Le cinéma égyptien (Exposé – Art & Littérature – Collège/Lycée)
Publié le 15/05/2016
Extrait du document
Recherche documentaire, Pistes de travail & Axes de recherches pour exposé scolaire (TPE – EPI)
place au paysage et à une vision presque documentaire. C'est que la défaite égyptienne dans la guerre des Six Jours, en 1967, a consacré la rupture entre les cinéastes et le nassérisme. Chahine, après s’être éloigné du cinéma militant, donne en 1972 une charge critique contre le régime, Le Moineau. Mais, en butte à la censure, il revient bientôt à un travail plus introspectif, avec la trilogie autobiographique entamée en 1979 par Alexandrie... pourquoi1, poursuivie avec La Mémoire (1982) et achevée, après l'interlude A'Adieu Bonaparte (1985), avec Alexandrie encore et toujours (1990). La fin de la
DALIDA AU PAYS NATAL
Née en 1933 dans le quartier de Choubrah, au Caire, Yolanda Gigliotti (d’origine italienne) est devenue en France, sous le pseudonyme de Dalida, la star que l'on sait, vouée de la chanson de variétés. Un réalisateur égyptien a su voir, au-delà des paillettes et de l’image glamour hypermédiatisée, le potentiel dramatique que l'ex-miss Égypte dissimulait bien sous les sunlights DALI D A Le Sixième Jour
télévisuels. En effet, dans Le Sixième Jour (1986), inspiré d'un roman d’Andrée Chédid, Youssef Chahine a offert à la chanteuse un rôle magnifique de mère courage qui, au milieu d’une épidemie de choléra, se bat en vain pour sauver son enfant. Public et critiques ont unanimement salué la performance de Dalida.
d’Henri Bakarat. Le futur prix Nobel Naguib Mahfouz travaille avec ces réalisateurs, contribuant à donner à leurs œuvres une qualité remarquable. Les studios privés continuent à tourner des comédies, interrogeant avec bonhomie la modernisation de la société : Ma femme est PDG (1966), de Fatine Abdel Wahab, n'est pas sans évoquer pour nous les films de Gérard Oury avec Louis de Funès, à la même époque.
C'est après 1967 que les choses commencent à se gâter. Ébranlé par sa défaite contre Israël, le pays doute, et le régime commence à se durcir. Tewfiq Saleh, qui finira par prendre la route de l'exil, doit batailler deux ans contre la censure avant de pouvoir sortir Les Révoltés (1967).
Si un film comme La Momie
(1970), de Chadi Abdel Salam
prend le parti d’un certain formalisme et s'éloigne délibérément du monde contemporain, les quelques réalisations qui comptent dans les années 1970 commentent avec acuité les questions douloureuses qui agitent le pays. La défaite militaire de 1967, la corruption dénoncée par Saïd Marzouk dans Les Fautifs (1976), voire la nature même du régime - Al-Karnak (1975), d'Ali Badrakhan - sont interrogées et mises en cause par des cinéastes jouant volontiers, dans une société marquée par l’illettrisme, le rôle d'intellectuels.
À partir de 1972, le cinéma commercial délaissé durant les années Nasser reprend de la vigueur : certes, le musical s'essouffle après l'étonnant Mon père est perché sur l'arbre (1969), de Hussein Kamal, mais Hassan al-Himam remporte un grand succès avec Méfie-toi de Zouzou (1972), tout comme Mohamed Abdel Aziz quelques années plus tard avec Méfie-toi de tes amis (1979).
LE GROUPE DU NOUVEAU CINÉMA
Si ces comédies remplissent les salles, elles n'en représentent pas moins un cinéma assez peu créatif, se démarquant peu des succès occidentaux. Au tout début des années 1980, quelques réalisateurs vont remettre en cause cette facilité, qui va de pair avec l'abandon du sens critique à l'égard du régime. Ils ne se trompent d'ailleurs pas de cible, en contestant moins les œuvres de leurs aînés que l'institution de la censure. Réclamant davantage de liberté et promouvant un réalisme sans concession, ils vont en l'espace de quelques années donner une série de films qui racontent, au plus près, le trouble d'une société tentée par l'islamisme.
Rafaat al-Mihi donne le manifeste de cette école, avec Des yeux toujours éveillés (1981), mais on retiendra surtout le nom de Mohamed Khan, qui, avec Le Retour d'un citoyen (1986), imagine le regard que porterait sur l'Égypte contemporaine un émigré de retour au pays.
On peut citer aussi Ali Badrakhan, fils d'un pionnier du cinéma et réalisateur du décapant Gens de la haute (1981 ), Abdel Sayed, qui donne en 1985 Les Voyous, ou encore Saïd Marzouk, qui s'interroge dans Sauver ce qui peut encore l'être sur la solution islamiste. De Sayed, on retiendra aussi L’Épouse d'un homme important (1987) : à dix ans de distance, le film évoque le sujet encore brûlant de l'insurrection populaire de 1977.
S'ils se détachent de l'académisme, ces réalisateurs n'en comptent pas moins davantage pour l'audace des sujets qu'ils traitent que par leurs innovations formelles. Ils sont relativement marginaux, dans une
industrie cinématographique qui profite du développement de la vidéo et élève sa production jusqu'à près d’une centaine de films par an autour de 1986.
UN CINEMA EN CRISE
Cette bonne santé ne dure guère : s'alimentant réciproquement, la crise économique et le développement du terrorisme concourent, dans les années 1990, à une crise d'abord sensible dans les chiffres : à l'approche de l'an 2000, moins d’une vingtaine de films par an en moyenne.
Certains réalisateurs ont le courage d'aborder directement la question du terrorisme, soit au prisme du comique comme le tente Chérif Arafa dans Terrorisme etKebab (1992) ou Oiseaux nocturnes (1995), soit d'une manière plus noire et plus réaliste comme Nadir Calai (Le Terroriste, 1994).
La comédie gagne en qualité : Abdel Sayed, le réalisateur à succès de Kit Kat( 1991), se réclame de Marzouk et de Chahine, allant même jusqu'à consacrer un documentaire au premier. Yousri Nasrallah donne en 1999 La Ville, un film multipliant les clins d'œil à Gare centrale de Chahine.
Le cinéma égyptien, confronté à une crise sans précédent, se retourne sur une histoire déjà riche et tente à présent de dépasser les clivages entre un réalisme trop sérieux et un comique indigent.
La solution pourrait venir des femmes. Présentes à ses débuts, elles sont revenues après une longue éclipse : un film comme Concert dans la ruelle du bonheur (1998), d'Asma al-Bakri, a été aussi apprécié du public que des critiques. Signe d'un renouveau?
YOUSSEF CHAHINE
Dans cette génération, un talent se détache nettement : Youssef Chahine, qui a mis en vedette Omar Sharif dans Ciel d'enfer (1954), donne avec Gare centrale (1957) un film
«
pouvoir .
Des films comme Ils ont fait de moi un assassin {1954) , d'Atef Salem, ou Port Soid (1957 , juste après la crise de Suez ), d'Azzedine Zoulficar, montrent bien que le monde du cinéma soutient Nasser.
Même quand leurs relations avec le régime se dégraderont, les cinéastes égyptiens seront pour la plupart très critiques à
l ' égard du terrorisme islamiste .
d'œuvre du cinéma égyptien .
Portrait croisé de différents personnages, à la façon du Manhattan Transfer de Dos Passos , ce film ambitieux montre que le« réalisme » n'exclut pas, tout au contraire , une réelle invention formelle.
Après les films de genre de ses premières années (Le Démon du désert, 1954}, Chahine donne des œuvres militantes comme Camilo l'Algérienne (1958) ou L'Aube d'un jour nouveau {1964} , avant de se tourner vers une vision plus apaisée.
l'un de ses plus beaux films , La Terre {1970 ), est une célébration lyrique des paysans égyptiens, faisant une large
LA COMÉDIE MUSICALE À !:ÉGYPTIENNE Bien différent de ce qu'il a pu être à Hollywood ou de ce qu'il est toujours dans le cinéma indien, le genre du «musical» a connu ses heures de gloire dans l'Égypte des années quarante et cinquante, avant de perdre de sa vigueur dans les années 1960.
La présence de stars nationales comme Oum Kalsoum (Fatmah, 1947} ou Sarnia Gamal (Dernier mensonge, 1950) était l'un des attraits de ce genre centré sur les histoires d'amour.
Partagé entre le pathétique exacerbé du mélodrame et l'érotisme des «danses orientales» (c'est-à-dire pour l'essentiel des danses du ventre}, entre les figures de mère et les jeunes filles, le musical est par excellence le genre de l'amour, celui qui permet de montrer- et de dire -les sentiments .
De là son succès, dans une société marquée par la profondeur des tabous et des traditions.
place au paysage et à une vision presque documentaire .
C'est que la défaite égyptienne dans la guerre des Six Jours , en 1967 , a consacré la rupture entre les cinéastes et le nassérisme .
Chahine , après s'être éloigné du cinéma militant, donne en 1972 une charge critique contre le régime, Le Moineau.
Mais , en butte à la censure , il revient bientôt à un travail plus introspectif , avec la trilogie autobiographique entamée en 1979 par Alexandrie ...
pourquoi ?, poursuivie avec La Mémoire (1982 } et achevée , après l'interlude d'Adieu Bonaparte (1985) , avec Alexandrie encore et toujours (1990) .
La fin de la
CINÉMA, POUVOIR ET POLITIQUE
De fait, le cinéma militant des années 1950 et 1960 , vibrant de l'enthousiasme visionnaire qui animait alors l'Égypte, a cédé la place à des œuvres désabusées, reflétant les problèmes d 'une société déboussolée .
Pendant quelques années, pourtant, tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes .
l'État finance des films de qualité, comme La Ruelle des fous (1955}, de Tewfiq Saleh, Le Costaud (1957), d'Abou Seif, L'Appel du courlis (1959) et Le Péché (1965),
DALIDA AU PAYS NATAL
Née en 1933 dans le quartier de Choubrah, au Caire, Yolanda Gigliotti (d'origine italienne) est devenue en France, sous le pseudonyme de Dalida, la star que l'on sait, vouée de la chanson de variétés.
Un réalisateur égyptien a su voir, au-delà des paillettes et de l'image glamour hypermédiatisée, le potentiel dramatique que l'ex-miss Égypte dissimulait bien sous les sunlights
D A L 1 D
télévisuels.
En effet dans Le Sixieme Jour (1986), inspiré d'un roman d'Andrée Chédid , Youssef Chahine a offert à la chanteuse un rôle magnifique de mère courage qui, au milieu d'une épidemie de choléra, se bat en vain pour sauver son enfant Public et critiques ont unanimement salué la performance de Dalida.
(1970} , de Chadi Abdel Salam , prend le parti d'un certain formalisme et s'éloigne délibérément du monde contemporain, les quelque s réalisations qui comptent dans les années 1970 commentent avec acuité les questions douloureuses qui agitent le pays .
La défa ite militaire de 1967, la corruption dénoncée par Saïd Marzouk dans Les Fautifs (1976), voire la nature même du régime -Al· Karnak (1975} , d 'Ali Badrakhan- sont interrogées et mises en cause par des cinéastes jouant volontiers, dans une société marquée par l'illettrisme, le rôle d 'intellectuels .
À partir de 1972 , le cinéma commercial délaissé durant les années Nasser reprend de la vigueur : certes , le musical s'essouffle après l'étonnant Mon père est perché sur l'arbre (1969 } , de Hussein Kamal , mais Hassan ai-Himam remporte un grand succès avec Méfie -toi de Zouzou (1972}, tout comme Mohamed Abdel Aziz quelques années plus tard avec Méfie-toi de tes amis (1979}.
LE GROUPE DU NOUVEAU CINÉMA
Si ces comédies remplissent les salles, elles n 'en représentent pas moins un cinéma assez peu créatif , se démarquant peu des succès 1-------------1 occidentaux .
Au tout début des années d 'Henri Bakarat.
Le futur prix Nobel Naguib Mahfouz travaille avec ces réalisateurs, contribuant à donner à leurs œuvres une qualité remarquable .
Les studios privé s continuent à tourner des comédies , interrogeant avec bonhomie la modernisation de la société :Ma femme est PDG (1966} , de Fatine Abdel Wahab , n 'e st pas sans évoquer pour nous les films de Gérard Oury avec Louis de Funès, à la même époque.
C'est après 1967 que les chose s commencent à se gater .
Ébranlé par sa défaite contre Israël , le pays doute , et le régime commence à se durcir .
Tewfiq Saleh, qui finira par prendre la route de l'exil , doit batailler deux ans contre la censure avant de pouvoir sortir Les Révoltés (1967}.
Si un film comme La Momie
1980, quelques réalisateurs vont remettre en cause cette facilité, qui va de pair avec l'abandon du sens critique à l'égard du régime .
Ils ne se trompent d'ailleurs pas de cible , en contestant moins les œuvres de leurs aînés que l'institution de la censure.
Réclamant davantage de liberté et promouvant un réalisme sans concession , ils vont en l'espace de quelques années donner une série de films qui racontent , au plus près, le trouble d'une société tentée par l'islamisme .
Rafaat ai-Mihi donne le manifeste de cette école , avec Des yeux toujours éveillés (1981), mais on retiendra surtout le nom de Mohamed Khan , qui, avec Le Retour d 'un citoyen (1986}, imagine le regard que porterait sur l'Égypte contemporaine un émigré de retour au pays.
On peut citer aussi Ali Badrakhan, fils d'un pionnier du cinéma et réalisateur du décapant Gens de la haute (1981 ), Abdel Sayed , qui donne en 1985 Les Voyous, ou encore Saïd Marzouk, qui s'interroge dans Sauver ce qui peut encore l'être sur la solution islamiste .
De Sayed, on retiendra aussi L'{pouse d 'un homme important (1987) : à dix ans de distance, le film évoque le sujet encore brûlant de l'insurrection populaire de 1977.
S'ils se détachent de l'académisme , ces réalisateurs n'en comptent pas moins davantage pour l'audace des sujets qu'ils traitent que par leurs innovations formelles .
Ils sont relativement marginaux , dans une
industrie cinématographique qui profite du développement de l a vidéo et élève sa production jusqu'à près d 'une centaine d e films par an autour de 1986.
UN CINÉMA EN CRISE
Cette bonne santé ne dure guère :
s ' alimentant réciproq uement, la crise économique et le développement du terrorisme concourent , dans les années 1990 , à une crise d 'abord sensible dans les chiffres :à l'approche de l'an 2000 , moins d 'une vingtaine de films par an en moyenne.
Certains réalisateurs ont le courage d'aborder directement la question du terrorisme , soit au prisme du comique comme le tente Chérif Arafa dans Terrorisme et Kebab (1992} ou Oiseaux nocturnes (1995}, soit d 'une manière plus noire et plus réaliste comme Nadir Galal (Le Terroriste , 1994 ).
La coméd ie gagne en qualité : Abdel Sayed , le réalisateur à succès de Kit (1991 ) , se de et de
Le cinéma égyptien, confronté à une crise sans précédent se retourne sur une histoire déjà riche et tente à présent de dépasser les clivages entre un réalisme trop sérieux et un comique indigent.
La solution pourrait venir des femmes .
Présentes à ses débuts , elles sont revenues après une longue éclipse : un film comme Concert dons la ruelle du bonheur (1998) , d 'Asma ai-Bakri , a été aussi apprécié du public que des critiques .
Signe d'un renouveau?.
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