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LA FAYETTE (MADAME DE): La Princesse de Clèves (Analyse et Résumé)

Publié le 18/11/2010

Extrait du document

fayette
«Elle connut bien qu'elle s'était trompée lorsqu'elle avait cru n'avoir plus que de l'indifférence pour M. de Nemours. Ce qu'il lui avait dit avait fait toute l'impression qu'il pouvait souhaiter et l'avait entièrement persuadée de sa passion. Les actions de ce prince s'accordaient trop bien avec ses paroles pour laisser quelques doutes à cette princesse. Elle ne se flatta plus de l'espérance de ne le pas aimer ; elle songea seulement à ne lui en donner aucune marque.«
(Ibid, Deuxième Partie)
Bientôt, elle prend conscience du caractère intolérable de cette passion :
«Elle trouva qu'il était presque impossible qu'elle pût être contente de sa passion. Mais quand je le pourrais être, disait-elle, qu'en veux-je faire ? Veux-je la souffrir ? Veux-je y répondre ? Veux-je m'engager dans une galanterie ? Veux-je manquer à M. de Clèves. Veux-je me manquer à moi-même ? Et veux-je enfin m'exposer aux cruels repentirs et aux mortelles douleurs que donne l'amour ?«
(Ibid., Troisième Partie)

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« De même, on trouve dans ce roman des réminiscences de la casuistique amoureuse des précieux, avec les débatsmoraux qui agitent les personnages (une femme doit-elle aller au bal si son amant y assiste ?), ou avec une analysede l'amour qui reprend la distinction élaborée par Madeleine de Scudéry dans sa carte du Tendre entrereconnaissance, estime et inclination : «Il voyait avec beaucoup de peine que les sentiments de Mlle de Chartres ne passaient pas ceux de l'estime etde la reconnaissance.» (Ibid.) Certains épisodes encore ne sont pas sans rappeler le roman héroïque par leur caractère romanesque (le portraitdérobé, la lettre subtilisée) et la manière dont ils contredisent la vraisemblance (l'aveu au mari entendu par hasardpar l' amant) ; ce sont autant de «poncifs» du roman héroïque traditionnel. Restent enfin la structure du récit et son cadre, qui sont les marques les plus flagrantes de la mutation romanesque,en ce sens qu'on a affaire là à deux motifs hérités du roman héroïque mais détournés de leur utilisation premièrepour servir un propos entièrement renouvelé.

La structure offre ce même enchâssement de récits secondaires quel'on trouvait dans les romans de l'époque de Louis XIII ; mais en réalité les intrigues annexes convergent toutes icivers le thème central du récit, celui des «désordres de l'amour».

Le cadre, celui de l'Histoire, comme chez Madeleinede Scudéry, témoigne clairement de la rupture qui s'est opérée : car l'histoire convoquée ici n'est plus une histoirelointaine et fantaisiste, mais une histoire récente, fidèle et documentée, garante de vraisemblance. 2.

L'ESPRIT, LE COEUR ET L'ÂME, NOUVEAUX LIEUX ROMANESQUES Autour de ses héros principaux, La Princesse de Clèves met en scène des personnages réels (Henri II, Catherine de Médicis, Diane de Poitiers, Marie Stuart, etc.).

Mais en vérité, la couleur historique importe peu ici.

On l'a vu,Madame de La Fayette s'est peu souciée de l'invraisemblance que pouvaient constituer certains motifs empruntésau roman baroque.

De la même façon, le cadre et les personnages historiques ne l'intéressent que dans la mesure oùils peuvent servir son propos, qui est tout autre qu'historique.

Si la romancière avait d'abord songé à intituler sonouvrage Mémoires et à traiter son sujet en mémorialiste, elle y renonce vite, d'une part car l'intrigue et les personnages principaux étaient inventés, d'autre part, parce que la vie intérieure prime dans La Princesse de Clèves sur le déroulement des actions extérieures.

Les événements d'ailleurs ne sont intégrés au récit que dans la mesureoù ils déterminent le comportement des personnages. Ainsi, la peinture de la Cour, certes conforme à l'esthétique du temps, qui exige de la noblesse avant toute chose,assume d'abord une fonction symbolique, en ce qu'elle représente le «milieu», au sens quasi biologique du terme,indispensable au développement de la passion.

Les premières pages sont consacrées à la peinture de ce milieu bruissant d'intrigues politiques et galantes, monde de faux-semblants, raffiné et corrompu tout à la fois, soumis auxapparences.

C'est dans ce milieu que se trouve plongée soudain Mademoiselle de Chartres, élevée par sa mère dansla vertu et la rigueur.

Dès lors, inéluctablement, elle se trouve mise en danger: «Mme de Chartres qui avait eu tant d'application pour inspirer la vertu à sa fille, ne discontinua pas de prendreles mêmes soins dans un lieu où ils étaient si nécessaires et où il y avait tant d'exemples si dangereux.» (La Princesse de Clèves, Première Partie) La Princesse de Clèves conte la lutte d'un esprit, d'un coeur et d'une âme contre l'enfermement diabolique où la passion se révèle inévitable en même temps qu'invivable.

C'est la Cour en effet, où chacun vit sans cesse avecchacun, qui réunit Mme de Clèves et le duc de Nemours lors d'un bal ; c'est le regard de la Cour qui semble scellerleur passion, avant même qu'ils en soient conscients : «Quand ils commencèrent à danser, il s'éleva dans la salle un murmure de louanges.» (Ibid., Première Partie) Mais c'est la Cour également, et les bienséances qu'elle impose, qui rend cet amour impossible tout en enexacerbant la force.

Dès cette première rencontre au bal, tout le propos du roman est de nous faire suivrel'évolution de la passion dont les progrès inexorables sanctionnent un triple échec, celui de l'esprit, celui du coeur etcelui de l'âme. Mme de Clèves prétend dans un premier temps nier son amour pour Nemours.

C'est aux ressources de la vertu et dela raison qu'elle en appelle.

Bientôt pourtant la raison de Mme de Clèves doit abdiquer devant la force du sentimentqui l'habite.

En découvrant la jalousie, la princesse est contrainte de s'avouer qu'elle aime Nemours : «Elle connut bien qu'elle s'était trompée lorsqu'elle avait cru n'avoir plus que de l'indifférence pour M.

deNemours.

Ce qu'il lui avait dit avait fait toute l'impression qu'il pouvait souhaiter et l'avait entièrementpersuadée de sa passion.

Les actions de ce prince s'accordaient trop bien avec ses paroles pour laisserquelques doutes à cette princesse.

Elle ne se flatta plus de l'espérance de ne le pas aimer ; elle songeaseulement à ne lui en donner aucune marque.» (Ibid, Deuxième Partie) Bientôt, elle prend conscience du caractère intolérable de cette passion :. »

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