JUIF ERRANT (le), roman d'Eugène Sue
Publié le 21/01/2019
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JUIF ERRANT (le), roman d'Eugène Sue, publié en feuilleton de juin 1844 à juillet 1845 dans le Constitutionnel, qui se remit à flot grâce à lui. Le Juif errant eut un prodigieux succès, qui dépassa encore celui des Mystères de Paris ; il se faisait l'écho des violentes polémiques entre le parti catholique et le parti libéral ; Veuillot contre Michelet ou Quinet. Mais le livre n'est pas un pamphlet anticlérical, même s'il put donner lieu à une véritable « jésuitophobie », puisque le mal s'y trouvait incarné par la Compagnie de Jésus, assimilée, par un audacieux parallèle, à une société secrète d'étrangleurs asiatiques. L'ordre religieux ne visait-il pas à rendre l'homme « perinde ac cadaver » ? Avec Sue, le roman populaire devient symbolique et oppose, grâce à un manichéisme efficace, la Mort et la Vie, la Réaction et le Progrès. Ici, le chemin de croix d'une
famille persécutée depuis des siècles comme hérétique par l'Église, éparpillée à travers le monde et ayant essaimé dans diverses catégories sociales, permet d'explorer tous les milieux, procédé cher à un auteur qui évolue de plus en plus vers un socialisme humanitaire.
«
Le personnage du juif errant est issu d'une
tradition chrétienne
millénaire :
il s'ag it d'un juif destiné à erre r éternellement sans aucune chance
de pardon.
Cette pu
nition divine est justi
fiée par
le fait qu'il
refusa de donner à boire au Christ sur le chem in de croix.
Dans
son récit , Eugène Sue , contrairement à la
tradition, accorde à Samuel la rédempt ion après un long par cou rs d e pénitence .
Le livre
Un héritage très convoité
L
e fil conducteur de l'œuvre est une affaire compliquée
d 'héritage .
Les sept dernier s membres de
la famille Renne
pont , qui sont de conditions sociales extrêmement différentes,
doivent se part ager la fortune laissée par
un de leurs ancêtres
huguenots.
Tout pourrait être simple
si la Compagnie de Jésus
ne s'en mêlait pas .
G abriel de Rennepont est membre de cette
communauté religieuse et
il a décidé de lui léguer sa part
d 'héritage.
Cependant, la cupidité de ses compagnons est sans
limite s et ils
en arrivent à faire disparaître toute la famille- sauf
le naïf Gabriel , qui ne se doute p
as de ces crimes.
La cassette où
se trouve déposée la fortune est conservée par un juif , nommé
Samuel, qui mène une lutte farouche contre les Jésuite s.
Heureusement , Gabriel prend connaissance des méfaits de
ceux-ci et
il brûle la cassette dès qu'elle entre en sa possession;
la mort des principaux coupables donne à la fin du récit un
agréable goût de justice rendue.
Divertir et politiser
C
ette œuvre d'Eugène Sue consiste en un foisonnement
d 'histoires parallè
les qui se rencontrent chaque fois qu 'elles
o nt une incidence directe sur la trame principale , c'est-à-dire
celle du leg
s.
Ainsi, le monde ouvrier, celui des Jésuite s et les
deux juifs
errants- Samuel et sa femme- sont autant de partie s
seco ndaires du récit qui éclairent l'idéologie de l'auteur.
En
effet, derrière une apparence de roman-feuilleton divertissant,
L e
Juif errant développe d'une façon précise les convictions
religieuses et politique s d'Eugène Sue.
Sa haine des Jésuites est
grande ; leur inhumanité
s'a ffiche à traver s chacun de leur s
ac te
s.
Le s conceptions politiques, elles, sont plus difficile s à
interpréter : en effet, malgré une sympathie évidente pour les
ouvriers,
il se mble clair que Sue n'incite nullement à la révolte .
On se rend compte qu'il croit fermement à une possibilité de
réforme, en douceur , de la société.
Pour Sue, il suffirait que
les riches connaissent vraiment les conditions de vie des pauvres
pour que ces réformes puissent donner à tous
le bonheur..
»
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