le crapaud de Tristan Corbière (analyse)
Publié le 02/04/2023
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«
Le crapaud
Le Crapaud est un poème de Tristan Corbière paru en 1873 dans le
recueil Les Amours jaunes.
Le poète n'est pas vraiment en phase avec les
mouvements littéraires de son époque, en l’occurrence, le romantisme et
le parnasse.
Cet unique recueil, publié deux ans avant sa mort, passa
complètement inaperçu.
Il se trouvait laid, incompris, et tout le poème est
mis en scène pour amener progressivement la chute, comme la réponse
d'une énigme : "Ce crapaud-là, c'est moi".
Ce poème est un sonnet
renversé qui commence par deux tercets se finit par deux quatrains.
Il est intéressant de se demander comment Tristan Corbière
dessine la figure du poète à travers la mise en scène d'un
crapaud ?
Dans un premier temps nous analyserons la promenade romantique, mais
étouffante dans le 1er tercet puis la dégradation dans le 2e tercet, ensuite
l’apparition du crapaud-poète dans le 1e quatrain et pour finir nous
étudierons le plaidoyer et la résolution de l’énigme dans le 2 e quatrain.
Le lyrisme est présent dès le premier mot, mais il est d'emblée
contredit par la polysémie du mot "air".
"Une nuit sans air", c'est une nuit
étouffante, mais aussi une nuit sans musique.
Le vers commence avec un
"chant" et se termine "sans air".
Avec cette antithèse, le lyrisme est mis à
mal, et pourtant le mot "air" est mis à la rime.
Le lyrisme n'est donc pas
totalement refusé, mais il est dégradé.
Le "chant" est d'ailleurs comme
enfermé, avec la préposition "dans", métaphore assimilant la nuit à une
boîte : elle l'enferme.
La préposition "dans" est d'ailleurs répétée en écho
avec "sous" qui revient aussi deux fois.
Ici, la lune est réduite à une
"plaque en métal clair", par une apposition.
La végétation est comme
découpée.
Ces éléments n'ont plus rien de naturels :il n’y a donc plus de
conjonction possible avec les émotions du poète.
Le poète va développer
une esthétique paradoxale qui prend tout son sens dans la laideur, la
disharmonie.
Des contrastes frappants accentuent cette disharmonie avec
des antithèses : "clair" qui s'oppose à "sombre", la verdure qui s'oppose
au "métal".
Le premier mot du poème est un article indéfini.
C'est une
voix sans auteur.
A présent, le poème présente la dégradation.
Les phrases sont
coupées par des moments de pause, une ponctuation forte, des points
virgules, des virgules, des points de suspension.
Elles sont accompagnées
du verbe "taire".
Le poème est donc un chant discontinu, entamé par le
silence, parfois répétitif, les échos reprennent justement le coassement.
Alors que le "chant" est annoncé sous forme d'anaphore, le premier verbe
conjugué du poème est au contraire le verbe "se taire", qui n'arrive qu'au
vers 6, tout comme l'impératif de la deuxième personne "Viens".
Ce jeu
d'apparitions et de disparitions de voix variées constitue une mise en
scène qui attise la curiosité du lecteur.
Pour l'instant, le crapaud n'a pas
encore été nommé.
Les pronoms "ça" et "ce", "c’" renvoient plus loin et
transforme le personnage mystérieux dans une référence cataphorique.
L'esthétique paradoxale se trouve dans les antithèses : "tout vif", alors
qu’il est enterré, référence à la locution figée "enterré vivant", inversée ici.
Cela crée un enjambement qui déstructure le vers et joue avec les
attentes du lecteur.
Le crapaud est enterré et la préposition "sous" est
aggravée ensuite par "dans l'ombre" suivant une gradation.
Si le massif
évoque la pierre tombale fleurie, alors l’ombre" symbolise le royaume des
morts.
La troisième strophe décrit l’apparition du poète-crapaud.
Ici,
l’anaphore « chant » n’apparait plus en début de strophe au moment de
l'apparition du crapaud.
Ensuite,....
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