Justine ou les malheurs de la vertu - Marquis de Sade

« La nature n'est pas morale tH•Ht La nature n'est ni bonne ni mauvaise en soi.

Les distinctions morales ne sont que des conventions sociales.

L'homme doit suivre ses penchants naturels.

Comme la nature, ceux-ci peuvent être violents et destructeurs.

La bonté naturelle est une idée fausse L a vie est ce qu'elle est.

L'homme, par expérience, en connaît les excès, les intempé­ rances et les violences.

La vie ne se maintient que par la mort qu 'elle engendre.

Tempêtes, famines, épidémies coexistent avec une nature luxuriante, féconde, paisible et généreuse.

L'hoIDme qui suit ses penchants naturels n'est pas condaIDnable 0 n réprime le vio­ leur et l'assassin alors qu'ils ne font que suivre leurs penchants naturels.

Pourquoi ne réprime-t-on pas aussi la tempête qui dévaste, la maladie qui engendre la mort? Puisqu 'il n 'y a aucune bonté dans la nature , il n'y en a pas non plus en l'hom me.

Celui qui suit ses pen­ chants n'est pas plus coupable que la na­ ture, qui mêle toujours la vie à la mort.

Vice et vertu ne sont que des conventions P our Sade , il n'y a pas de Dieu , pas d'au­ delà.

Il n'y a que la nature et l'homme .

Ce dernier décrète par convention ce qui est bien et ce qui est mal.

La religion, qui définit l e vice et la vertu, n'est •Offrir partout le Vice triom· phant et la Vertu victime de ses sacrifices.• Marquis de Sade, Justine ou les malheurs de la vertu qu'une imposture.

Elle n 'a jamais empêché l e triomphe de celui-là sur celle-ci.

Le fait que le vice triomphe souvent de la vertu prouve que la nature est sans pitié.

Du reste, il y a bien plus d'avantages à se laisse r aller au vice qu'à con­ traindre sa nature au nom de la vertu.

La nature n'est ni bonne ni morale.

Le bien et le mal ne sont que des conventions.

Un homme ne peut être condamné parce qu'il suit ses penchants naturels.. »