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Jean TARDIEU : La Comédie du langage : un mot pour un autre

Publié le 24/09/2012

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tardieu

Jean Tardieu écrit bien, il écrit , comme on n'écrit plus depuis le xvme siècle, une phrase souple, légère, égale dans son équilibre quelle que soit la diversité de ses démarches, lyriques, burlesques, fantasque. (...) Une fois sacrifié le burlesque d'Un mot pour un autre que reste-t-il ? Des textes en prose dont les uns sont nommés lyriques et d'autres fantasques. N'oublions pas le burlesque, s'il peut nous éclairer sur le lyrique et le fantasque. Il provoque le rire. (...) Le risible est qu'un mot prenne la place d'un autre, sans que le dialogue en paraisse affecté. (...) Comment cela est-il risible ?

tardieu

« Photo Gastaud 1 Sipa·Press Jean Tardieu dit de toute son œuvre qu'elle est guidée par "l'intérêt pas­ sionné qu'il porte aux problèmes du langage ainsi qu'au désir de donner une certaine place à l'humour" .

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Simon Le livre Échanges de mots, mais aussi de maîtresses et d'amants dans la haute société M adame attend M.

le comte, son amant, chez elle.

Mais c'est d'abord la comtesse qui vient à l'impro­ viste rendre visite à son amie .

L'inévitable se produit alors : Madame s'absente pour aller chercher le thé, et le comte fait son entrée dans le salon et se retrouve face à sa femme.

Stupeur des deux époux, explications maladroites du comte, dont la comtesse n'est pas dupe.

Retour de Madame, qui feint fort mal à propos l'étonnement.

La comtesse laisse entendre qu'elle se doute de quelque chose.

Madame se défend en argu­ mentant que le comte a bien d'autres aventures ailleurs.

Les deux femmes, trompées par le même homme, s'unissent alors contre le coureur.

Assailli d'injures, il part, et les deux femmes boivent enfm leur thé comme si rien ne s'était produit.

Le langage, tragédie ou comédie ? U tiliser "un mot pour un autre", tel est l'étrange mal qui parcourt les salons mondains.

Nous, lecteurs ou spec­ tateurs, sommes d'abord déroutés par la rencontre avec un langage à la fois familier et inconnu : les mots, isolément, nous les reconnaissons.

Mais leur, assemblage ne peut que stupéfier.

Pourtant , aucune impression d'hermétisme ne se dégage du texte.

Alors, comment comprenons-nous ce que nous entendons ? Car nous sommes capables de restituer un sens au-delà de ce que l'usage dénonce comme barbarisme.

Les sonorités, les tournures de remplacement provoquent en nous un écho évocateur.

La forme théâtrale de l'œuvre aide à la compréhension de la pièce, grâce aux gestes, mouvements, intonations et mimiques des comédiens.

La définition littérale d'un mot s'efface au profit du jeu, du cadre, de l'usage dans lequel il s'inscrit.

Ce voyage singulier, comique, peut-être un peu inquiétant, bien loin de nous perdre, nous convie à troquer le réel pour le possible.. »

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