La Fortune des Rougon de Zola
Publié le 06/04/2013
Extrait du document

La Fortune des Rougon est précédée d' une préface de Zola dans laquelle il expose les grandes lignes de son projet, cette Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire. Ce roman est en effet le premier du cycle des Rougon-Macquart, qui devait en comprendre une dizaine et qui, comme on le sait, en compte vingt. Zola vivait alors essentiellement du journalisme et il était encore peu connu, même s' il avait déjà publié des ouvrages tels que Contes à Ninon (1864), Mes Haines (1866), Mon Salon (1866) et Thérèse Raquin (1868).

«
« Dans les rues, ils
s'avancèrent le long des
maison s, muets , sur une
se ule file, comme de s
sauvages qui
partent pour la guerre.
»
~-------EXTRAITS
La bourgeoisie de Plassans
La bourgeoisie, les commerçants retirés, les
avocats, les notaires , tout le petit monde
aisé
et ambitieux qui peuple
la ville neuve, tâche de don
ner quelque vie à Plassans.
Ceux-là vont aux soirées de
M.
le sous-préfet et rêvent
de rendre des fêtes pa
reilles.
Ils font volontiers
de
la popularité, appellent
un ouvrier« mon brave »,
parlent des récoltes aux
paysans, lisent les jour
naux, se promènent le
dimanche avec leurs
dames.
Ce sont les es
prits avancés de l'en
droit , les seuls qui se
permettent de rire en
parlant des remparts ; ils
ont même plusieurs fois
réclamé de
« l'édilité » la
démolition de ces vieilles
murailles,
« vestiges d'un
autre âge ».
D'ailleurs, les
plus sceptiques d'entre
eux
reçoivent une violente commo
tion de joie chaque fois qu'un marquis ou
un comte veut bien les honorer d'un léger
salut.
Le rêve de tout bourgeois de la ville
neuve est d'être admis dans un salon du
quartier Saint-Marc.
Ils savent bien que ce
rêve est irréalisable,
etc' est ce qui leur fait
crier très haut qu'ils sont libres penseurs,
des libres penseurs tout
de paroles, fort amis
de l'autorité, se jetant dans les bras du pre
mier sauveur venu, au moindre grondement
du peuple.
Rougon, le bonapartiste
Le salon, ce noya u de conservateurs appar
tenant à tous les partis,
et qui grossissait
journellement,
eut bientôt une grande
influence.
Par la diversité de ses membres, et
surtout grâce à l'impulsion secrète que
chacun
d'eux recevait du clergé, il devint
le centre réactionnaire qui rayonna
sur
Plassans entier.
La tactique du marquis, qui
s'effaçait,
fit regarder Rougon comme
le chef de la bande.
Antoine Macquart, le républicain
Ce qui fit surtout de lui un républicain
féroce, ce fut l'espéra nce de se venger enfin
des Rougon, qui se rangeaient franchement
du côté de la réaction.
Ah ! quel triomphe !
s'il pouvait un jour tenir Pierre et Félicité à
sa merci ! Bien que ces derniers eussent
fait d'asse z mauvaises affaires, ils étaient
devenus des bourgeois,
et lui, Macquart,
était resté ouvrier.
Cela l'exaspérait.
( ...
)
Quand il comparait les Macquart aux
Rougon , il éprouvait encore
une grande honte à voir
sa femme vendre des châ
taignes à la halle
et rem
pailler, le soir, les vieilles
chaises graisseuses
du quar
tier.
Cependant, Pierre était
son frère, il n'avait pas plus
droit que lui à vivre gras
sement de ses rentes.
Et,
d'ailleurs, c'était avec
l'a rgent qu'il lui avait
volé, qu'iljouaitaumon
sieur, aujourd'hui.
Dès
qu'il entamait ce sujet,
tout son être entrait en
rage.
( ...
)
Sa haine s'accrut en
core, lorsque les Rou
gon eurent groupé les
conservateurs autour d'eux,
et qu'ils
prirent, à Flassans, une certaine influence.
Le
fameux salon jaune devint , dans ses
bavardages ineptes de café, une caverne de
bandits, une réunion de scélérats qui
juraient chaque soir sur des poignards
d'égorger
le peuple.
« -Le prix du sang, le prix du sang ! dit-elle , à plusieurs
reprises.
J 'ai entendu l'or ...
Et ce sont eux,
eux, qui l'ont vendu.
Ah ! les assassins ! Ce sont des loups .
»
NOTES DE L'ÉDITEUR
«Un automatisme s'est étab li, depuis trois
quarts de siècle à peu près, dans la critique
officielle: Zola écrit
mal; Zola n'écrit pas ;
un maçon musclé, pas un artiste.( ...
)" On
ne me lit pas ", disait Zola, vers la fin de sa
vie.
Et ce mot semblait une boutade,
paradoxale, chez cet écrivain si jalousé de
ses confrères pour l'énormit é de ses tirages .
C'était vrai.
Lire
ne veut pas dire dévorer,
chercher le choc, courir aux morceaux de bravoure,
aux pages culminantes, à ces
violences de vérité pour lesquelles la foule
se ruait sur
Nana, ou Germinal, ou La Bête
humaine.
Lire veut dire avancer dans un
écrit patiemment, ligne à ligne.
Que de
trouvailles on fait alors dans cette œuvre
immense de Zola où rien n
'es t bâclé . ..
»
Henri Guillemin, préface de La Fortune
des Rougon ,
Éditions Rencontre , 1976.
objets-symboles
qui n
'appartient qu'à lui, le
romancier des Rougon-Macquart devait
ordonner tout le drame de l'insurrection
du
Var autour de deux personnage s, les
Rempart s et la Colonne : les remparts de
Plassans , petite ville peureuse , claquemurée
comme a
ux siècle s passés , symbole de
conservatisme archaïque, et la Colonne des
paysans, déroulant sa marche sur les routes,
symbole
du peuple en mouvement.
»
« Avec une sûre intuition (ou information)
historique, et avec ce sens de l'animation des
1 détail du portrait de Zola par .M ane t (1868 ), mu sée d'Ors ay I Edimédia 2, 3, 4, 5 gravu res de Tim I éd.
Fasquelle .
Paris
M.
Agulhon, Nouvelle Histoire de la France
contemporaine,
Seuil, 1973.
ZOLA 13.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- FORTUNE DES ROUGON (La) d'Émile ZOLA (résumé & analyse)
- La Curée (la Fortune des Rougon) de Zola (résumé)
- Émile Zola, La Fortune des Rougon, chapitre I, 1871.
- Émile ZOLA : La Fortune des Rougon
- La fortune des Rougon zola