La socialisation : construction des identités sociales et professionnelles de Claude Dubar
Publié le 12/07/2012
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Scission/aliénation Réconciliation Communication Selon Habermas, la question de la socialisation se joue donc précisément dans la relation entre le travail et les interactions, entre systèmes de production et processus de relations sociales. La socialisation serait donc, d’après Habermas et le jeune Hegel, « un processus d’intégration autorégulée [au système économique et social conçu comme totalité intégrée « (page 85). 2) Socialisation communautaire et socialisation sociétaire (Max Weber) La théorie de Max Weber se refuse de « considérer la société comme une totalité unifiée et fonctionnelle « (page 86). La socialisation apparait ici comme la forme de l’activité humaine exercée. Les individus seraient donc conditionnés par la société, mais pas de façon uniforme : chacun s’adapte selon ses représentations personnelles et selon ses activités et ses comportements. Ainsi, il distingue une socialisation communautaire d’une socialisation sociétaire. La première renvoie à des attentes de comportements subjectifs (dictés par les émotions, les coutumes), la seconde se veut davantage guidée par une rationalisation des intérêts qui motivent les individus. Cette distinction entraine, selon Webern l’existence de quatre types d’actions humaines (page 87) : Types d’actions Relation sociale Socialisation « communautaire « Traditionnelle / émotionnelle Solidarité héritée Socialisation « sociétaire « Rationnelle en valeur Rationnelle en finalité Entente par un engagement mutuel
«
société moderne.
On pourrait résumer le désaccord existant entre les deux auteurs par une question : Peut-on encore parler de LA société à propos des sociétésmodernes ? Si Durkheim le pense, Piaget en doute et cherche à mettre en évidence que la société elle-même n'est pas chose unique.
3) Une application en sociologiede l'éducation Il s'agit ici de porter attention aux travaux de Lautrey qui a tenté de démontrer au moyen d'une recherche empirique, l'hypothèse selon laquelle « lesconditions de vie et de travail, liées au statut socioéconomique, déterminent les pratiques éducatives qui à leur tour, influent sur le développement intellectuel del'enfant ».
Pour cela, il construit trois types de structuration de l'environnement familial d'un échantillon d'enfants d'une école élémentaire: Une faible (absence derègle) : Peu favorable à la restructuration après déséquilibre.
Une rigide (règles immuables) : Peu favorable au déséquilibre.
Une souple (règles conditionnelles): Favorable au déséquilibre et à la restructuration.
En conclusion, l'auteur exprime l'idée que plus la profession du père est en haut de la hiérarchie sociale, plus lastructuration est souple et à l’inverse, plus la profession est basse dans la hiérarchie, plus le type est rigide.
Il démontre aussi que les enfants élevés dans un typesouple sont en avance sur les deux autres groupes du point de vue du stade atteint dans leur développement opératoire.
4) Une transposition à la socialisationpolitique Selon A.
Percheron, la socialisation est une « acquisition d'un code symbolique résultant de transactions entre l'individu et la société ».
Nous allonsdésormais nous attacher à comparer les analyses de Piaget et de Percheron à travers un tableau récapitulatif :Piaget Processus essentiel Percheron
Équilibration: adaptation successive entre le Compromis entre désirs individuels et valeurs moi et le monde.
collectives.
Domaines distincts et Cognitif: règles - Affectif: Valeurs - Expressif: Appartenance + relation: Identité sociale articulés Signes Résultat Structuration d'uneintelligence formelle permettant la construction d'un programme de vie possible.
Construction par la sélection d'un code symbolique spécialisé
5) Une approche génétique et restreinte de la socialisationLa théorie Piagétienne de la socialisation de l'enfant va permettre une double rupture.
La première est une rupture avec une conception de la socialisation en termesd'inculcation de règles, normes ou valeurs par des institutions à des individus passifs.
La seconde rupture s'effectue entre une représentation linéaire et unifiée de laformation en termes d'accumulation de connaissances ou de progression continue des compétences.
Selon Fürth, l'approche Piaget est dépassée car les processus qu'ildécrit ne peuvent plus s'appliquer à des conditions sociales radicalement différentes de celles qui les avaient générées.
Chapitre 2: La socialisation dans l'anthropologie culturelle et le fonctionnalisme1) Approche culturaliste de la socialisation Dans cette partie, Claude Dubar va reprendre Ruth Benedict qui a effectué une étude sur trois sociétés bien distinctes etqui sont les suivantes:
5
Les pueblos du nouveau Mexique Les dobu de nouvelle guinée orientale Les kwakiuh d’Amérique.
Cette étude va permettre de mettre en relief l'idée que la plupart des gens sont façonnés à la forme de leur culture, à cause de l'énorme malléabilité de leur natureoriginelle : Ils sont plastiques à la forme modélisatrice de la société dans laquelle ils sont nés.
Plusieurs études aboutiront à la même thèse qui tend à démontrer que «la personnalité des individus est le produit de la culture dans laquelle ils sont nés ».
Il en ressort une notion de conditionnement et celui-ci aboutira plus tard à unepersonnalité future.
2) Hypothèse d'une personnalité de base Selon Linton, la culture serait entièrement extérieure à l'individu à sa naissance et deviendrait partieintégrante de sa personnalité à l’Age adulte.
De plus, il définit le groupe social comme étant l'addition d'une organisation et de l'esprit de corps.
Kardiner va plus loinen exprimant la notion de « structure de personnalité de base » c'est à dire le moi.
Il faut d'ailleurs distinguer cette personnalité de base des autres caractèresindividuels car reconnaître sa personnalité de base et comme reconnaître une certaine unité culturelle entre toutes les cultures.
3) La socialisation dans l'approche culturalisteLinton résume l'apport de l'approche culturaliste par une formule générale : « Les sociétés sont faites de telle manière qu'elles ne peuvent exprimer leur culture quepar l'intermédiaire des individus qui la composent et ne peuvent la perpétuer qu'en y préparant ces individus ».
On peut distinguer quatre traits culturels quiinterviennent dans le modelage des personnalités individuelles : Les traits généraux sont communs à tout le monde (exemple du langage) Les traits spécialiséssont communs à certaines catégories (exemple de la classe sociale) Les traits alternatifs relèvent des options de réaction aux mêmes situations Les traitsindividuels concernent les choix personnels Or la socialisation de l'enfant est analysée comme un processus d'incorporation progressive des traits générauxcaractéristiques de la culture de son groupe, celui qui doit définir son appartenance sociale de base.
Il s'agit une certaine forme de fidélité à ses racines, étant lacondition essentielle du maintien et de la transmission, entre les générations des noyaux culturels spécifiques à chaque société.
Mais comment penser cettetransmission lorsque chaque génération prétend construire sa propre culture ? Les conceptions de la socialisation vont permettre de rendre compte de la reproductiondes noyaux culturels et de tenir compte des changements constatables des personnalités individuelles...
a.
La théorie de l'action selon Parsons: Le point de départ estl'analyse de l'action humaine en quatre éléments : l'acteur, la situation, les fins et les moyens.
Selon Parsons, l'action humaine est orientée vers des buts, prend placedans des situations structurées par des ressources, régulée par des normes et implique une motivation.
À partir de ces quatre éléments (but, situation, norme etmotivation) et en intégrant d'autre part l'idée d'interaction, car toute action humaine suppose une relation à autrui.
Parsons aboutit à une synthèse tardive et vadécomposer le système en quatre sous-systèmes reliés entre eux : biologique, psychique (celui de la personnalité), social et culturel.
Il définit alors l'action comme «structure d'interdépendance fondée sur l'étagement successif des mécanismes de contrôle de l'action ».
6
b.
Le système LIGA Ce système est définit dans l'ouvrage de Claude Dubar à partir de quatre impératifs fonctionnels : Fonction de stabilité normative =L(Latence) : Le système doit assurer la stabilité des valeurs et des normes.
Fonction intégration = I : Le système social doit assurer la coordination nécessaire entreacteurs.
Fonction des buts = G (goal attainment) : Le système doit permettre la mise en œuvre des objectifs de l'action.
Adaptation = A : Le système doit assurerl'adéquation des moyens aux buts.
4) De l'hyper socialisation à la socialisation anticipatrice Dennis Wrong en 1961 reprochait à Parsons sa conception hypersocialisée de l’homme, à l'image de la société des abeilles, réduisant la socialisation ni plus ni moins qu'à un dressage, éliminant ainsi la question centrale posée parHobbes : Comment la cohésion sociale est-elle possible dans une société constamment menacée par la guerre de tous contre tous ? Parsons cherche à montrer quesocialiser un individu, c'est le rendre semblable aux autres membres du groupe et en particulier à ses parents.
Mais Merton, au contraire de Parsons, plaide pourl'élaboration de « théories intermédiaires ».
Il va critiquer Parsons en se demandant pourquoi certains individus, dans certaines situations, se définissent ou se réfèrentpositivement à un groupe social qui n'est pas leur groupe d'appartenance ? On peut prendre l'exemple des petites filles qui préfèrent jouer avec les garçons.
Afind'apporter une réponse concrète à cette question, Herbert Hynau va opposer le groupe de référence ou groupe d'appartenance.
Un individu faisant partie d'un grouped'appartenance va se comparer à un autre groupe: Le groupe dit de référence.
Il peut découler de cette comparaison une forme de frustration relative.
À partir de là,l'individu va apprendre, intérioriser les valeurs de ce groupe dans le but de faciliter son adaptation future ; On parle alors de socialisation anticipatrice.
Chapitre 3 : La socialisation comme incorporations des habitus1) Une définition problématique de l'habitus Selon Aristote, il s'agit des dispositions acquises du corps et de l'âme.
Bourdieu quant à lui donne une définition bienplus complexe en qualifiant l'habitus par « les systèmes de dispositions durables et transposables, structures structurées prédisposées à fonctionner comme structurestructurante, c'est à dire en tant que principes générateurs et organisateurs de pratiques et de représentations ».
L'habitus apparaît donc comme la structure génératricedes pratiques parfaitement conformes à sa logique et à ses exigences.
Les pratiques les moins probables sont donc totalement exclues : On parle alors d'autorégulationde base.
L'habitus semble donc exclure toute possibilité de changement social selon Pierre Bourdieu.
Cependant, il rappelle que l'habitus ne tend à reproduire lesstructures dont il est le produit que dans la mesure ou les structures dans lesquelles ils fonctionnent sont identiques ou homologues aux structures objectives dont ilest le produit.
2) Classes sociales et habitus La description des habitus prend souvent la forme d'oppositions de qualité ou de vertus qui caractérisent une attente.
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