Jeunes Filles (les). Tétralogie romanesque d'Henry Marie-Joseph Millon de Montherlant (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)
Publié le 24/10/2018
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Jeunes Filles (les). Tétralogie romanesque d'Henry Marie-Joseph Millon de Montherlant (1896-1972), publiée à Paris chez Grasset en 1936 (les Jeunes Filles et Pitié pour les femmes), 1937 (le Démon du Bien) et 1939 (les Lépreuses).
Les Jeunes Filles, 1926 : Pierre Costals, écrivain célèbre, mène la vie libre d'un célibataire aux nombreux succès féminins. Il est assailli de lettres d'admiratrices amoureuses de lui, parmi lesquelles une hystérique dévote. Thérèse Pantevin, et une pauvre demoiselle délirante. Andrée Hacquebaut auxquelles il répond de temps à autre par des missives cyniques. Lui-même se confie, par lettres aussi, à une « ancienne », Rachel Guigui, à un ami. Armand Pailhès, et à son propre journal intime. 1927 : une jeune fille. Solange Dandillot, attire son attention ; il la désire très fortement et entreprend de la séduire. Enfin, dans une chambre d'une « hostellerie », non loin de la forêt de Montmorency, Solange se donne à lui... partiellement.
Pitié pour les femmes [ci-après : PPF ]. Solange a pris l'habitude de rejoindre Pierre Costals chez lui où elle consent à se montrer nue sans pour autant s'offrir à lui. Bien qu'il sache et ne cache pas à Solange qu'il n’est pas amoureux d'elle, Costals vit avec elle des moments de plénitude, surtout le dimanche où ils se retrouvent seuls chez les parents, partis pour Fontainebleau. Peu après, au moment où, chez lui, Costals compte mettre fin à « l’état de demi-vierge » de Solange, Andrée HacquebauL montée à Paris, tambourine à sa porte. Pour se venger, Costals la convoque le lendemain à son atelier : après l'avoir cruellement humiliée, il la chasse, en présence de Solange cachée. Quelques instants plus tard, celle-ci se donne à lui. Invité chez les Dandillot Costals se sent piégé par l'« Hippogriffe », le mariage M. Dandillot meurt dans les semaines qui suivent Andrée Hacquebaut écrit de nouveau. Thérèse Pantevin est internée. Costals. de Toulouse, envoie diverses lettres, se confie à son carnet.
Le Démon du Bien [ci-après : LDB], Première partie. Pierre Costals multiplie en son for intérieur, dans son journal, auprès de Solange et de Mme Dandillot les arguments pour ne pas se marier. Il préférerait une liaison officialisée. Il prend toutes les précautions pour pouvoir divorcer quand bon lui semblera, mais il découvre qu’il n'y a aucune sortie au mariage. La menace de l’Hippogriffe se précisant il fuit le 7 septembre. Deuxième partie. De Gênes, par pitié, poussé par son « démon du bien », il invite Solange à le rejoindre. Pendant quelques jours leur relation atteint une extraordinaire plénitude et Solange lui apparaît comme exceptionnelle : elle est « celle qui fixe le soleil ». Il envisage de nouveau le mariage Mais, bientôt le sentiment de Costals de ne pas aimer Solange « à fond » reprend le dessus. Solange regagne Paris après une scène cruelle délibérément suscitée par son amant par goût de la sincérité. Costals demeure à Gênes où il écrit un roman. Au soixante et onzième jour de sa création, il rejoint Paris.
«
n'éprouve plus rien pour Solange et excédé
d'une femme qu'il trouve désormais « cram
pon ».
il rompt définitivement.
Pendant ce temps, Andrée Hacquebaut n'a cessé de lui envoyer de longues lettres, qu'il n'a pas ouvertes.
Épilogue (sous forme de 1 1 lettres).
1 928 : Costals réussit à se débarrasser d'Andrée Hacquebaut.
1929 : Solange essaie de renouer; en vain.
1930 : Solange se marie.
1931 : Solange essaie encore
de renouer ; de nouveau en vain.
Appendice.
Quelques définitions de l'univers de Costals.
Réflexions sur la femme relues par-dessus l'épaule de sa dernière conquête.
L'intérêt de cette série n'est certes
pas événementiel :
«Ce drame est le
plus bourgeois des drames.
Si j'en fai
sais un roman, ce serait un roman
affreusement plat et prosaïque >>, peut
on dire avec Costals.
Il ne réside pas
davantage dans ces jeunes filles stéréo
typées : Andrée Hacquebaut, frustrée
« d'un type classique » (la Marée du soir,
1972), hystériquement délirante;
« Thérèse Pantevin la folle mystique >>
(ibid.) ; Solange Dandillot, oie blanche,
prédisposée à se faire plumer.
L'ensem
ble ne tient que par le liant du regard
que jette sur elles et sur lui-même le
héros,
et par la recherche d'une narra
tion aux modalités variées.
En
Pierre Costals, Montherlant
campa « un personnage que, de propos
délibéré,
il a voulu inquiétant, voire
par
moments odieux>> (Avertissement,
LJF), qui choqua à l'époque.
Peu
importe qu'on ait voulu reconnaître en
lui l'auteur lui-même : « Ce que j'ai mis
de
moi en lui ne regarde pas le public >>
(Note, LDB), l'important est que le
héros apparaisse comme le
pendant
masculin de l'héroïne de la Garçonne
(1922) de Victor Margueritte.
Costals
est un don juan dont les propos abon
dent en remarques cyniques, en sen
tences misogynes, et dont le comporte
ment en nombre de circonstances se
traduit par des actes de véritable
cruauté,
notamment lorsque, pour se
venger
et édifier Solange, il attire Andrée
Hacquebaut
dans un traque
nard et la traite odieusement (PPF).
Son refus de la comédie humaine, voire
sa muflerie, trouvent matière à
s'exer
cer sur le couple caricatural des Dandil
lot et sur les jeunes femmes qui le
poursuivent.
Mais
en fait cette sincé
rité et cette lucidité dont il se targue ne
sont que nobles oripeaux dont il mas
que ce qui chez lui est fondamental et
revient sans cesse sous sa
plume : le
désir farouche de préserver sa liberté.
Tant que le délire mystique et la
pas
sion hystérique de ses correspondantes
ne portent pas atteinte à sa vie privée,
il joue modérément le jeu, sans toute
fois faire dê concessions.
Bien qu'il
sache qu'il n'aime pas Solange « à
fond,,, il est capable d'élans chaleu
reux envers elle à Paris et à Gênes.
Mais
que,
d'une manière ou d'une autre, on
attente à sa liberté, que l'« Hippo
griffe » du mariage le serre de trop près,
alors
Costals se déchaîne : son égocen
trisme dépourvu de.
»
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