Le Banquet de Platon
Publié le 23/02/2013
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Le discours de l'élève du sophiste Gorgias débute par une critique de la méthode adoptée par ceux qui l'ont précédé. Leur rhétorique n'a pas été rigoureuse et ils n'ont pas défini la nature du dieu Amour. Il convient d'abord de comprendre ce qu'il est, puis quelles sont ses actions.
L'Amour est le plus heureux des dieux. Il est le plus beau, le meilleur et le plus jeune, ce que montre sa fuite devant la vieillesse. Dieu délicat, il vit dans les coeurs des dieux et des hommes les plus tendres. Si l'on applique à l'Amour les quatre vertus classiques, on constate qu'il les possède absolument : il est juste, tempérant, plus courageux qu'Arès lui-même, car Arès lui obéit. Il est le plus sage des dieux puisqu'il les gouverne et inspire les artistes. Il a remplacé pour eux la nécessité au profit de l'amour du Beau et du Bien. Les bienfaits de l'amour pour les hommes sont donc multiples : l'amitié, la concorde n'existeraient pas sans lui.
Platon, né à Athènes vers 427 av. J.- C., est issu d'une famille aristocratique. Il a vingt ans lorsqu'il fait la rencontre de Socrate et en devient le disciple. Après la mort de ce dernier, Platon, éprouvé, entreprend de voyager. Platon fonde après quarante ans une école dans les jardins d'Academos. Ce sera l'Académie, première école de philosophie. Il eut Aristote parmi ses élèves. Il meurt vers 347 av. J.-C., alors qu'il est en train d'achever Les Lois. Le Banquet a été composé vers 384 av. J.-C...

«
«L'amour est donc
en somme, dit-elle, le désir de posséder
toujours le bien.
»
EXTRAITS
Si la vie vaut jamais la peine d'être
vécue, cher Socrate, dit l'étrangère de
Mantinée,
c'est à ce moment où
l'homme contemple la beauté
en soi
Si tu la vois jamais, que te sembleront au
près d'elle
l'or; la parure, les beaux enfants
et les jeunes gens dont la vue te trouble au
jourd 'hili, toi
et bien
d'autres, à ce
point
que, pour voir vos
bien-aimés
et vivre
avec eux sans les
quitter;
sic' était pos
sible, vous consenti
riez à vous priver de
boire
et de manger,
sans autre désir que
de les regarder et de
rester à leurs côtés.
Songe donc, ajouta
t-elle, quel
bonheur
ce serait pour un
homme s'il pouvait
voir le beau lui
même, simple, pur,
sans mélange,
et
contempler au lieu
d'une beauté char
gée de chairs, de
couleurs
et de cent autres superfluités
périssables, la beauté divine elle-même sous
sa forme unique.
Penses-tu que ce soit une
vie banale que celle
d'un homme qui, éle
vant ses regards là-haut, contemple la
beauté avec l'organe approprié et vit dans
son commerce ? Ne crois-tu pas,
ajouta-t
elle, qu'en voyant ainsi le beau avec
l'organe
par lequel il est visible, il sera le
seul qui puisse engendrer, non des fantômes
de vertu, puisqu'il ne s'attache pas à un
fan
tôme, mais des vertus véritables, puisqu'il
saisit la vérité ?
Or c'est à celui qui enfante
et nourrit la vertu véritable qu'il appartient
d'être chéri des dieux
et, si jamais homme
devient immortel, de le devenir lui aussi.
De la beauté des disco~rs de Socrate
Je dis donc qu'il ressemble tout àfait à ces
Silènes qu'on voit exposés dans les ateliers
des statuaires, et que l'artiste a représentés
avec des syrinx et des flûtes à la main ; si on
les ouvre en deux, on voit qu'ils renferment
à l'intérieur des statues de dieux.
Je
sou
tiens aussi qu'il ressemble au satyre
Marsyas.
Que tu ressembles de figure à ces
demi-dieux, Socrate,
c'est ce que toi-même
tu ne saurais contester ; mais que tu leur
ressembles aussi
pour le reste, c'est ce que
je vais prouver.
Tu es un moqueur; n'est-ce
pas ? Si tu
n'en conviens pas, je produirai
des témoins.
Mais
je ne suis pas joueur de
flûte, diras-tu.
Si, tu l'es,
et beaucoup
plus merveilleux que
Marsyas.
Il charmait les
hommes par l'effet des
sons que sa bouche tirait
des instruments, et on les
charme encore quand on
joue ses mélodies ; ( ...
)
en tout cas, qu'ils soient
joués par un grand
artiste ou par une
méchante
joueuse de
flûte, ces airs ont seuls le
pouvoir d'enchanter les
cœurs, et, parce
qu'ils
sont divins, ils font
reconnaître ceux qui ont
besoin des dieux
et des
initiations.
La seule dif
férence
qu'il y ait entre
vous,
c'est que tu en
fais tout autant sans ins
truments,
par de simples paroles.
Quand on
entend d'autres discours de quelque autre,
fût-ce un orateur consommé, personne
n'y
prend pour ainsi dire aucun intérêt ; mais
quand c'est toi qu'on entend, ou qu'un autre
rapporte tes discours, si médiocre que soit
le rapporteur; tous, femmes, hommes faits,
jeunes garçons, nous sommes saisis et ravis.
« Socrate est amoureux
des beaux garçons et tourne sans cesse
autour d'eux avec
des yeux ravis.
,.
NOTES DE L'ÉDITEUR
Platon est un des rares écrivains de
l' Antiquité dont on ait conservé à peu près
complètement les œuvres sans toutefois
pouvoir les dater avec précision.
« La véritable philosophie des amants est
celle de Platon ; durant le charme, ils
n'en
ont jamais d'autre.
Un homme ému ne peut
quitter ce philosophe ; un lecteur froid ne
peut le souffrir.
» Jean-Jacques Rousseau.
«Ainsi, on le voit, lire Platon, c'est moins
se retourner vers le passé que regarder en
avant, avec le fondateur de l'Académie,
vers un horizon dont il a tenté de mettre en
évidence les obscurités et les lumières.
»
F.
Châtelet, Platon, Gallimard.
« Nous nous croyons transportés dans un
banquet véritable, au milieu
d' Athéniens du
ye siècle ...
Tous ces traits de mœurs jetés
dans le cours du récit, avec brièveté et
discrétion, ne reposent pas seulement le lecteur
de l'attention que réclament les
longs discours ;
îls découvrent à ses yeux la
salle du festin, les hôtes, leurs figures, leurs
divertissements.
Il est devenu par un coup
de baguette magique le témoin muet, mais
charmé du banquet
d' Agathon, il écoute les
discours du plus illustre des philosophes et
du plus aimable des Athéniens.
»
J buste de Platon, musée du Capitole, Rome/ Daris-Giraudon 2, 3, 4, 5 grav.
de H.
Erni / B.N.
E.
Chambry, Le Banquet-Phèdre,
Garnier-Flammarion.
PLATON02.
»
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