JEU DE L’AMOUR ET DU HASARD (Le) de Marivaux

JEU DE L’AMOUR ET DU HASARD (Le) Marivaux (Pierre Carlet de Chamblain de). Comédie, 1730.

Inquiète du mariage de convenance que son père lui a ménagé avec Dorante, inconnu d’elle, Silvia décide de changer de rôle en empruntant le costume de sa femme de chambre Lisette, pour examiner en toute liberté le prétendant. Mais Dorante a eu la même idée: il arrive revêtu de l’habit de son valet Bourguignon, qui de son côté le remplace. Ce quadruple travestissement fonde les ressorts du comique. Chacun des quatre personnages ne peut juger que sur les apparences. Dans ce jeu de masques et de dupes le public omniscient bénéficie d’une situation privilégiée, rit des quiproquos, des malentendus et de l’incapacité de Dorante et de Silvia à s’identifier avec leur rôle de domestique. Quand Dorante révèle sa véritable identité, Silvia continue le jeu — ce ne sera plus celui du hasard, mais celui de

l’amour — et réussit à se faire offrir le mariage dans son rôle d’emprunt: Marivaux introduit dans sa comédie des aspects moraux — la pudeur de Silvia, son inquiétude devant les manœuvres des séducteurs, le mépris de Dorante pour les préjugés de classe.

♦ Après sa première féerie, Arlequin poli par l'amour, parue en 1720, Marivaux (1688-1763) égrène ses productions. Le Jeu de l'amour et du hasard marque en 1730 l’apogée d’une carrière consacrée à l’exploration de l’amour, de ses surprises, de ses épreuves et de son langage, qu’il prolongera en 1737 par une interrogation troublante sur la sincérité, Les Fausses Confidences.