Laclos étude linéaire de "l'éducation des femmes"
Publié le 18/01/2023
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«
Lecture linéaire : Laclos et l’éducation des femmes
"Pierre Ambroise François Choderlos de Laclos (1741-1803) est un écrivain et officier
militaire français.
Son livre le plus célèbre, le roman épistolaire « Les Liaisons dangereuses » de (1782), a fait scandale.
Ce texte intitulé Des femmes et de leur éducation, rédigé en 1783, n’a été publié qu’au XXe siècle.
Laclos avait
entrepris de répondre à la question posée par l’académie de Châlons-sur-Marne : « Quels seraient les meilleurs moyens
de perfectionner l’éducation des femmes ? ».
Il s’agissait d’un concours de rhétorique pour récompenser les meilleurs
textes.
Laclos entend lier le problème de la condition des femmes à celui de leur éducation.
Nous sommes ici au tout
début de la réponse à cette question académique.
Problématique : Par quelle stratégie paradoxale Laclos parvient-il à écrire et combattre pour les droits des
femmes ?
Mouvement 1 (l.
1 à 7): L’Exorde paradoxal, comment les femmes sont devenues des esclaves.
« Ô femmes ! approchez et venez m’entendre.
»
Le début par une apostrophe lyrique « ô femmes ! », de tonalité tragique qui semble
s’adresser à un public exclusivement féminin.
Cet exorde invite les femmes, via l’emploi de verbes à l’impératif
présent.
« Que votre curiosité, ...
vous a ravis »
S’appuyant ainsi sur un stéréotype de genre : les femmes sont curieuses, l’auteur procède par allusions pour piquer la «
curiosité » des femmes,
le connecteur temporel « une fois » associé à l’adjectif épithète « utiles » suggèrent implicitement que les femmes sont
des créatures futiles.
Il attaque frontalement les femmes, cela semble paradoxal pour un texte destiné aux femmes mais
c’est une stratégie argumentative polémique qui a un objectif qui sera révélé ultérieurement.
L’auteur est provocant pour éveiller la conscience collective : il faut réagir et refuser la situation.
L’antithèse entre la « nature » et la « société », entre celle qui « donne » et celle qui « ravi[t] », entre le plus-que-parfait
(temps anciens) et le passé composé (plus récent) rappelle l’opposition entre nature et culture réflexion propre au
XVIIIe siècle.
Dans les deux phrases, la femme est envisagée sous la forme de COI « vous avait donnés la nature/vous a ravis »
comme si elles n’étaient pas actrices de leur propre destinée.
« Venez apprendre...
libre et respectable.
»
Une proposition principale très courte avec un verbe à l’impératif « Venez apprendre », suivie de trois propositions
subordonnées interrogatives indirectes.
Pour marquer les esprits, Laclos utiliser un rythme ternaire et classe ces
interrogations en gradation ascendante avec parallélisme de construction.
Un pronom interrogatif de manière «
comment » suivie d’un groupe adjectival « nées, tombées, dégradées » complété par la subordonnée elle-même.
Cette
longue phrase dénonce la longue passivité des femmes qui, d’après l’auteur, ont leurs responsabilités dans leur propre
condition d’esclave.
L’accusation repose sur l’antithèse entre le groupe adjectival et la proposition subordonnée et indique le changement
radical d’état, le passage du temps.
Les femmes changent de caractéristiques, du groupe nominal « compagnes de l’homme » au nom commun « esclave ».
« état abject » situation hyperboliquement péjorative qui traite de la condition originelle, un « état naturel ».
Echo avec
la faute originelle d’Eve et la Chute de l’Humanité hors du Paradis avec l’emploi du verbe « tomber ».
L’accusation de Laclos est très violente car estimant que la femme s’est faite à cette situation (avec l’emploi du verbe «
plaire » l.
5) elle aurait agi par lâcheté, paresse donc par vice.
Cette idée implicite devient explicite dans la troisième et
dernière prop sub interrogative encore plus à charge contre les femmes, accentuée par la ponctuation avec la coupure du
point-virgule et le connecteur logique « enfin ».
Laclos insiste sur le passage du temps avec les connecteurs temporels « enfin » et « de plus en plus », le p.
passé «
dégradées », et le GN « longue habitude » qui montrent la longue déchéance de la condition féminine.
Le substantif « esclavage » est à la fois complément du nom d’« habitude » mais aussi complément du nom du GN «
vices avilissants ».
Laclos montre bien par ce double emploi l’imbrication et la complexité de cette situation, la
passivité et la compromission de la femme.
L’antithèse très fortement marquée par la conj de coordination « mais » entre « avilissants » et « commodes » atteste de
cette dépravation volontaire de la femme.
La dernière partie de cette longue période est encore plus cinglante
puisqu’elle oppose là-encore « les vices commodes » aux « vertus » qualifiées par le comparatif « plus pénibles »et
complétées par un ultime GN qui est celui correspondant à l’état originel décrit l.
3
(« compagnes de l’homme »), « un être libre et respectable ».
Le vice est accommodant, la vertu nécessite beaucoup
plus de volonté et d’efforts, voilà le message de Laclos.
Mouvement 2 (l.
7 à 15): L’Esclavage ou la liberté ?
« Si ce tableau ...
vos occupations futiles.
»
Même logique que le premier mouvement grâce à
l’emploi du déterminant démonstratif « ce » dans le GN « ce tableau » qui atteste de
l’authenticité des propos + l’adverbe « fidèlement ».
Le narrateur propose un choix à faire entre deux attitudes.
La première, courte, concerne les femmes « futiles ».
La
seconde, montre, au contraire, un chemin plus âpre à suivre qui ouvrira sur l’émancipation et l’égalité entre les sexes.
La première attitude face aux propos polémiques de Laclos repose sur deux prop sub
conj circonstancielles d’hypothèse introduites par « si ».
Le narrateur
envisage une situation possible, qui se caractérise par une absence d’émotions violentes « le sang-froid », sous sa forme
négative « sans émotion ».
La prop principale «retournez à vos occupations futiles » exprime la notion de conséquence.
Le verbe employé fait écho à l’état actuel de servitude acceptée.
L’adj épithète « futiles » fait écho, de façon sonore et
antithétique mais aussi au niveau sémantique aux « objets utiles » de la l.
2.
Cette catégorie de femme est désignée par
le narrateur comme irrémédiablement perdue : « Le mal est sans remède, les vices se sont changés en mœurs.
» C’est le
sens de la citation de Sénèque, en italiques.
Laclos s’appuie sur un argument d’autorité pour montrer l’aspect
irrévocable de cette attitude (négation « sans remède »,....
»
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