LÀ-BAS de Joris-Karl Huysmans (résumé & analyse)

LÀ-BAS de 

Joris-Karl Huysmans. Roman, 1891.

Devant la Crucifixion du peintre Grünewald, Durtal décide de se faire «puisatier d’âmes»: il se livre à toutes les expériences. Il s’initie à l’adultère avec l’épouse hystérique d’un écrivain catholique, à la magie noire avec un prêtre excommunié. Ce satanisme conduirait probablement Durtal à se renier lui-même, s’il ne gardait contact avec un petit groupe d’intellectuels. Parallèlement, il mène une enquête sur Gilles de Rais, et il découvre au bout du parcours qu’il y a une limite à la noirceur, au crime, mais non à la beauté ou à l’amour.

♦ De la période naturaliste de Huysmans (1848-1907), Là-bas retient l’emmagasi-nement d’une somme d’observations, un travail de documentation sur un sujet: ici, le satanisme. Cependant, cette «étude d’après nature et documents» se veut une violente charge contre le naturalisme. Là-bas amorce un processus d’effacement de l’intrigue, un amenuisement des personnages, une disqualification de la fiction. Le dialogue que le personnage central — et l’auteur — entreprend avec le Moyen Âge fait référence au romantisme; mais bien davantage: le symbole auquel Huysmans a recours devient art de «deviner l’énigme» et «d’en garder la solution résumée en une visible formule, en un durable contour ». L’énumération naturaliste se fait ici déchiffrement de signes, et le monde, une écriture dont on pressent le sens comme un appel. Là-bas, En route (1895), La Cathédrale (1898) et L'Oblat (1903) décrivent l’itinéraire hésitant d’une conversion, puis le retour angoissé au monde.