JULES BARBEY D'AUREVILLY : Une Vieille Maîtresse.
Publié le 23/10/2012
Extrait du document
«
EXTRAITS --------------~
Le roman fut jugé audacieux et provoqua
quelque scandale car,
converti au catholi
cisme en 1846, Barbey
publiait en même
temps
Les Prophètes
du passé,
ouvrage
de doctrine d'une
orthodoxie exigeante.
Beaucoup crièrent à
l'impiété et mirent en
doute
la sincérité de
l'auteur.
« Ils reprirent leur
course ...
s'enivrant ainsi du
grand air, de bonté et
de mélancolie ...
>>
Ryno expose à la marquise de Flers
le caractère paradoxal de son amour
pour Vellini
Mais cet amour ne changeait pas le carac
tère de Vellini.
L'asservissement de cette
âme impérieuse, qui
s'était rejetée à la
haine pour ne pas se livrer à l'amour, ne fut
pas si grand, si complet que parfois elle ne
se relevait comme l'acier d'une épée
qu'on
plie sur le pavé, de toute sa hauteur, sous ma
main.
Il avait beau m'être attaché par des
liens de feu, ce cœur s'insurgeait souvent
contre moi.
De mon côté (mystérieuse et na
turelle sympathie !
), moi, qui n'avais pas
cherché comme elle à étouffer dans
mon
âme la passion qu'elle y avait allumée, je
sentais la haine et la colère passer quel
quefois à travers l'amour !
Un portrait
de la beauté étrange
de Vellini
Vellini était petite et
maigre.
Sa peau, qui
manquait ordinairement
de transparence, était
d'un ton presque aussi
foncé que le vin extrait
du raisin brûlé de son
pays.
Son front, projeté
durement en avant, pa
raissait
d'autant plus
bombé que le nez se
creusait
un peu à la ra
cine ; une bouche trop
grande, estompée
d'un
duvet noir bleu, qui,
avec
la poitrine extrê
mement plate de la
se nora, lui donnait fort
un air de jeune garçon
déguisé; oui, voilà ce qui paraissait, aveu
glait d'abord, ce qui choquait au premier
coup d'œil,
ce qui faisait dire, aux yeux épris
des lignes de la tête caucasienne, qu'elle était
laide,
la sefiora Vellini.
(.
.
.)mais, di
sons tout : pour peu qu'une passion ou un
caprice
la fit sauter debout; pour peu qu'un
invisible coup de trom
pette, un accent réveillé
des sentiments engourdis,
lançât le frisson dans sa
maigreur nerveuse et
l'arrachât au sommeil de
sa pensée ...
elle
n'était
pas belle, non, jamais !
mais elle était vivante, et
la vie, chez elle, valait la
beauté dans les autres !
L'Expression -ce dieu
caché au
fond de nos
âmes -
la créait par une
foudroyante métamor
phose.
Alors, ce front en
vahi
par une chevelure
mal plantée, ce front
d'esclave, étroit, entêté,
ténébreux, grossissait,
grandissait
et comman
dait au visage.
Ce nez,
commencé par
un peintre
Kalmouk, finissait en na
rines entr' ouvertes, fines, palpitantes,
comme
le ciseau grec en eût prêté à la sta
tue du Désir.
Les coins de
la bouche allaient
mourir dans des fossettes voluptueuses.
Les
yeux, emplis par des prunelles d'une largeur
extraordinaire, noirs, durs, faux, espion
nants, tisons ardents d'un vrai brasero sans
flammes, s'avivaient d'une clarté qui brû
lait
le jour.
C'étaient des yeux infernaux ou
célestes, car
l'homme n'a guère que ces
mots-là qui cachent l'Infini, pour en expri
mer
la puissance.
A coup sûr, c'étaient des
yeux pareils qui avaient inspiré le distique
klephte: « Un de tes cheveux! que je m'en
couse les paupières pour ne plus regarder
d'autres yeux que les tiens !
»Ah ! dans ces
moments-là , quelle revanche
la se nora pre
nait sur les femmes toujours belles !.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Jules BARBEY d'AUREVILLY: Une Vieille Maîtresse (Résumé & Analyse)
- VIEILLE MAÎTRESSE (Une), de Barbey d'Aurevilly
- En 1865, dans la préface à son roman Une vieille maîtresse, Barbey d'Aurevilly écrit : « La moralité de l'artiste est dans la force et dans la vérité de sa peinture. En peignant la réalité, en lui infiltrant, en lui insufflant la vie, il a été assez moral : il a été vrai. Vérité ne peut jamais être péché ou crime ». En appuyant votre argumentation sur des exemples précis empruntés notamment à la littérature, vous analyserez et apprécierez ce point de vue. ?
- Les Diaboliques (résumé) Jules Barbey d`Aurevilly
- Les Diaboliques de Jules Barbey D’Aurevilly (analyse détaillée)