La légende de Tristan et Iseult (résumé & analyse)
Publié le 15/11/2018
Extrait du document
Sa mère, la reine, parvient à réconcilier les deux jeunes gens et à convaincre sa fille de partir pour aller épouser le roi Marc. Magicienne, elle confie à Iseult un breuvage enchanté qu'elle devra partager avec son fiancé afin d'être lié à lui par des sentiments amoureux.
Las ! le destin s'en mêle et s'emmêle : c'est Tristan qui boit par erreur le philtre d'amour, de concert avec la jeune fille, et tous deux sont désormais emportés par une passion d'autant plus irrésistible qu'elle est fondée sur la magie.
Les noces de Marc et Iseult sont néanmoins célébrées en grande pompe. Cependant, afin de se préserver de toute souillure et rester fidèle à son amour, Iseult se fait remplacer dans le lit du roi, à la faveur de l'obscurité, par une certaine Brangien (ou Brangaine), qui lui est toute dévouée.
En butte à la jalousie des barons et dénoncé par Andret, Tristan doit quitter le château, tandis que Marc n'arrive pas à se convaincre de sa culpabilité.
UNE BELLE histoire D'AMOUR MEDIEVALE
• Parmi les couples célèbres de la littérature mondiale, Tristan (parfois écrit Tristrant, Tristram ou Tristrem) et Iseut (ou Iseult) tiennent l'une des premières places, au moins du point de vue chronologique.
• Venue du monde celtique, la légende des deux amants s'est développée aussi bien en Italie, en Allemagne et en Angleterre qu'en France.
• En 1865, elle a également inspiré un opéra à l’un des plus grands musiciens romantiques, Richard Wagner.
LES SOURCES
Une légende celtique
• Touchant de près au cycle arthurien - Lancelot et Guenièvre formant eux aussi un couple aux amours impossibles -, la légende serait venue d'Irlande se développer en Cornouailles anglaise. Elle a pour cadre le château de Tintagel.
• Elle se répand en Angleterre puis en Europe continentale à partir du début du XIIe siècle grâce aux récits des ménestrels, troubadours et trouvères.
• Aux xiie et xiiie siècles, la légende commence à prendre la forme de récits structurés, premières ébauches de romans, en vers d'abord, puis en prose, et inspire maintes représentations iconographiques.
Les traces écrites
• Vers 1165-1170, le trouvère anglo-normand Béroul compose un poème-roman - dont on n'a conservé que la partie centrale, soit environ 4500 vers - destiné à être déclamé dans les grandes salles des châteaux.
• Vers 1172-1175, un autre trouvère anglo-normand, Thomas d'Angleterre, élabore un roman en vers qui reprend la version de Béroul, enrichie de celle d'un poète allemand, Eilhart von Oberg (fin xiie-début xiiie siècle), mais en l'infléchissant vers l'amour courtois. Thomas développe, sur une trame événementielle, les arcanes du sentiment amoureux et veut donner à la légende une valeur universelle et pédagogique, pour servir de guide à tous les amoureux et les mettre en garde contre les pièges de la passion. C'est lui qui invente la fin tragique des amants. Il n'a subsisté jusqu'à nous que huit fragments des 31500 vers de Thomas d'Angleterre.
• Le Lai du chèvrefeuille exalte à son tour l'amour fusionnel des amants. Il est dû à Marie de France, une poétesse française de la seconde moitié du xiie siècle qui vécut à la cour d'Henri II d'Angleterre - à qui elle a dédié ses Lais - auprès de la célèbre Aliénor d’Aquitaine, reine de grande culture. Un vers caractérise cet amour liant indissolublement les héros, comme la plante grimpante éponyme du lai s'enroule autour du coudrier : «Ainsi est de nous : ni vous sans moi, ni moi sans vous. »
• Gottfried de Strasbourg, vers 1200-1210, reprend la légende originelle en moyen haut allemand et lui consacre quelque 20000 vers. Il élève le sentiment des deux personnages jusqu'à un amour mystique, fusionnel, supérieur à l'amour terrestre.
• Vers 1300 apparaît un Sir Tristrem en moyen anglais et, au début du XIVe siècle, en Italie, une Tavola Ritonda de même inspiration.
• On connaît aussi une Folie Tristan de Berne, en 572 vers, et une Folie Tristan d'Oxford, en près de 1000 vers : dans ces œuvres, l'amour est assimilé à une «folie» qui se dissimule sous un masque attrayant.
• Tristan ménestrel du poète Gerbert (ou Gibert) de Montreuil (première moitié du xiiie siècle) constitue une suite au Perceval
«
se
réfugient dans la forêt de Marois.
Ils vivent de chasse et de cueillette,
dans le dénuement le plus complet, et
rencontrent l'ermite Ogrin.
Ainsi cet
épisode est-il décrit : En
signe de son passage, il substitue
sa propre épée à celle du jeune
homme, glisse un anneau au doigt
de sa femme et dispose son gant arbres dont les branches s'entremêlent ADAPTATIONS CINÉMA TOGRAPHIQUES
En l'ermitage frere Ogrin
Vindrent un jour, par aventure.
Aspre vie meinent et dure :
Tant s'entroinent de bane a mor
L'un par l'autre ne sent do/or.
Le vieillard leur explique qu'une grosse
récompense est promise par le roi à qui
ramènera Tristan mort ou vif, aussi tout
le royaume est-il àux trousses des
fugitifs.
Et il exhorte Tristan au repentir,
lui conseille vivement de rompre ses
liens avec Iseult et de se rendre.
Les deux amants se lamentent de leur
situation de proscrits et affirment alors
qu'ils ne sont pas coupables, parce
que leur amour échappe à leur
volonté, car il est provoqué par un
philtre magique contre lequel toute
volonté est impuissante.
Ils sont liés à
jamais l'un à l'autre et ne peuvent rien
contre cela : «Si elle m'aime, c'est la
potion qui en est la cause.
Je ne peux
pas me séparer d'elle, ni elle de moi.»
Enfin, les fugitifs sont retrouvés.
Le
roi Marc, qui conduit la troupe,
s'approche du couple endormi et voit
que l'épée de Tristan est posée entre
eux à même le sol.
L' épée est, en ce temps-là, le symbole
de l'honneur du chevalier, et ce gage
de chasteté, même s'il ne convainc pas
réellement le roi, l'émeut et lui offre
une porte de sortie honorable qui
ménage son orgueil et laisse
s 'exprimer sa mansuétude: il laisse
la vie sauve à Tristan et à Iseult.
sur
une branche d'arbre de telle sorte
qu'il intercepte un rayon de soleil
importun.
A leur réveil, Tristan et Iseult
comprennent que le roi est venu et
leur a fait gr�ce.
Confus et submergés
de reconnaissance face à tant de
générosité, ils décident de se séparer.
Iseult regagne le château de son
époux, tandis que Tristan s'exile
volontairement.
Il part pour la Bretagne, où il épouse
une autre Iseult, dite aux Blanches
Mains, fille du duc Hoël, mais ne s'unit
pas à elle charnellement.
Lié d'amitié avec son beau-frère
Kaherdin, il court les chemins avec lui
et, sous toutes sortes de déguisements,
tente de revoir Iseult la Blonde.
Tantôt
il se fait passer pour un lépreux, tantôt
pour un pèlerin, tantôt pour un fou ...
Un jour, Tristan porte secours à
Kaherdin engagé dans une
malheureuse aventure amoureuse
qui tourne mal.
Son ami est tué,
et lui-même mortellement blessé.
Tristan mourant réclame Iseult la
Blonde, seule capable de le sauver.
Celle-ci embarque aussitôt pour se
précipiter à son chevet.
Mais Iseult aux Blanches-Mains,
l'épouse légitime, qui veille Tristan, est
ravagée par la jalousie et, alors que sa
rivale est sur le point de débarquer
d'un navire arborant la voile blanche
de l'espoir, elle annonce à son mari
une voile noire, signe d'absence.
Cene fausse information désespère
Tristan, qui meurt aussitôt.
Iseult la Blonde arrive trop tard, elle
se jette sur son cadavre et meurt à
son tour.
Le roi Marc, informé de toute l'histoire
et surtout du philtre d'amour à
l'origine de la passion irrésistible de
Tristan et Iseult, se montre magnanime
et décide de les faire inhumer côte à
côte en son royaume de Cornouailles.
Sur leur tombe poussent bientôt deux inextricablement,
et, si on les coupe,
ils repoussent encore plus vigoureux.
COMMENTAIRES
fait penser au roi Arthur confronté à
l'amour de sa femme Guenièvre envers
son chevalier favori, Lancelot.
Comme
lui, il incarne la grandeur d'âme royale
et en même temps évoque la figure du
père, compréhensif et juste.
A sa cour, il a comblé de bienfaits
Tristan et d'abord se croit et, en fait,
se sait trahi.
Dans un premier temps, il
est emporté par la colère et le dépit,
il veut se venger- réaction ordinaire -,
mais très vite il sublime ses
sentiments, redevient maitre de lui
même, réintègre sa position
dominante de chef de famille{ de roi,
protecteur et généreux.
Il aime autant
Tristan qu'Iseult, il comprend que leur
amour réciproque n'est pas injurieux
envers lui, que la fatalité se joue des
pauvres humains, et il sait se montrer
réellement magnanime, «souverain n
dans le pardon.
• Tristan, c'est le parfait chevalier,
doué en tout, séduisant, lié comme il
se doit par un serment de fidélité à
son seigneur, le roi Marc.
Sa vie
bascule dans une autre dimension
avec la rencontre d'un géant et une
blessure par une pointe de lance
empoisonnée- préfiguration de la
blessure d'amour à venir.
La dérive
maritime qui s'ensuit est un voyage
initiatique vers des rivages hors du
f-------------.....l.---------------1 monde ordinaire, normal.
Tristan
UN OP(RA : TRISTAN ET ISOLDE, DE RICHARD WAGNER
passe dans un univers magique, quasi
Créé en 1865 au Théatre-Royal de
Munich et repris à Bayreuth en 1886,
ce drame lyrique en trois actes a été
adapté en français à Bruxelles en
1894 et enfin à Paris en 1900.
Tristan et Isolde
(Hl/a Lit'li1111)
sont en bateau et
voguent en toute
innocence vers le
roi Marke (rôle
dévolu à une
-- :wo .....
•-•basse ), que
la jeune fille doit épouser.
Brangaene
leur fait boire à leur insu un philtre
d'amour qui les lie désormais d'une
passion irrésistible.
Un traître, Melo!,
les dénonce au roi et, au cours d'une
chasse de nuit, Marke prend les
amants sur le
fait.
Tristan
(Lauritz
Melthlot'),
furieux, se jette
sur l'épée de
Melo! et se
blesse grièvement.
Le fidèle écuyer
Kurwenal conduit Tristan au château
de Kéréol, où Isolde le rejoint enfin.
Tous deux trouvent dans la mort
l'accomplissement extatique
de leur amour, en échappant aux
douleurs et aux contingences du
monde réel.
Certains commentateurs n'ont pas été
sans remarquer que Richard Wagner,
amoureux de Cosima, a ravi celle-ci à
son ami, le chef d'orchestre Hans von
Bülow, dont elle était l'épouse ...
onirique
: enchantement que sa
guérison par Iseult la Blonde, magie
que le philtre d'amour.
..
Et sa passion
amoureuse est marquée du sceau de
l'inéluctable, il est entraîné malgré lui
dans une aventure qui le dépasse, où
intervient la force du destin.
• Iseult la Blonde, à l'instar de la
reine Guenièvre, est partagée entre
amour et devoir, elle voudrait
gagner sur les deux tableaux, vivre
intensément sa vie adultère, mais aussi
être la noble dame et digne épouse,
rôle auquel elle a été préparée par
son éducation et qui convient à sa
règle morale.
Elle est déchirée par •
En 1943, en pleine Occupation donc,
le réalisateur français Jean Delannoy
met en
scène
L'ttemel Retour.
une
version
moderne de
la légende
de Tristan
et Iseut.
Le scénario
et les
dialogues sont signés Jean Cocteau.
Le beau Patrice (Jean Marais), neveu
de Marc (Jean Murat), ramène au
château de celui-ci la blonde Nathalie
(Madeleine Sologne), qui doit
épouser le maitre de céans.
Le vilain
nain Achille (Piéral), autre hôte
du château, veut par jalousie
empoisonner Patrice et Nathalie,
mais il leur fait boire par erreur
un breuvage enchanté.
Ce philtre
d'amour lie désormais les jeunes gens
d'une passion fatale.
Ici, c'est une
Nathalie 2 (Junie Astor) qui remplace
l'obligation de choix, et par le
renoncement à une authentique part
d'elle-même qu'implique ce choix.
Elle
est avec la même sincérité les deux
faces de son personnage, et cene
complexité la rend étonnamment
moderne.
Dans certaines versions de
sa légende, elle propose en toute
bonne foi de se soumettre au
jugement de Dieu (épreuve du feu)
pour prouver à son mari son
innocence, et en même temps elle
prévoit de falsifier le résultat! Elle
échappe aux stéréotypes antérieurs,
hérités de l'Antiquité, beaucoup plus
monolithiques, moins ambigus, moins
«humains».
• Iseult aux Blan(hes-Mains, c'est la
femme épousée sans amour, à la place
d'une autre, un substitut (l'homonymie
est à cet égard révélatrice).
Délaissée,
sexuellement frustrée, elle laisse la
tristesse et la désillusion des débuts de
son mariage se transformer en colère
et en désir de vengeance.
Même à
l'instant suprême où son mari agonise,
elle se montre mesquine, petite.
Ce personnage féminin, homologue de
Marc, le mari trompé, n'a pas droit aux
grandeurs de la psychologie du roi,
elle n'accède en rien aux sommets que
la.
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