LA VARIATION SOCIALE EN FRANCAIS - sociolinguistique, Françoise GADET - Collection L'essentiel français
Publié le 30/04/2011
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Françoise Gadet est professeur de sociolinguistique à l'université de Paris-X Nanterre, au département de sciences du langage . Elle travaille sur les variétés " non légitimes " du français (français parlé, variétés non standard et non centrales, contacts de langues), sur lesquelles elle a publié plusieurs ouvrages et quelques dizaines d'articles. En tant que sociolinguiste, elle est connue depuis longtemps, même par le grand public, notamment par des ouvrages tels que Le français ordinaire, Paris, Colin, 1989 et 1997, Le français populaire (n° 1172 de la série Que sais-je ?) en 1992, année où elle a également dirigé le numéro 108 de la revue Langages sur le thème Hétérogénéité et variation : Labov, un bilan.
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d'exercices, un glossaire d'une centaine de notions, une bibliographie générale et un index, viennent compléter cessix chapitres en fin de livre sont des outils d'approfondissement fort utiles.Après avoir présenté le champ et la problématique de la variation et des variétés de français (chapitre I), et uneréflexion méthodologique sur le recueil des informations (chapitre II), le livre traite du matériau langagier (chapitreIII) puis de la variation diastratique, à travers les milieux socio-culturels (chapitre IV sur le social dans lesociolinguistique et chapitre V sur les vernaculaires), enfin de la variation diaphasique, c'est à dire stylistique,(chapitre VI).
Ce premier chapitre commence par présenter l'hétérogénéité de toute langue avec les classifications habituelles desphénomènes variables d'ordre extra-linguistiques avec les diversités de langage selon le temps (diachronie), l'espace(diatopie), les caractéristiques sociales des locuteurs (diastratie) et les diversités stylistiques ou situationnnelles(diaphasie) qui constituent «l'architecture variationnelle», exemples à l'appui.
Elle parle alors de la dialectologie, précurseur qui atteste de la variation diachronique et présente l'intérêt du nouvelapport de grands corpus - encore insuffisants et mal exploités selon l'auteure - associé au nouveau besoin deconnaissances de la langue telle qu'elle se parle c'est à dire à « la valorisation d'une oralité quasi-native, informéede la variation » en F.L.E
Puis, elle utilise la notion de « variétés » pour chercher des régularités dans la diversité en étudiant la perception dela variation par les locuteurs et l'évaluation des variétés hiérarchisantes.
Elle cherche à faire un classement oùl'usager est au centre.
Elle dénonce alors ces « catégorisations d'experts » qui tendent en enfermer les locuteursdans des catégories fermées en fonction de leur niveau social sans tenir compte des variations situationnelles pourun même locuteur.
Elle explique aussi que le fait de créer des catégories de langage « occulte la dynamique devariation » car chaque variété est elle-même homogène et ceci tend encore à l'homogénéité de la langue.
Elle faitalors l'hypothèse du passage « d'une domination de la variation diatopique (19e siècle) à un primat du diastratiquejusqu'à un primat actuel du diaphasique » (p.16).
Pour mettre en évidence cette « linguistique de l'homogène » et le processus de standardisation, elle définit deuxtypes de normes, la norme objective (observable), idée de fréquence et la norme subjective (fictive), en conformitéà l'usage valorisé, contrainte qui donne lieu à des jugements.
Elle fait remarquer que la norme renforce la cohésionsociale et peut provoquer l'insécurité linguistique des locuteurs, définie comme la différence entre leur connaissancede la norme et sa mise en pratique par les locuteurs.
La plainte au sujet de la qualité du français est une constante du 20e siècle et la menace d'invasion lexicale del'anglais a été démentie par Beaujot (1982).
Cette idéologie linguistique de l'esthétique de la langue française estproche du purisme.
Elle privilégie l'unicité l'homogénéité et exclue la variation et la diversité.
Cette idée de crise dufrançais réfutée par certains chercheurs perdure avec l'accusation de l'école qui ne joue pas son rôle detransmission de la norme.
Elle conclut ce chapitre en dénonçant la particularité du français à l'attachement pourl'idéologie du standard et les nombreux organisme de défense de la langue qui fait intervenir l'état.
Le deuxième chapitre est consacré aux relations entre oral et écrit.
L'auteur y décrit d'abord les enjeux desméthodes utilisées lors des enquêtes qui permettent d'étudier le français tel qu'il se parle.
Elle parle du paradoxe del'observateur de Labov qui veut observer mais qui peut troubler voire biaiser des résultats authentiques enobservant.
Cameron (1998) décrit trois principes à suivre par le chercheur: l'éthique, la défense, laresponsabilisation qui permet une collaboration entre chercheur et observé et faire en sorte que l'expert n'est pas lemaître en donnant une place à l'observé à l'égard de l'information collectée.La transcription de l'oral pose la difficulté de «concilier fidélité et lisibilité», et le danger d'appréhender l'oral avec lesnormes de l'écrit.
Ce danger de transformation de l'oral par transcription écrite se situe dans la perte d'informationsprécieuses qui ne seraient pas conservées voire «arrangées» et amène à une réflexion sur la littératie (culture del'écrit) et la représentation de l'oral par les linguistes.
Au niveau de l'analyse de la conversation en sociolinguistique, elle discute de la confrontation oral et écrit qui atendance à utiliser l'opposition simple vs complexe et qui caractérise ainsi l'oral comme reflet appauvri de l'écrit(accusation d'Halliday 1985) tout comme l'opposition entre écrit normé et l'oral instable.
Elle privilégie alors lacontextualisation des discours car «il n'existe pas de discours hors contexte»(p.37)Le chapitre trois parle du « matériau variationnel », nécessairement limité selon selon « l'exigence del'intercompréhension » et F.Gadet se donne pour objectif d'en faire une description avec « une sensibilité sociale »enutilisant un modèle fonctionnaliste (« usage de la langue peut avoir des effets sur sa forme ») de l'oral et en sortantdu standard et de l'écritElle met d'abord en évidence la saillance de la variation phonique illustrée par des exemples de variables socialementliées en France.Plutôt que de conserver l'opposition standard vs non-standard, l'auteure propose d'appréhender la variation morpho-syntaxique en termes de registres de distance ou de proximité, respectivement caractérisés par une plus ou moinsgrande décontextualisation.
L'interaction sociale et les relations avec les locuteurs, sont les causes des variations dans les évaluations et lesjugements des locuteurs selon Kroch (1978) et de Frei (selon qui les ‘fautes' répondraient à des besoinslinguistiques) ou encore de Berrendonner (qui insiste sur les fonctions pragmatiques de désambigüisation, de.
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