L'« Histoire de France » du moine Richer

« doard et Gerbert, en assurent la renommée.

Depuis Charle- magne, le nord de la France est la terre du savoir.

Ces deux hommes, des ecclé- siastiques, comptent beau- coup dans la vie du moine écrivain.

Le premier, auteur de célèbres Annales, est mort en 966.

Richer se nourrit avi- dement de ses écrits.

Dans la première partie de son Histoire de France, le religieux s'inspire largement des faits et des événements que Frodoard décrit avec précision.

L'influence de Gerbert d'Au- rillac dans la vie de Richer est encore plus importante.

C'est à lui que le moine dédie son oeuvre.

Lorsque Richer com- mence à écrire son Histoire de France, Gerbert vient d'être élu archevêque de Reims et jouit d'une brillante réputation.

Par la qualité de son enseigne- ment, il a attiré dans la cité de saint Rémi une nombreuse jeunesse, venue d'Allemagne, de Gaule et d'Italie.

De mauvaises intrigues ont permis à Arnoul, fils naturel de Lothaire, l'avant-dernier des Carolingiens, clerc à Laon, de devenir archevêque de Reims à la mort d'Adalbéron.

Ce der- nier avait pourtant recomman- dé Gerbert d'Aurillac, son conseiller.

Persuasif et rusé, Amoul a réussi à emporter la décision d'Hugues Capet...

Le vent tourne lorsque Charles de Lorraine, l'oncle d'Arnoul, pille Reims et s'empare de la cité.

On soupçonne une trahi- son d'Arnoul, qui est déposé.

Gerbert accède alors au siège épiscopal.

Une « Histoire » qui finit brutalement Témoin direct des événe- ments, le moine Richer relate abondamment les démêlés religieux qui agitent l'arche- vêché de Reims.

Soutenant Gerbert, il s'en prend violem- ment à Arnoul, dont il trace un portrait peu amène.

Las ! L'histoire a des hoquets ! Arnoul revient en faveur et re- trouve l'archevêché de Reims en 995.

Le moine Richer inter- rompt abruptement la rédac- tion de son Histoire de France après le récit du concile de Mouson, qui s'est tenu en juin 995.

Pour les trois années qui suivent, il n'y ajoutera que quelques notes.

Dans ces années-là, Gerbert d'Aurillac se voit confier l'évêché de Ravenne, en Ita- lie, par l'empereur germa- nique Othon III.

En 999, il est élu pape sous le nom de Syl- vestre II, premier souverain pontife d'origine française Richer l'aurait-il suivi dans son ascension ? Cela expli- querait l'arrêt brutal de son Histoire de France.

A - t - il choisi le silence, désireux de se faire oublier d'un Arnoul qui l'avait malmené ? Nul ne le sait.

Est-il mort à ce moment- là ? Peut-être aussi...

Formée de quatre livres, l'oeuvre de Richer couvre la période allant de 882 à 998.

Reprenant les Annales de Fro- doard, citant les souvenirs de son père, utilisant les siens propres, y mêlant les tradi- tions légendaires, le moine relate les règnes des derniers rois carolingiens.

Il voue une admiration sans borne à l'his- torien latin Salluste.

Il est aussi très attiré par la culture scientifique, en particulier par la médecine.

En 991, le moine de Saint-Rémi accomplit un périlleux voyage à Chartres, qu'il raconte plaisamment, pour consulter des ouvrages d'Hippocrate.

Dans son oeuvre, il décrit par le menu les maladies de ses personnages.

Est-il fiable ? Pas toujours en tant qu'histo- rien.

Richer aime la rhétorique et se fait souvent écrivain.

UN MANUSCRIT RETROUVÉ EN BAVIÈRE L'Histoire de France du moine Richer n'a pas connu, semble-t-il, une grande diffusion.

Un seul manuscrit du texte a été répertorié.

Miracle ! Il est probablement écrit de la main même du chroniqueur.

Composé d'une cinquantaine de feuilles de parchemin, l'ouvrage comporte des annotations et des corrections.

Après avoir longuement sommeillé dans une bibliothèque publique bavaroise, le manuscrit fut retrouvé par un érudit en 1833 à Bamberg.

Il provient d'un prestigieux couvent médiéval, Saint-Michel de Bamberg, qui fut ravagé au milieu du XV` siècle.

Il est probable qu'à cette époque la bibliothèque fut transférée au chapitre de la ville.

Toutefois, on connaissait bien auparavant l'existence des relations de Richer, qui ont été citées et reprises par des chroniques écrites au Moyen Âge.

Soldat du temps des Carolingiens, une époque évoquée par Richer dans son Histoire de France.

11 ATLA S MCMXCIX 011 .

ÉDITIONS ATLA S 728.

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