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Julie ou la Nouvelle Héloïse de Jean-Jacques ROUSSEAU (Résumé & Analyse)

Publié le 17/01/2022

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Mis en échec par les académiciens de Dijon surpris par la hardiesse de son second Discours sur l'origine de l'inégalité, Rousseau, qui a abjuré le catholicisme, se retire en 1756 à l'Ermitage, chez Mme d'Épinay pour écrire La Nouvelle Héloïse. Saint-Preux, un jeune roturier, aime passionnément Julie d'Etanges. Les obstacles sociaux que M. d'Etanges lui oppose auront-ils raison de son amour ?

« Le calme des jours qui s'écoulent à Clarens est trompeur comme la surface des grands lacs : les tempêtes du coeurcouvent.

Saint-Preux part pour Rome.

Durant cette nouvelle séparation, Julie mesure l'élévation de leur amour : «On étouffe de grandes passions, rarement on les épure...

mais, après avoir été ce que nous fûmes, être ce quenous sommes aujourd'hui, voilà le vrai triomphe de la vertu » (VI, vi).

Elle propose alors à Saint-Preux de devenir leprécepteur de ses enfants et de créer ainsi un lien sacré.

La réponse de Saint-Preux montre moins de résignation :« Nous avons beau n'être plus les mêmes, je ne puis oublier ce que nous avons été » (VI, vii).

C'est à ce momentque les présages de la lettre IV, xvii (la promenade en barque), se réalisent : Julie se noie accidentellement.

M.

deWolmar relate dramatiquement les derniers instants de Julie dans une lettre à Saint-Preux qu'il rappelle auprès de lui.Les ultimes confidences de Julie dans un message posthume, alors qu'elle attendait encore le retour de Saint-Preux,sont un cri d'amour tragiquement prophétique : « Je meurs dans cette douce attente : trop heureuse d'acheter auprix de ma vie le droit de t'aimer toujours sans crime, et de te le dire encore une fois ! » (VI, XII). • Une unité d'action : l'amour qui unit Julie et Saint-Preux constitue l'objet unique de toutes les lettres.

Si tous lessujets chers à Rousseau sont abordés (musique, théâtre, éducation, politique), c'est qu'ils sont suscités par deséchanges passionnés qui impliquent une communication totale entre les êtres. • Les sentiments généreux : Rousseau condamne les auteurs qui se complaisent à décrire la noirceur et le crime.L'amour et la vertu qui règnent chez tous les personnages leur inspirent de prompts pardons qui effacent toutes lesoffenses.

L'indulgence de M.

de Wolmar relève moins de l'aveuglement que de la miséricorde.

L'aveu de la Princessetue M.

de Clèves (cf.

p.

26) ; l'aveu de Julie la rend sublime aux yeux de M.

de Wolmar. • L'amour : c'est dire la place qu'il tient dans cette profession de foi ; sa liberté est compromise par le veto de lamorale : M.

d'Étange considère Saint-Preux comme un suborneur qui a corrompu le coeur de sa fille.

Mais il luipardonne (V, vu).

Tout le roman est placé sous le signe de la réconciliation.

L'idée que Julie se fait de l'honnêtetéconjugale s'accommode fort bien de l'amour qu'elle éprouve pour Saint-Preux : « L'amour sensuel ne peut se passerde la possession, et s'éteint avec elle.

Le véritable amour ne peut se passer du coeur, et dure autant que lesrapports qui l'ont fait naître » (III, xviii).

Au niveau du coeur, il n'y a plus d'infidélité. • Le sentiment de la nature : il contribue à cette vision tantôt lénifiante, tantôt sublime, des choses : lyrisme dessites alpestres, promenades romantiques sur l'eau (IV, xvii), vie à la valaisane dans cet Eldorado sur terre qu'est ledomaine de Clarens.Au milieu de ce XVIIIe siècle si préoccupé de l'idée de bonheur, Rousseau en donne sa propre définition par factionromanesque : Clarens est un lieu chimérique où l'on peut « se voir, s'aimer, le sentir, s'en féliciter, passer les joursensemble dans la familiarité fraternelle et dans la paix de l'innocence, s'occuper l'un de l'autre, y penser sansremords, en parler sans rougir, et s'honorer à ses propres yeux du même attachement qu'on s'est si longtempsreproché...

» (VI, vi). • L'influence : elle se manifeste moins sur l'avenir du roman que sur les moeurs contemporaines.

L'enthousiasme pourla simplicité et l'amour de la vie rustique n'étaient pas une nouveauté en 1761.

Mais ce que Jean-Jacques Rousseaua suscité, c'est le goût d'une nature plus libre, celle que l'on découvre dans la montagne ou dans ces jardins anglaismoins réguliers que nos jardins à la française.

Le Romantisme développera ce besoin de lieux sauvages et de sitesgrandioses.

Avant Rousseau, la nature tient peu de place dans les romans.

Après lui, elle devient le cadre desgrands mouvements de l'âme.

Dans un autre roman par lettres, Oberman (1804) de Senancour (17701846), pendantdu René de Chateaubriand (cf.

p.

55), la montagne est un sujet permanent de réflexions et de sentiments. • L'engouement : le «Gens sensibles, qu'eussiez-vous fait à ma place ? » de M.

de Wolmar (VI, xi) absout tout.Parce qu'il s'adressait aux « gens sensibles », ce roman-fleuve connut un succès qui n'avait auparavant, dans ungenre aussi décrié que l'était le roman, couronné que la Princesse de Clèves ou Manon Lescaut.

Laclos,Chateaubriand, Stendhal, Balzac, George Sand s'exalteront pour cette « nouvelle Héloïse » aussi constante dansl'amour que celle qui entretint au XIIe siècle une correspondance non moins passionnée avec Abélard.. »

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