LAURIERS SONT COUPÉS (Les) d'Édouard Dujardin (résumé & analyse)

LAURIERS SONT COUPÉS (Les)

Édouard Dujardin. Roman, 1887

Un soir d’avril, David Prince attend un rendez-vous avec une actrice qu’il aime d’un amour platonique et ruineux. Seul, dans son attente, il se parle à lui-même, élabore de chimériques projets, médite sur la recherche de l’absolu, cherche un trousseau de clés. Au moment décisif, la dame l’éconduit.

♦ Édouard Dujardin (1861-1949) aurait connu l’oubli, malgré une production variée, sans Les Lauriers sont coupés, où James Joyce, l’auteur d'Ulysse, déclare avoir trouvé l’origine du monologue intérieur. Dujardin a fondé de nombreux périodiques, en particulier, en 1886, La Revue indépendante, celle-ci offre, jusqu’en 1888, une tribune aux symbolistes, dont le programme est l’union de tous les arts dans l’« effort commun à créer la vie», et témoigne de la passion de Dujardin pour la musique et les théories esthétiques de Wagner. Sa tentative pour transposer, dans le récit, les techniques de composition musicale, l’architecture du leitmotiv wagnérien, aboutit à la création du monologue intérieur.

♦ La technique des Lauriers sont coupés se différencie du journal intime à la Stendhal, de la confession à la Fromentin ou à la Benjamin Constant ; elle se distingue du soliloque articulé et rationnel et de la citation de pensée qui, dans le contexte d’un récit romanesque traditionnel, exprime les états de conscience des personnages. Elle constitue un genre narratif spécifique: «la confession qu’un être de fiction se fait à lui-même », où le narrateur feint de disparaître et de céder la parole à son personnage et qui fait du livre un « récit de paroles ». Ce qui retient notre attention, ce n’est plus l’argument du récit, mais la manière dont la conscience du personnage perçoit les choses, dont le discours intérieur épouse les mouvements de la pensée. Le monologue intérieur de Dujardin tente de capter une pensée encore à l’état sauvage, à