LA BOETIE : Discours de la servitude volontaire
Publié le 23/02/2013
Extrait du document
Les mêmes réflexions ont inspiré la poésie de La Boétie et son essai politique. En témoignent ces vers de jeunesse : « Même les boeufs sous le poids du joug geignent, et les oiseaux dans la cage se plaignent. « On connaît la relation privilégiée qu' entretenait La Boétie avec Montaigne. Dans un Essai consacré à l'amitié, Montaigne rend hommage à La Boétie, auquel il reprit d'ailleurs l' essentiel de ses théories politiques.
«
!Al.
EXTRAITS
Le devoir de défendre sa liberté
Mais , à la vérité, c'est bien pour néant de
débattre si la liberté est naturelle, puisqu'on
ne
peut tenir aucun en servitude, sans lui
faire tort, et qu'il
n'y a rien si contraire au
monde , à
la nature , étant tout raisonnable ,
que l'injure.
Reste donc
la liberté être na
volontiers qu'on dirait, à le voir; qu'il a non
pas perdu sa liberté, mais gagné sa servi
tude.
Il est vrai
qu'au commencement on
sert contraint et vaincu par
la force; mais
ceux qui viennent après servent sans regret
et font volontiers ce que leurs devanciers
· avaient fait par contrainte.
C'est cela, que
les hommes naissant sous le joug, et puis
nourris et élevés dans
le servage, sans re
garder plus avant, se contentent de vivre
comme ils sont
nés, et ne pensènt point avoir
autre bien ni autre droit que ce qu'ils ont
trou
vé, ils prennent pour leur naturel l'état
de leur naissance.
ESTIENNE DE LA BOETIE
turelle, et par même
moyen
à mon avis,
nous ne sommes pas
nés seulement en pos
session
de notre fran
chise, mais aussi avec
affection de la dé
f e ndre.
Or; si d'aven
ture nous nous faisons
quelque doute en cela,
et sommes tant abâtar
dis que ne puissions
reconnaître nos biens
ni semblablement nos
naïves affections , il
faudra que
je vous
fass e l'honneur qui
vous appartient, et que
je monte , par manière
de dire, les bêtes bru-
Le peuple nourrit le tyran qui l'accable
(extrait
du Discours publié dans Le
Réveille-Matin des Français et de leurs
voisins, 1574)
,..,
Vou s semez vos fruits, afin qu'il en fasse
d égâ
t; vous meuble z et remplisse z vos mai
sons, afin de fournir à ses pille ries ; vous
nourrisse z vos filles , afin
qu'il ait de
quoi soûler sa luxure.
« C'est un Discours auquel il donna le nom
de La Servitude volo11taire, mais ceux
qui l'ont ignoré l'ont bien proprement
depuis rebaptisé Le Co11tr'1111.
» Montaigne
tes en chaire, pour
vous enseigner votre nature et condition.
Les bêtes, ce maid 'Dieu ! si les hommes ne
font trop les sourds, leur crient : VIVE
LIBERTÉ! Plusieurs en y a d'e ntre elles
qui meurent aussitôt qu'elles sont prises :
comme
le poisson quitte la vie aussitôt que
l
'eau, pareillement celles-là quittent la lu
mière et ne veulent point survivre à leur na
turelle franchise.
L'habitude de la servitude
Il n'est pas c royable comme le peuple, dès
lors qu'il est assujetti , tombe si soudain
en
un tel et si profond oubli de la franchise ,
qu '
il n'est pas possible qu 'il se réveille pour
la ravoir, servant si franchement et tant
Vous rompe z à la peine
vos personnes , afin
qu '
il se puisse mignar
der en ses délices et se
vautrer dans les sales et
vilains plaisirs ; vous
vous affaiblissez, afin
de le rendre plus
fort
et roide à vous tenir
plus courte
la bride ; et
de tant d'indignités,
qu e les bêtes mêmes ou
ne les sentiraient point
ou ne l'e ndureraient
point, vous pouve z vous
e n délivrer, si vous
l'essa yez, non pas de
vous en délivrer, mais
seulement
de le vouloir
faire .
NOTES DE L'ÉDITEUR «C 'est un Discours, auquel il donna le nom
de
La Servitude volontaire, mais ceux qui
l'ont ignoré
l'ont bien proprement depuis
rebaptisé
Le Contre'un.
Il l'écrivit par
manière d'essai en sa première jeunesse,
à
l'honneur de la liberté contre les tyrans.
»
Montaigne, Essais.
1530 : Naissance de La Boétie à Sarlat.
Il appartient
à un milieu aisé et cultivé.
On situe vers 1546 la rédaction du Dis cours
de la servitude volontaire.
Ses fonctions à
la Cour de Bordeaux l'amènent vers 1557
à rencontrer Michel de Montaigne, ami
qui recueillera son dernier soupir lorsque
la maladie l'emportera en 1563.
1 coll.
Vio ll et 2.
Fran ço is Ie r fait prisonnier à Padoue I Len Sirman Pho1 os
« Le Traité de La Servitud e volontaire qui,
bien
lu, n'est à vrai dire qu 'une déclamation
classique et
un chef-d' œuvre de seconde
année de rhétorique( ...
) annonce bien de la
3.
4 Edition s du Raisin, Pari s.
1944 / B.N .
Page du Discours d'une
édition de 1944
D'aNoir pi11Jiu1rs 1tÏ[JltMn aM(IJll bien ie n) voyi Q!!.J11 ,.ran.1 plm-' soit lt maifln , & tpbm stMJ 10it k "!}1
ce disoit Ulisse en Homerc, parlant en
public .
S'il n'eust rien plus dit, sinon
D'avoir pilUÎrurs 1eignntn 11JKMn bim it nj "!)',
c'es toit autant bien dit que rien plus : mais,
au lieu que, pour le raisonner il falloit dire
que la_ domination de plusieurs ne pouuoit
estre bonne, puisque la puissance d'un seul,
deslor s qu'il prend ce tiltre de maistre, est
Il
fermeté de pensée et du talent d'écrire .( ...
)
L'œuvre déclamatoire, toute grecque et
romaine, contre les tyrans, et qui provoque
à l'aveugle le poignard des Brutus , fut sa
tragédie de collège .
» Sainte-Beuve.
«La Boétie n'est pas seulement un écrivain,
il est un penseur.
Le souffle oratoire ne
trahit pas la sincérité des accents
pathétiques .
» Discours de la servitude
volontaire,
introduction de S.
Goyard
Fabre, Flammarion, 1983.
LA BOÉT I E02.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Notes philosophiques sur LA BOETIE Discours de la Servitude volontaire (le Contre Un)
- la boetie discours de la servitude volontaire
- LA BOETIE, Etienne de (1530-1563) Ecrivain, humaniste, ami de Montaigne, il s'est élevé contre la tyrannie dans son Discours sur la servitude volontaire ou Contr'un.
- ETIENNE DE LA BOETIE : DISCOURS DE LA SERVITUDE VOLONTAIRE (Résumé & Analyse)
- DISCOURS DE LA SERVITUDE VOLONTAIRE. par Etienne de la Boétie (résumé et analyse)