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La Porte étroite de Gide : Fiche de lecture

Publié le 13/12/2018

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La Porte étroite

 

Publié au printemps de 1909, ce deuxième récit de Gide, dont la conception remontait au moins à 1891 (le fait est quasi général, chez Gide : « Dès vingt-cinq ans, mes livres étaient là, rangés devant moi; il ne me restait plus qu’à les écrire. J’y ai mis le temps »...), était le fruit d’un travail difficile de quatre années (les manuscrits de plusieurs « faux départs » ont été conservés). C’est que l'histoire, simple et linéaire, d’Alissa Bucolin et de Jérôme a une base largement autobiographique, et Gide y insère de nombreux fragments textuellement transcrits des lettres et carnets intimes de Madeleine Rondeaux, datant des années antérieures à leur mariage. Jérôme, orphelin de père et fils unique, et sa cousine Alissa s’aiment; tous deux sont de bonne bourgeoisie protestante, austère et puritaine, et sont prêts à suivre ardemment l'enseignement que développe le sermon du pasteur Vautier : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite... » Jérôme a découvert le secret d’Alissa : l’immense tris-

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« tesse que lui cause l'inconduite scandaleuse de sa mère, la belle créole Lucie Bucolin; leur amour n'en est que plus fort et plus pur, tendant à fuir le monde dans une spiritualité exaltée.

Bien qu'amoureuse, Alissa se refuse à Jérôme, se sacrifie d'abord à sa sœur Juliette, elle aussi éprise de son cousin; mais même après le mariage de celle-ci avec un viticulteur du Midi, elle repousse celui qu'elle aime, ou plutôt ne prétend à le retrouver qu'en Dieu, loin de la chair et de la terre.

Cet effort vers la sainteté, cette ascèse douloureuse la conduit à un senti­ ment d'effrayante solitude et à la mort : le livre s'achève sur les admirables -et atroces -pages de son Journal, dont elle a voulu que, après sa mort, il fût remis à Jérôme ...

Gide a fait d'Alissa une très belle et noble figure- à côté de laquelle Jérôme est assurément trop pâle -, mais il est évident que sa tragédie dénonce les sophismes et les illusions d'un mysticisme opposé à l'éthique, non moins dévastatrice, du Michel de l'Immo­ ra lis te ; dans son refus du bonheur au nom du devoir de sainteté ( « 0 Seigneur! Gardez-moi d'un bonheur que je pourrais trop vite atteindre ...

Enseignez-moi à différer, reculer jusqu'à vous mon bonheur>>), dans cette «étrange passion de se priver» (Jacques Rivière), un critique a eu raison de voir «plus de peur de la terre que d'attirance du ciel» (Paul Archambault).

Il n'y a certes pas là «satire » ( « Chaque fois que je reprends ce livre, écrivait Gide plus tard, c'est avec une émotion indici­ ble ...

» ), mais, comme avec l'Immoraliste, un récit critique.

BIBLIOGRAPHIE Pierre Trahard, « la Porte étroite » d'André Gide, la Pensée moderne, 1968; John C.

Davies, «l'Immoraliste » and« la Porte étroite», Londres, Éd.

Arnold, 1968; études et documents dans le Bulletin des Amis d'Amj.ré Gide, 1980, n°' 45 (n° spécial « la Porte étroite ») et 46.

Editions commentées et annotées par Mitchell Shackleton, Londres, Harrap, 1958; par Jean Mali ion et Henri Baudin, Bordas, 1972.. »

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