La Saga de Njall le brûlé
Publié le 22/02/2013
Extrait du document
... mêlent en un étrange syncrétisme. Combats, assassinats, mais aussi harangues et procès ponctuent les affrontements entre familles et entre individus dans cette magnifique saga de l'Islande médiévale, où le culte de la force et du courage se conjugue avec un grand souci des lois...
Les walkyries de la saga
chantent en tissant :
Le tissu est tissé
d'entrailles humaines
Et durement tendu
de têtes d 'hommes
De sanglantes lances
Lui servent de lames
De fer sont les montants
De flèches les na vettes
De l 'épée nousfoulons
ce tissu de bataille.
«
Deux soldats aux prises
avec des géants
EXTRAITS ~~~~~~~-
Comment Hallgerd apprend
- et approuve -l'assassinat
de son premier mari
Thjostolf ( ...
) tira à demi
le bateau sur le rivag e,
alla à la maison la
hache
en l'air.
Elle était
toute ensanglantée.
Hall gerd était dehors
et dit : « Ta hache est
ensanglantée, qu'as-tu
fait ? » « Je viens de
faire, dit-il, que
tu seras
mariée une seconde
fois.
» « Veux tu dire que
Thorvald est
mort ? »
dit-elle.
« C'est ça, dit
il , et trouve-moi un
expédient .
» « Certai
nement, dit-elle,
je vais
t'envoyer au nord dans
le Bjarn arfjord à Svansholl, et
Svann te
recevra à bras
ouverts »( ...
) Svann le reçut
à bras ouverts et lui demanda des nouvelles,
et Thjostolf lui dit
le meurtre de Thorvald
( ...
)
Svann dit: «J'appelle hommes ceux
qui ne reculent pas devant les grandes
entreprises
...
»
Portrait de Gunnar
C'était un homme de grande taille, et
fort, le plus habile des hommes aux armes.
S'il le voulait, il frappait d'une main
pendant qu'il décochait
un trait de l'autre
et
il maniait si rapidement l'épée qu'on
aurait dit qu'il y en avait trois en l'air à la
fois.
C'était le meilleur des archers et il
atteignait tout ce qu'il
visait; il sautait
plus que sa propre hauteur, complètement
armé, et il ne sautait
pas moins loin en
arrière qu'en
avant; il nageait comme un
phoque et il n'était pas de
jeu où il avait
son pareil.
Il était de belle apparence et
de
teint clair, le nez droit et retroussé du bout,
des yeux bleus et perçants qui
seyaient
bien.
C'était le plus courtois des hommes
(.
..
)ayant peu d'amis, mais choisis.
Il avait
du bien.
Comment Njall, son épouse
et un enfant refusent d'échapper
à l'incendie criminel de leur demeure
Njall dit : (.
..
) « Je suis un viei l homme ,
guère
en état de venger mes fils, et je ne veux
pas vivre dans
la honte »( ...
) Bergthora dit:
« J'ai été jeune donnée à Njall, et je lui ai
promis que nous partagerions tous deux un
seul et même sort.
» Ensuite ils rentrèrent
tous les deux.
Bergthora dit :
« Qu'allons
nous faire maintenant
? » Njall répond :
« Nous irons à notr e lit et nous nous
couc herons.
Il y a lontemps que
j'avais
envie de me reposer » ( ...
) Njall dit à son
intendant :
« Maintenant tu vas rega rder
à quel endroit nous nous couchons et
comment
je vais arranger notre lit, car j'ai
l'intention de ne plus faire un mouvement
désormais, que ce soit
la fumée ou que ce
soit
la cha leur qui me fasse souffri r.
De la
sorte tu pourras deviner où il faudra
chercher nos ossements.
(
...
)On avait abattu
un bœuf et la peau se trouvait là.
Njall dit à
l'intendant d'étendre cette peau sur eux.
Il
le promit.
Ils se couc hèrent tous deux dans
l e lit et placèrent
le ga rçon entre eux.
Alors
ils se signè rent tous les deux ainsi que le
garçon et confièrent leur âme à Di eu et ce
furent les dernières paroles qu'on leur
entendit dire
...
»
Texte traduit par Régi s Boyer,
Aubier-Montaigne, 1976
Une walkyrie
NOTES DE L'ÉDITEUR
Sans doute composée par un inconnu vers
1285,
La Saga de Njall le brûlé n 'est ni un
document historique à proprement parler
ni un roman à clé.
Dans sa préface à
l 'ouvrage, le traducteur Régis Boyer insiste
sur« l'extraordinaire
alchimie»
qui a
présidé à sa gestation :
« Qui étudie de près
Njall - écrit-i l - y découvre à tout instant
des réminiscences de la Bible, des Pères de l
'Ég lise,
des B estiaires courants du Moyen
Age, des romans de che
valerie, des ré cit s
irlandais, d'un nombre certainement
considérab le de
vitae latines, de récits
de miracles, etc.
»
En même temp s, ce spécial iste de la
litt érature islandaise co nstate qu'
il s'agit là
d'un ouvrage littéraire resté en Is lande
extrêmement vivant, car
il suscite on
voulait une preuve supplémentaire de ce
fait,
il s uffir ait de signaler d'une part qu'à
cause de Njall un prénom féminin comme
Hallgerd a toujours été proscrit , depui s, en
I s lande, d'autre part que ce texte a connu
une
telle popularité( ...
) qu 'il est devenu
impossible de savoir
si tel toponyme , d ans
l e s ud de l'île, doit son existence à la saga
ou
s'i l préexi stait ! »
1.
2.
3 il lus tratio ns de M arcel L averdet.
H acheue.
1990
sa ns cesse de nouvelle s analyses et
interprétations .
« Et si - ajoute-t- il -
ANO N YME 14
t.
»
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