La Bonne Chanson de Verlaine
Publié le 11/11/2018
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La Bonne Chanson
Publié chez Lemerre en décembre 1870, le recueil avait été achevé dès le début de l’année. Il intervient à un moment important de la vie de Verlaine, qui épouse Mathilde Mauté de Fleurville et lui dédie « ce petit livre/Où plein d'espoir chante l’Amour »... (dédicace manuscrite du 5 juillet 1870).
On trouve un peu plus loin dans le même texte une strophe qui définit bien l’esprit de ces poèmes :
Espérons, ma mie, espérons!
Va! les heureux de cette vie
Bientôt nous porteront envie Tellement nous nous aimerons!
Vingt et un poèmes sans titre composent donc une sorte d’offrande nuptiale, à quoi l’on a coutume d’ajouter trois « Vieilles “bonnes chansons” » un peu lestes et composées vers la même époque (inédites jusqu’en 1895).
Ces noces se veulent d’abord une réconciliation avec le bonheur : elles doivent révéler un nouvel homme qui dit adieu aux « poings crispés », à la « colère », aux méchants et aux sots. J. Borel, dans son introduction au recueil, remarque d’ailleurs que ce revirement du signifié a son écho dans le signifiant; il y aurait là ce que le critique appelle un « prodigieux recul » par rapport aux œuvres précédentes : « le mot-son le cède à nouveau au mot-signe, le suggéré à l’explicite, au concept l’image ou le chant ». Il serait paradoxal cependant de ne voir dans ces poèmes qu’un recul ou un refus : ces poèmes expriment surtout une adhésion au monde, on l'a vu; ils installent une magie heureuse à opposer aux climats ambigus d’autrefois. Les présences qui peuplent les paysages sont en effet complices d’un amour euphorique qu’elles encouragent :
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