L' Arlésienne de Daudet
Publié le 05/04/2013
Extrait du document

« Quant au voyage d'octobre, il est décidé. On joue L' Arlésienne au Vaudeville en septembre, et sitôt après, succès ou non, en route ! Le Vaccarès, le Mas de Giraud, etc., tout cela et bien d'autres choses encore est dans mon drame. « (Alphonse Daudet, Lettres familiales.) L' Arlésienne a été adaptée deux fois au cinéma. La première fois par Jean de Baroncelli ( 1930), avec, notamment, Charles Vanel; la seconde fois par Marc Allégret (1941), avec Gaby Morlay, Gisèle Pascal, Toinon, Raimu et Louis Jourdan.

«
«Hier, il est resté
plus d'une heure
devant la maison
du pontonnier, avec
des yeux fous.
,.
EXTRAITS ~ ~~~~ ~~~
BALTHAZAR.
-( ...
)D'abord, je trouve que
votre Frédéri est bien jeune, et que vous êtes
trop pressés de l'établir ...
FRANCET MAMAI.
-Mais saint homme ! C'est
lui qui est pressé, ce n'est pas nous.
Puisque
je te dis qu'il en
est fou, de son
Arlésienne ; depuis
trois mois qu'ils vont
ensemble,
il ne dort
plus, il ne mange
plus.
C'est comme
une fièvre d'amour
que lui a donnée
cette petite...
Puis
enfin, quoi ! l'enfant
a ses beaux vingt ans
et il languit de s'en
servir.
BALTIIAZAR, secouant
sa pipe.
- Alors, tant
qu'à le marier, vous
auriez dû lui trouver
par là, aux environs,
une brave ménagère
bien fournie de
fil et
d'aiguille, quelque
chose de fin et de capable, quis' entende à
faire une lessive, à conduire une olivade,
une vraie paysanne enfin !
FRANCET MAMAI.
- Ah ! sûrement qu'une
fille du pays aurait bien mieux été l'affaire ...
BALTHAZAR.
- Dieu merci ! Ce n'est pas le
gibier
qui manque en terre de Camargue ...
Tiens ! ...
sans aller bien loin, la fileuse de
Rose, cette Vivette
Renaud que je vois trot
ter
par ici dans le temps de la moisson ...
Voilà une femme comme il lui en aurait
fallu ...
Premier tableau, scène 1
ROSE.
-Écoute, mon enfant, nous savons
tous que tu as une grande peine, dont tu ne
veux
pas nous parler.
Tu souffres, tu es mal
heureux ...
C'est cette femme, n'est-ce pas ?
FRÉDÉRI.
- Prenez garde, ma mère ...
On
avait dit qu'on ne prononcerait jamais ce
nom-là ici.
ROSE, avec explosion.
- li le faut pourtant
bien puisque tu en meurs ...
puisque tu en
veux mourir.
..
Oh! ne mens pas ...
Je le sais,
tu
n'as trouvé que ce moyen pour arracher
cette passion de ton cœur ;
c'est de t'en aller
de ce monde avec elle ...
Eh
bien! mon fils,
ne meurs pas ; comme qu'elle soit, cette
Arlésienne maudite, prends-la ...
Nous te la
donnons.
FRÉDÉRI.
- Est-ce possible ? ...
ma mère ...
mais vous
n'y songez pas! ...
Vous savez bien
ce que
c'est que cette femme ...
ROSE.
- Puisque tu l'aimes ...
FRÉDÉRI, très ému.
-Ainsi, vraiment, ma
mère, vous consentiriez? ...
Et vous, grand
père, qu'est-ce que vous en dites ? ...
Vous
rougissez ? vous baissez la tête ? Ah ! le
pauvre vieux, comme cela doit lui
coûter ...
Faut-il que vous m'aimiez tous
pourtant pour me faire un sacrifice pareil! ...
« Non, laisse
moi ; ...
lui
d'abord, son
Arlésienne
ensuite.
( ...
mais Rose
s'élance
au milieu d'eux) ,.
Eh bien! non, mille fois non ! Je ne l' ac
cepterai
pas ...
Relevez la tête, mes amis, et
regardez-moi sans rougir ...
La.
femme à qui
je donnerai votre nom en sera digne.je vous
jure ...
Troisième tableau, scène 6
NOTES DE L'ÉDITEUR
« Il était insensé de croire qu'en plein
boulevard, à cette coquette encoignure de
la Chaussée-d' Antin, sur le passage des
modes, des caprices, du tourbillon
chatoyant et changeant du
Tout-Paris,
on
s'intéresserait à ce drame d'amour se
passant dans une cour de ferme, une plaine
de Camargue, embaumant les greniers
pleins et les lavandes fleuries.
Ce fut une
chute resplendissante dans la plus jolie musique
du monde, en costumes de soie et
de velours, au milieu de décors d'opéra
comique.
»Alphonse Daudet, Histoire de
mes livres.
« Daudet, lui, se consolait comme il le
pouvait de l'échec de sa pièce.
D'une part,
il avait entendu la farandole de Bizet.
D'autre part,
dit-il," en me promenant dans
les coulisses du Vaudeville
et en coudoyant
tous ces costumes de là-bas,
je me croyais
sous les oliviers de mon pays.
"
Émile Zola ne jugeait pas comme le public
parisien.
Il appréciait
fort le drame de son
ami :
" Cette pièce n'en reste pas moins
une des œuvres les plus heureuses de
l'auteur, et j'imagine qu'elle reparaîtra
quelque part sur les planches et que le
public
l'acclamera."» M.-Th.
Jouveau,
Alphonse Daudet et Frédéric Mistral, la
Provence et le Félibrige,
édition de
l'auteur,
1980.
1 Sipa-lcono 2.
3 4, 5 eaux-fortes d'O.
Guillonnet, 1911, clichts BPU, Genève DAUDET04.
»
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