JOHN LOCKE : TRAITE DU GOUVERNEMENT CIVIL (Résumé & Analyse)
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
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nouvelle révolution de 1688, dans le sillage de Guillaume et de Marie.
Il va écrire pour justifier cette révolution etfonder théoriquement la monarchie constitutionnelle et libérale.
C'est dans ce contexte qu'il publie ses deux grandsouvrages.
L'oeuvre sur la politique se compose de deux traités complémentaires : l'un attaque les thèses duPatriarcha, un ouvrage de Robert Filmer écrit en 1640, qui défendait la monarchie absolue ; le second, que nousallons résumer, contient la philosophie propre de John Locke.Après 1690, l'oeuvre philosophique de Locke se complète de plusieurs textes qui répondent aux objections qui luisont faites sur ses deux grands Traités.Il siège au Board of Trade (administration du commerce) de 1696 à 1700, puis se retire à Oates, chez lady Masham,fille de R.
Cudworth, philosophe néo-platonicien de Cambridge, où il meurt en 1704.
Résumé
En 1690, paraît donc à Londres un livre composé de deux traités politiques : TWO Treatises of Government.
Lepremier répond aux thèses de Robert Filmer et de ses disciples ; lesecond s'intitule : Essay concerning the TrueOriginal, Extent and End of Civil Government (Essai concernant l'origine, l'étendue et les fins véritables dugouvernement civil).
L'ouvrage est anonyme, mais tout le monde sait qu'il est de Locke.
Le premier traité critique lesfaux principes de politique.
Le second énonce l'origine, l'étendue et les véritables principes qui doivent régir unepensée philosophique du politique.
La critique de l'absolutisme
Robert Filmer défendait l'idée d'un pouvoir monarchique absolu se justifiant par la doctrine dite du droit divin : le roitient son pouvoir de Dieu lui-même.
Bien qu'écrit en 1640, l'ouvrage ne fut publié qu'après la mort de l'auteur, en1680.
La thèse centrale du livre comparait le pouvoir du monarque au pouvoir paternel.
Dieu a confié à Adam, puis àCaïn...
et par filiation à Charles I la souveraineté domestique et politique.
D'où l'idée que la souveraineté naturelleest vide de sens.
Les hommes doivent être assujettis à leurs pères.
Le roi est choisi par Dieu pour être le père deson peuple.
La société politique est calquée sur la vie domestique.Dès 1680, Sidney, le chef du parti whig (dans l'opposition), avait écrit un discours qui était une critique du livre deFilmer, mettant en avant l'idée que le pouvoir n'est légitime que s'il repose sur le consentement populaire.
MaisSidney fut exécuté en 1683 et son livre ne parut qu'en 1698.John Locke refuse de se placer sur un plan purement politique.
Il construit une réfutation philosophique du livre de R.Filmer en insistant sur le fait que l'on ne peut pas déduire les principes de gouvernement de principes qui vontcontre le bon sens, l'expérience, et qui ne peuvent s'accommoder ni de la nature des choses, ni des affaireshumaines.
Il consacre cent pages à détruire le raisonnement des vingt premières pages de R.
Filmer.
De ceraisonnement sur les principes qui fondent la pensée de Filmer, le lecteur est invité à déduire l'absurdité des thèsesfondant la monarchie absolue.Beaucoup d'auteurs de l'époque, comme James Tyrrel qui critiquera le livre de R.
Filmer, malgré leur tolérancethéorique, restent engagés du côté des absolutistes.
Mais en Hollande, Locke a lu Spinoza dont le Traité théologico-politique de 1670 milite pour la démocratie.
Locke a alors compris la nécessité de dissocier ce qui relève de Dieu etce qui relève de la volonté humaine.
Sa lecture de R.
Filmer tente de dissocier ces deux niveaux de réalité.
« Il fautnécessairement trouver une autre genèse du gouvernement, une autre origine du pouvoir politique et une autremanière de désigner et de connaître les personnes qui le détiennent, que celles enseignées par Sir Robert Filmer »,écrira-t-il dans le second traité.
Il montre que l'erreur de Filmer est de ne pas distinguer l'homme de l'animal chezqui, effectivement, fonctionne le droit du plus fort.
Le gouvernement civil
Ces conceptions erronées étant réfutées, il convenait de poser les bases correctes d'une société civile bien pensée.Locke définit le gouvernement civil comme le droit de faire des lois et de les faire exécuter, au besoin en recourant àla force et à la justice, mais uniquement pour servir au bien public.
C'est chez lui que l'on trouve les fondementsd'une idéologie de l'intérêt général.
Locke tente de penser l'articulation des pouvoirs politique et judiciaire en vue deservir l'intérêt général, à savoir la paix et la sécurité des citoyens.
Les origines du pouvoir politique
Contrairement à Hobbes, Locke ne voit pas dans l'état de nature un mythe fictif opératoire.
C'est un état réel quidéfinit, à l'origine, l'égalité des hommes (et des femmes) entre eux.
Et donc leur liberté fondamentale.
Cet étatd'égalité et de liberté fondamentale s'appuie sur la droite raison.
C'est contre nature qu'ils s'affrontent et nientliberté et égalité.
La guerre,l'esclavage ont fait découvrir à l'homme la subordination et la possibilité d'augmenter sonpouvoir.
Cette faiblesse humaine qui fait fuir l'état de nature reposant sur l'égalité et la liberté oblige alors à penserla société civile à l'intersection de la raison et de l'expérience.La grande communauté naturelle doit alors se diviser en sociétés civiles particulières.
Ce passage de l'état de natureà la société civile se fait par contrat : la convention qui fonde l'état civil procède du consentement libre de ceux quipactisent.
Ils acceptent de renoncer à exercer leur liberté naturelle en se faisant eux-mêmes justice.
Ils confient cepouvoir à la nouvelle société qui naît de l'accord du plus grand nombre.
Cette convention repose sur unconsentement libre et sur une confiance envers le nouveau pouvoir.
Ce pacte social fonde un corps politique qui secaractérise par une volonté unique.
Le pouvoir politique n'est fondé qu'en tant qu'il a l'assentiment du peuple.Cette perspective n'est pas clairement démocratique.
Locke ne conçoit pas la démocratie comme mode politique.
Ilpense son système à partir d'une critique du pouvoir absolu du prince qui exerce un pouvoir total contre la volonté.
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