LA BRUYÈRE: Les Caractères (Fiche de lecture)
Publié le 18/11/2010
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I. Des ouvrages de l'esprit II. Du mérite personnel III. Des femmes Du coeur De la société et de la conversation Des biens de fortune De la ville De la cour Des grands Du souverain ou de la république De l'homme Des jugements De la mode De quelques usages De la chaire Des esprits forts
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ses vertus.
À côté du doux rêveur Ménalque, paraissent des personnages bien plus détestables, tels Onuphre,l'hypocrite, le faux dévot, cousin de Tartuffe, ou Gnathon, incarnation de l'égoïsme :
«Gnathon ne vit que pour soi, et tous les hommes ensemble sont à son égard comme s'ils n'étaient point [...]Tout ce qu'il trouve sous sa main lui est propre, hardes, équipages.
Il embarrasse tout le monde, ne secontraint pour personne, ne connaît de maux que les siens, que sa réplétion et sa bile, ne pleure point la mortdes autres, n'appréhende que la sienne, qu'il rachèterait volontiers de l'extinction du genre humain.»
(Ibid., XI, «De l'homme»)
Ils sont nombreux encore à composer la galerie des Caractères.
La Bruyère resitue chacun d'entre eux dans son univers et fait apparaître, derrière chaque individu croqué, l'arrière-plan d'une société dont il prétend dresser untableau presque exhaustif, comme en témoignent les titres de ses seize chapitres :
I.
Des ouvrages de l'espritII.
Du mérite personnelIII.
Des femmes
Du coeur IV.
De la société et de la conversation V.
Des biens de fortune VI.
De la ville VII.
De la cour VIII.
Des grands IX.
Du souverain ou de la république X.
De l'homme XI.
Des jugements XII.
De la mode XIII.
De quelques usages XIV.
De la chaire XV.
Des esprits forts XVI.
Là où Saint-Simon, si proche de La Bruyère dans sa manière de portraitiste satirique, limite son champ d'observationà la Cour, l'auteur des Caractères semble avoir, comme en témoigne cette énumération, un projet plus totalisant.
2.
UNE ESTHÉTIQUE DU FRAGMENT
Au regard de cette ambition totalisante, l'aspect morcelé, voire décousu, de l'oeuvre peut surprendre et méritequ'on s'interroge sur son sens.
Si l'on a évoqué les portraits qui composent Les Caractères, ils ne résument pas l'ouvrage à eux seuls.
La Bruyère a également maintes fois recours à la maxime, séquence brève, le plus souvent limitée à une seule phrase, et quiconstitue généralement une affirmation à valeur universelle :
«Une femme inconstante est celle qui n'aime plus, une légère celle qui déjà en aime un autre, une volage celle qui nesait si elle aime et ce qu'elle aime, une indifférente celle qui n'aime rien.» (Les Caractères, III, «Des femmes»)
La maxime peut même être extrêmement brève, c'est alors un aphorisme: «Le temps, qui fortifie les amitiés,affaiblit l'amour.»
(Ibid., IV, «Du coeur»
Enfin, la maxime a souvent une portée morale :
«Nous devons travailler à nous rendre très dignes de quelque emploi ; le reste ne nous regarde point, c'estl'affaire des autres.»
(Ibid., «Du mérite personnel»).
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