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JUSTINE de Donatien Alphonse François, marquis de Sade (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)

Publié le 25/10/2018

Extrait du document

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JUSTINE. Titre qui recouvre trois textes différents de Donatien Alphonse François, marquis de Sade (17401814) : les Infortunes de la vertu, conte rédigé en 1787 et publié pour la première fois par Maurice Heine, à Paris chez Fourcade en 1930 ; Justine ou les Malheurs de la vertu, roman publié en 1791 ; et la Nouvelle Justine ou les Malheurs de la vertu, roman publié en 1797.
Prisonnier à la Bastille, Sade composa en 1787 et 1788 de nombreuses nouvelles. Onze d'entre elles formèrent le recueil, paru en 1800, des Crimes de l'amour. Parmi les autres, restées à l'état de manuscrit, il y avait les Infortunes de la vertu. Sade ne la publia pas telle quelle ; il la remania et la développa pour en faire un roman, Justine, qui est son premier ouvrage paru. Quelques années plus tard, il reprit de nouveau cette trame narrative pour l'étendre et en aggraver le caractère pornographique : ce fut la Nouvelle Justine qu'il fit suivre d'un récit parallèle, l'Histoire de Juliette, sa sœur. On possède ainsi trois versions d'une même intrigue : du conte voltairien au roman érotique, puis à l'épopée du mal. On passe de l'une à l'autre par un processus d'approfondissement de la radicalisation ; la version gazée et la version la plus violente prennent sens l'une par rapport à l'autre.
Deux sœurs issues de la grande bourgeoisie se retrouvent à la rue, après la ruine et la mort de leurs parents. Tandis que Juliette se jette sans hésiter dans la prostitution puis la haute courtisa-nerie, Justine s'enferme dans la fidélité à la morale qui lui a été inculquée. Ses échecs ne lui apprennent rien, elle s'obstine dans une vertu que l'expérience condamne. Chaque épisode illustre une vertu, pratiquée par Justine, et payée de nouveaux malheurs. La jeune fille cherche du secours auprès de sa couturière, qui la chasse, puis du curé de sa paroisse, qui veut abuser d'elle 81e s'engage alors comme servante auprès d'un avare qui l'accuse du vol qu'elle n'a justement pas voulu commettre. Arrêtée, elle s’enfuit de prison avec la Dubois qui l'entraîne dans une troupe de brigands : leur faussant compagnie pour ne pas devenir leur proie, elle séjourne successivement chez un jeune aristocrate homosexuel, le marquis de Bressac, qui veut la forcer à emprisonner sa mère, chez un chirurgien. Rodin, amateur de vivisections humaines, au couvent de Sainte-Marie-des-Bois où les moines, quatre libertins sans scrupule, entretiennent un sérail de victimes, et enfin chez Dalville. un faux-monnayeur caché dans la montagne. Malmenée, fouettée, violée, soumise aux pires sévices, la pauvre Justine se voit non moins obstinément accusée de crimes qu'elle n'a pas commis et condamnée à la place de ceux qui sont réellement coupables. Lors d'un transfert

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entre deux procès, elle est remarquée par une grande dame qui se révèle être sa sœur et qui lui fait raconter son histoire.

Recueillie par juliette, justine meurt, peu après, foudroyée dans un orage.

Si le fil narratif est à peu près commun aux trois versions, Justine et la Nouvelle Justine apportent des chan­ gements dans l'ordre des épisodes, dans le nom et le statut de certains per­ sonnages (le faux-monnayeur Dalville devient Roland, Mme de Bressac est tantôt la mère tantôt la tante du mar­ quis sodomite), et surtout des adjonc­ tions.

Justine introduit les nouveaux personnages de Saint-Florent, voya­ geur dont elle a sauvé la vie et qui s'acquitte de sa dette envers elle en la troussant et la détroussant, du comte de Gernande, redoutable amateur de saignées, de l'évêque de Grenoble, pré­ lat scélérat, et enfin de Cardoville, parlementaire chargé du dossier de jus­ tine, qui abuse d'elle avant de la faire condamner.

Avec la Nouvelle Justine font leur apparition une tribade, Mme Delmonse, un maniaque qui engrosse les femmes pour assassiner les enfants au bout de dix-huit mois, Ban­ dole, et le chef d'une troupe de men­ diants, Gaspard.

Les épisodes, esquissés dans les Infortunes de la vertu, se char­ gent de détails, se compliquent d'orgies systématiques dans Justine et la Nouvelle Justine ; les arguments avancés par le libertin se gonflent en longues dissertations.

Deux histoires enchâs­ sées, dans la troisième version, achè­ vent de transformer la nouvelle initiale en un panorama sanglant du liberti­ nage : jérôme, l'un des moines de Sainte-Marie-des-Bois, raconte sa vie et mène ses auditeurs en Italie ; Séra­ phine, l'une des mendiantes de la bande de Gaspard, conduit les siens en Espagne.

Débauches et meurtres ponc­ tuent de la même façon les autobiogra- phies, masculine de jérôme et fémi­ nine de Séraphine.

Henri Coulet a parfaitement marqué le glissement qui s'opère entre les trois œuvres.

Dans les Infortunes de la vertu, c'est justine qui a la parole et le texte évoque le libertinage de l'extérieur: la pieuse et pure jeune fille ne parvient pas à comprendre la méchanceté force­ née à laquelle elle est confrontée.

Le lecteur doit deviner les gestes auxquels elle se contente de faire allusion : ainsi les passions d'un des moines « s'exer­ cent dans un lieu, explique innocem­ ment justine, qui m'interdit pendant le sacrifice le pouvoir de me plaindre de son irrégularité ».

La seconde ver­ sion devient plus explicite : justine, dans le roman de 1791, tend à devenir ridicule au milieu des priapées qu'elle décrit à force de périphrases et de cir­ conlocutions.

Les victimes se changent en objets, les bourreaux ont imposé leur point de vue.

La Nouvelle Justine achève la dépossession de justine : le récit est désormais à la troisième per­ sonne, l'héroïne donne toujours son nom au texte, mais elle n'a plus la parole.

La justine de la première version s'avouait sensible au charme de Bres­ sac, pourtant fort indifférent aux fem­ mes ; elle lui vouait une passion para­ doxale et toute sentimentale.

Dans la dernière version, les scélérats devien­ nent à ce point maîtres du corps de leur victime qu'ils lui révèlent la jouis­ sance bien malgré elle.

Les dénouements correspondent à ces changements de tonalité.

Dans les Infortunes de la vertu, justine est fou­ droyée par une ironie tragique qui l'empêche de jouir du calme retrouvé, juliette se convertit devant son cadavre et prend le chemin du couvent.

Dans Justine, le lecteur croit difficilement à cette conversion qui lui apparaît comme une farce bouffonne.

Dans la. »

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