KANT: QU'EST-CE QUE LES LUMIÈRES ? (Résumé & Analyse)
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
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une dignité" (Kant).
(4) Pratique: est pratique tout ce qui est possible du fait de la liberté Les principes pratiques sont despropositions renfermant une détermination générale de la volonté: ils sont considérés par un sujet commevalant seulement pour sa volonté; ils sont objectifs et sont des lois pratiques, lorsqu'ils sont valables pour lavolonté de tout être raisonnable.
La connaissance pratique est la connaissance par laquelle je me représentece qui doit exister.
(5) Théorique: La connaissance théorique est la connaissance non pas de ce qui doit être, mais de ce quiexiste.
L'usage théorique de la raison est celui par lequel je connais a priori, nécessairement et universellementque quelque chose est.
QU'EST-CE QUE LES LUMIÈRES? (DEUXIEME ALINÉA).
[2] " La paresse et la lâcheté sont les causes qui expliquent qu'un si grand nombre d'hommes, après que lanature les a depuis longtemps affranchis d'une direction étrangère (naturaliter maiorennes) (1), demeurentpourtant leur vie durant volontiers mineurs ; et qu'il soit si facile à d'autres de se poser comme leurs tuteurs.
Ilest si confortable d'être mineur.
Si j'ai un livre qui a de l'entendement à ma place, un pasteur qui a de laconscience à ma place, un médecin qui juge à ma place de mon régime alimentaire, etc., je n'ai alors bien sûrnul besoin de m'en donner moi-même la peine.
Il ne m'est pas nécessaire de penser, du moment que je peuxpayer; d'autres se chargeront bien pour moi de ce travail fastidieux.
Que de loin la plus grande part deshommes (et parmi elle, la totalité du beau sexe) tienne, outre le fait qu'il est pénible à franchir, pour égalementtrès dangereux le dernier pas vers la majorité, c'est ce dont s'avisent ces tuteurs qui, très aimablement, ontpris sur eux d'exercer leur haute bienveillance sur ces hommes.
Après avoir, d'abord, rendu stupide leur bétaildomestique, et avoir soigneusement pris garde que ces paisibles créatures ne puissent oser faire un seul pashors du parc (2) où ils les ont enfermés, ils leur montrent ensuite le danger qui les menace si elles essaient demarcher seules.
Or ce danger n'est pas si grand qu'il paraît, car, moyennant quelques chutes, elles finiraientbien par apprendre à marcher ; mais le moindre exemple d'une telle chute les rend cependant timides et lesdissuade de faire une nouvelle tentative.
"
(1) naturellement majeurs.
(2) chariot où l'on installe les enfants qui ne savent pas encore marcher.
POURQUOI LA MINORITÉ ?
Au cours de ce second aliéna, la pensée de Kant se fait à la fois plus précise et surtout plus cynique et pluspolémique.
En effet, si dans le premier mouvement du texte, le philosophe allemand définissait de façongénérale les " Lumières " et incriminait la " lâcheté " des hommes abdiquant leur conscience à des directeurs deconscience, dans ce passage, il met au jour l'affairement de ces derniers à abêtir leurs ouailles et dénonce lesmécanismes pervers d'un tel processus à travers l'image d'un jeune enfant apprenant la marche.
Pour tenter de comprendre les mécanismes de l'aliénation, de la sclérose intellectuelles du " grand nombre ", dupeuple, Kant commence cet extrait par en repérer la double structure, la bipolarité.
D'abord, nous l'avons brièvement souligné déjà, c'est la " paresse " c'est-à-dire la propension au repos sanstravail préalable et la " lâcheté " c'est-à-dire la pusillanimité sans honneur qui sont causes efficientes del'obscurantisme dans lequel se complaît et duquel se repaît la majorité voire la quasi-totalité des hommes.
Etatde fait d'autant plus scandaleux et en un sens désespérant que les hommes sont depuis longtemps en capacitéd'utiliser leur propre entendement à leur " propre compte ".
Effectivement, ces hommes ne sont ni affligés destares de l'idiotie pas plus qu'ils ne souffrent de débilité congénitale.
Ils sont capables en droit de faire usage deleur raison propre.
Mais, en fait, se laissent asservir par quelqu'uns qui n'ont sur eux nulle supériorité naturellesinon un ascendant social et factuel qu'ils consentent bien de quelque manière à leur accorder.
Telle est donc la première cause de l'état de minorité : paresse pusillanime.
Or, une seconde cause explicative vient affermir et compléter ce processus d'aliénation de tous par quelqu'uns.On l'aura compris, la minorité appelle et facilite l'emprise des maîtres sur leurs esclaves, des tuteurs sur leursélèves, des rois sur leurs sujets comme le troupeau bêlant et apeuré appelle la protection du berger.
Soulignons que dans cette première phrase, Kant impute la responsabilité principale de cet état de fait à lapremière cause et la seconde vient comme finaliser, compléter le processus.
En effet, si les hommes avaient le courage de penser par eux-mêmes, nul ne viendrait le faire à leur place !
Mais, " il est si confortable d'être mineur " ajoute plaisamment Kant.
Effectivement quoi de plus sécurisant quel'infantilisme prolongé.
Nous ne résistons pas à joindre ici deux textes de Freud montrant lui aussi à sa manièrecomment l'illusion religieuse est la réactivation du désir d'être aimé et protégé propre à l'enfant :.
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