAITS ~~~ ~~~ ~~ Chateaubriand permit la redécouverte de l'art gothique et, plus généralement, du Moyen Age, considéré jusqu'alors comme une époque barbare On ne pouvait entrer dans une église go­ thique sans éprouver une sorte de frisson­ nement et.

un sentiment vague de la divinité.

On se trouvait tout à coup reporté à ces temps où des cénobites, après avoir médité dans les bois de leurs monastères, se venaient prosterner à l'autel, et chanter les louanges du Seigneur, dans le calme et le si­ lence de la nuit.

L'an­ cienne France semblait revivre : on croyait voir ces costumes singuliers, ce peuple si différent de ce qu'il est aujourd'hui ; on se rappelait et les ré­ volutions de ce peuple, et ses travaux, et ses arts.

Plus ces temps étaient éloignés de nous, plus ils nous paraissaient ma­ giques, plus ils nous rem­ plissaient de ces pensées qui finissent toujours par une réflexion sur le néant del' homme, et la rapidité de la vie.

Il veut prouver l'existence de Dieu par les merveilles de la nature Il est un Dieu ; les herbes de la vallée et les cèdres de la montagne le bénissent, l'insecte bourdonne ses louanges, l'éléphant le salue au lever du jour, l'oiseau le chante dans le feuillage, la foudre fait éclater sa puissance, et l' Océan déclare son immensité.L'homme seul a dit: il n'y a point de Dieu.

Il n'a donc jamais, celui-là, dans ses infor­ tunes, levé les yeux vers le ciel, ou, dans le bonheur, abaissé ses regards vers la terre ? La nature est-elle si loin de lui, qu'il ne l'ait pu contempler, ou la croit-il le simple résultat du hasard ? Mais quel hasard a pu contraindre une matière désordonnée et rebelle à s'arranger dans un ordre si paifait? Les passages les plus célèbres restent ceux qui traitent du « mal du siècle », du « vague des passions » Il reste à parler d'un état de l'âme qui, ce nous semble, n'a pas encore été bien ob­ servé : c'est celui qui précède le dévelop­ pement des passions, lorsque nos facultés, jeunes, actives, entières, mais renfermées, ne se sont exercées que sur el/es-mêmes, sans but et sans objet.

Plus les peuples avancent en civilisation, plus cet état du vague des passions augmente ; car il arrive alors une chose fort triste : le grand nombre d'exemples qu'on a sous les yeux, la multi­ tude de livres qui traitent de l'homme et de ses sentiments rendent ha­ bile sans expérience.

On est détrompé sans avoir joui ; il reste encore des désirs, et l'on n'a plus d'illusions.

L'imagination est riche, abondante et merveilleuse ; l'existence pauvre, sèche et désen­ chantée.

On habite avec un cœur plein un monde vide, et sans avoir usé de rien on est désabusé de tout.

L'amertume que cet état de /'âme répand sur la vie est incroyable ; le cœur se retourne et se replie en cent manières, pour em­ ployer des forces qu'il sent lui être inutiles.

«Il n'est rien de beau, de doux, de grand dans la vie, que les choses mystérieuses.( ••• ) Dieu même est le grand secret de la nature ; la divinité était voilée en Égypte, et le sphinx s'asseyait sur le seuil de ses temples.

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NOTES DE L'ÉDITEUR l'aurais fait sans hésiter.

Je ne me remis de ce trouble que lorsque la pensée m'arriva d'expier mon premier ouvrage par un ouvrage religieux : telle fut l'origine du Génie du christianisme.

souvenir de lui.

» Chateaubriand, Les Mémoires d'outre-tombe.

Chateaubriand déclara dans Les Mémoires d'outre-tombe : « La littérature nouvelle fit irruption par Le Génie du christianisme.» C'est bien sûr du romantisme dont il parle.

«L'idée d'avoir empoisonné les vieux jours de la femme qui me porta dans ses entrailles me désespéra : je jetai au feu avec horreur les exemplaires de l' Essai, comme l'instrument de mon crime ; s'il m 'efit été possible d'anéantir l'ouvrage, je » Maintenant, dans la supposition que mon nom laisse quelque trace, je le devrai au Génie du christianisme : sans illusion sur la valeur intrinsèque de l'ouvrage, je lui reconnais une valeur accidentelle ; il est venu juste et à son moment.

Par cette raison, il m'a fait prendre place à l'une de ces époques historiques qui, mêlant un individu aux choses, contraignent à se 1 Sipa-lcono 2, 3, 4, 5 gravures en taille-douce .

impr.

de Migncret, Paris, 1803 /clichés B.N.

« Le catholicisme de Chateaubriand ne fut pas considéré par les théologiens.

Il accordait trop de pouvoirs aux insectes et à la magnificence des forêts.

Mais l'auteur du Génie, comme il l'a très bien compris lui-même, s'est mis à la portée de tout le monde et, grâce au jeu de syllabes éclatantes et sensuelles, a rallumé les flambeaux dans les églises.

» Kléber Haedens, Une histoire de la littérature française, Grasset, 1970.

CHATEAUBRIAND03. »

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