JEAN-MARIE GUSTAVE LE CLÉZIO Bitna, sous le ciel de Séoul
Publié le 12/09/2019
Extrait du document
On notera que la photographie et la pratique du selfie trouvent leur place dans le roman ; il s'agit d'autoportraits du couple Bitna-Frederick, jugés négativement par la narratrice :
«Nous avons pris des photos avec le téléphone de Frederick. C'étaient des photos idiotes comme tout le monde en prend, des selfies où nous nous tenions joue contre joue, et je faisais le V, le signe du petit cœur, pourquoi, je n'aurais pu le dire. Plus tard, il ajoutait des petits signes sur la photo, des cœurs et des nuages dans lesquels il avait écrit, bien sûr, Sarang. Sur une des photos, il avait écrit la-plus jolie chose qu'on m'ait jamais écrite, Bitna) mon Étoile!» (p. 62).
C'est un • passage apparemment , anecdotique, dans lequel on pourrait presque croire que l'auteur fait une concession à une mode de la société contemporaine.
L'immensité de la ville et le manque d'échange entre les gens ne sont pas comblés par l'usage omniprésent dans le récit du téléphone portable.
l'hypermodernité de Séoul répond par contraste la nature très présente dans les histoires racontées par Bitna. Une conversation entre Bitna et le libraire au début du récit met d'ailleurs en- évidence la présence de l'eau dans les histoires d'amour:
« [...] l'eau est un élément romantique. Dans toutes les histoires d'amour, il y a l'eau, la mer ou une rivière, ou bien seulement un lac, ou une pièce d'eau. [ ...] Moi, je n'osais pas lui dire que j'avais tout de suite eu envie que Frederick m'emmène au bord de la mer, parce que cette grande ville de Séoul est tellement sèche, rien que des immeubles et des routes, des voitures et des bus » (p. 61).
Le livre alterne donc le premier récit, récit-cadre, et les récits enchâssés. On peut remarquer que les chapitres du récit-cadre n'ont pas de titre. La frontière entre les deux types de récit est poreuse, car dês le troisième chapitre (p. 29), le récit de Bitna commence sans qu'un nouveau chapitre soit ouvert ; ce phénomène se reproduit ailleurs, par exemple page 48, et a même tendance à s'accentuer au fil du livre. Bitna apparaît comme la narratrice de l'ensemble du livre.
Un récit-cadre est un récit premier qui sert de cadre à un ou plusieurs autres récits, emboîtés, comme dans le système des poupées russes, et qui sont appelés récits enchâssés, ou récits encadrés.
Il peut donc sembler délicat de déterminer le nombre exact d'histoires racontées par Bitna. Les élèves auront pu en tout cas relever les titres des chapitres suivants : « Deuxième histoire contée à Salomé, mai 2016 » (p. 40), « Troisième pis-taire contée à Salomé, juillet 2016 » (p. 69),
« © Librairie Générale Française, 2019.. »
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