LE BOURGEOIS GENTILHOMME de Molière (résumé & analyse)
Publié le 11/10/2018
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Acte V. — Mme Jourdain et Lucile croient M. Jourdain fou. Lucile refuse d’épouser le fils du Grand Turc. Mais elle reconnaît Cléonte et accepte. Jourdain, prévenue, consent.
L'actualité dans \"le Bourgeois gentilhomme\". —Les prétentions à la noblesse de ceux qui n’en avaient pas étaient un sujet tout à fait actuel. Tout financier enrichi achetait une de ces charges qui donnaient, à prix d’or, la noblesse personnelle ou héréditaire, ou pour le moins la noblesse de robe ; ou bien, on achetait un domaine de grand seigneur dont on prenait le titre : Bechameil devenait marquis de Nointel ; Berthelot, comte de Saint-Laurent ; Gorge, marquis d’Entraigues ; Thomas Dreux achètera, en 1682, l’illustre marquisat de Brézé. Ou bien, on associait à son nom roturier une particule dont chacun souriait d’abord sans le dire, parce que le roturier était riche, et qui passait ensuite dans l’usage : Collin devenait Collin de Mortagne ; Langlois, Langlois d'Imbercourt ; Son-ning, de Sonninguen. Ou bien, l’on se faisait « réhabiliter ». Des généalogistes bien payés découvraient qu’un ancêtre du roturier avait été noble, qu’il avait dérogé en faisant commerce et gagnant de l’argent ; mais qu’il convenait de réhabiliter l’arrière-petit-fils, riche et oisif comme il convenait ; des juges aveugles ou complaisants examinaient et ratifiaient. Car ces nouveaux nobles menaient grand train et payaient bien, pendant que les vrais nobles, surtout en province, gueusaient et s’encanaillaient.
A ce jeu, le pouvoir gagnait de l’argent, comme les juges. Mais on trouvait de moins en moins de monde pour payer l’impôt, puisque les nobles n’en payaient pas.
La pièce est une comédie-ballet. — Il faut sc souvenir d’abord que le Bourgeois gentilhomme est une comédie-ballet, c’est-à-dire une sorte de divertissement que Molière avait renouvelé ou même recréé. Assurément, Molière n’avait pas invente ces spectacles où se mêlaient les dialogues, la musique et la danse. On en joue depuis la fin du xvie siècle. Corneille compose Andromède (1630), où il y a la musique de d’Assoucy et des machines ; Quinault, la Comédie sans comédie (1654), agrémentée de chants et de machines ; Benserade, l'Amour malade (1657), où l’on divertit l’amour par un ballet facétieux et des chansons, etc. Le a ballet de cour », surtout, connut, après 1650, une éclatante fortune. On n’y épargnait ni temps, ni dépenses. Pendant cinq heures, ou dix ou vingt, déniaient cortèges, ma carades, danses, allégories, chars volants, sorciers, dragons, feux d’artifice, sept cents personnes parfois. On y dépense des fortunes. Il n’y manque ni pittoresque ni somptuosité. Mais il y manque du goût, et il y manque du sens. C’est Molière, vraisemblablement, comme il le dit lui-même (Avertissement des Fâcheux), qui eut l’idée de donner à tout cela une unité et « de ne faire qu’une seule chose du ballet et de la comédie ».
Mais s’il y parvint, il ne fit pas une comédie qui s’abaisse à devenir ballet. Trop longtemps, on a joué les comédies-ballets de Molière comme si elles n’étaient que des comédies. Le ballet n’y semblait qu’une concession à des goûts frivoles ou grossiers. Or Molière aimait assurément la comédie-ballet pour le ballet autant que pour la comédie. Il savait chanter et dansait avec agrément. Et si la comédie restait pour lui le corps de sa pièce, le ballet en était la fantaisie, la poésie.
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