LA REINE MORTE d'HENRY DE MONTHERLANT
Publié le 03/06/2011
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Une page d'histoire du Portugal : Inès de Castro, mariée secrètement au prince don Pedro, fut assassinée en 1355 sur ordre d'Alphonse IV, père de son époux ; monté sur le trône, don Pedro fit exhumer le cadavre d'Inès et obligea la cour à rendre les honneurs royaux à la Reine morte... Pour H. de Montherlant, le drame est surtout celui d'un vieux roi plein de ses « secrets désespérés «. Prétextant un projet politique contrarié (nécessaire mariage entre l'Infante de Navarre et son fils l'Infant du Portugal), Ferrante (Alphonse IV) se laissera-t-il aller à supprimer une innocente ? N'est-il pas tenté de le faire, honteusement, dans une amère folie, pour ne pas mourir seul ?
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Une oeuvre dense et variéeHenry de Montherlant est né à Paris en 1896, d'une famille noble.
Il est très tôt passionné par la lecture et savocation d'écrivain se dessine dès l'âge de douze ans.
Elève brillant à Sainte-Croix de Neuilly dont il garde unsouvenir heureux, il fait la connaissance d'un jeune garçon dont l'amitié qu'il lui inspire, muée en passion, fera l'objetd'un brusque renvoi.
Cet épisode fournira à l'auteur, des années plus tard, le sujet de La Ville dont le prince est unenfant (1951).Ses oeuvres de jeunesse sont, pour la plupart, inspirées de faits vécus : La Relève du matin (sur le thème ducollège), L'Exil (où il transpose sa souffrance de ne pouvoir se rendre au front), Les Olympiades (inspirées de sonexpérience du stade)...En 1925, Montherlant entreprend de longs voyages.
De cette époque date un recueil d'essais : Aux Fontaines dudésir, La Petite Infante de Castille, La Rose de sable, long roman social situé en Afrique du Nord.
C'est dans lesannées trente que Montherlant connaît la gloire.
Il écrit notamment Encore un instant de bonheur, Les Célibataires,inspiré du souvenir de ses oncles, et une série romanesque en quatre volumes intitulée Les Jeunes Filles.La Seconde Guerre mondiale inspire à l'auteur des écrits politiques dont Le Solstice de juin.
En 1942, il s'essaye authéâtre avec La Reine morte dont le succès, mitigé à la première représentation, s'affirme par la suite.
Suivirentd'autres pièces qu'il classe lui-même en deux genres : la veine profane, dont La Reine morte fait partie, maiségalement Fils de personne, Malatesta, Celles qu'on prend dans ses bras, et la veine sacrée dont Le Maître deSantiago, La ville dont le prince est un enfant, Port-Royal (tragédies chrétiennes).Après avoir écrit une oeuvre dense et variée, Montherlant, coupé du monde et isolé dans son univers littéraire,choisit délibérément de se donner la mort le 21 septembre 1972.
Un sujet historique et coloréLa Reine morte constitue un tournant dans la vie et dans l'oeuvre de Montherlant puisqu'après cette pièce, il décidede se consacrer principalement au théâtre.Lorsque l'administrateur de la Comédie-Française lui demande une pièce, lui conseillant de s'inspirer d'une oeuvreespagnole, Montherlant choisit d'adapter Régner après sa mort, de l'écrivain Luis Velez de Guevara (1570).Cependant, après avoir étudié cette pièce et avoir pris connaissance du fait réel qui l'inspira (l'assassinat d'Inès deCastro par Alphonse IV, roi du Portugal, en 1355), loin d'en faire une adaptation, il s'appropria le thème et fit uneoeuvre toute personnelle, allant bien au-delà de l'anecdote historique.
Un théâtre intérieurS'il garda le fil conducteur de la pièce espagnole, la valeur de sa transposition réside surtout dans le fait qu'il adonné à ses personnages des traits de caractères approfondis, bien cernés et unifiés.
Et par le biais de cespersonnalités riches, l'auteur a pu créer un réel suspense psychologique évoluant en crescendo jusqu'au drame final.C'est pourquoi il est juste de parler, à son endroit, de théâtre intérieur : au départ d'un monde donné, il construittout un réseau d'oppositions où se révèle toute la complexité de l'être humain.
Des personnages clésFerrante, le vieux roi fatigué de gouverner (ce trait le rapproche du Créon d'Anouilh ), domine toute la pièce.
Soncaractère, extrêmement étudié, tient le spectateur en haleine par le fait qu'il ne se donne pas à connaître; il est àpremière vue insondable, opposant des tendances aussi diverses que la sagesse, la lassitude, le respect, la haine, lesadisme.
Par là-même, il crée et soutient le suspense.Face à lui, l'auteur dresse deux superbes portraits de femmes : l'infante, fière et guerrière, dont la notion d'honneurguide toutes les attitudes, et Inès, dont la caractéristique amoureuse en fait la grandeur mais aussi la passivité.L'honneur blessé face à la martyre de l'amour...Entre elles, Pedro, fade et lâche, semble ne pas mériter autant de remous; tout son mérite réside pourtant dans sonacte final : lorsqu'il couronne sa douce épouse décédée.
Mais tout au long de la pièce, il semble servir de repoussoirafin de mettre en évidence les trois autres personnages.L'art de Montherlant est d'avoir fait d'un drame historique le théâtre d'actions humaines, mêlant des thèmes aussiprofonds que la jeunesse face à la vieillesse, la haine de vivre face à l'amour absolu, le sadisme face à la vraie forcede régner....
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