Jean Santeuil de Proust (résumé & analyse)

Jean Santeuil

Roman autobiographique rédigé entre 1896 et 1899. Inachevé et resté inédit jusqu’en 1952.

André Maurois a raconté dans la première édition comment B. de Fallois retrouva ce texte dans les papiers confiés par Mme Mante-Proust. L’ouvrage parut finalement chez Gallimard (1952), avant une autre édition établie par P. Clarac pour la Pléiade. Visiblement, le livre n’aurait pas été publié tel quel : on y trouve les maladresses et les répétitions d’un « brouillon ». L’ensemble, d’ailleurs, n’est pas vraiment lié : c’est un « puzzle » (Painter), et il existe plusieurs formules pour réunir les éléments qui le composent. Le projet, cependant, est clair : après les Plaisirs et les Jours, Proust abandonne les joliesses symbolistes et cherche l’expression d’une vérité personnelle : « Puis-je appeler ce livre un roman? C’est moins peut-être et bien plus, l’essence même de ma vie recueillie sans y rien mêler [...]. Ce livre n’a jamais été fait, il a été récolté ». Mais le paradoxe veut justement que ce récit « vrai » nous soit donné à travers une fiction : Jean Santeuil commence en effet par une « Introduction » où le narrateur nous présente l’écrivain C., une sorte de pré-Bergotte, qui, à sa mort, laisse un manuscrit inédit. Nous entrons alors dans un « autre » roman dont Jean Santeuil est cette fois le personnage principal : évoqué à la troisième personne, il est pourtant chargé de tout un poids autobiographique. D’où, naturellement, un degré de plus dans la complexité lorsqu’un second narrateur évoque ces « jours lointains dont je te parle, lecteur [...] ».