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Jean de la Croix: Cantique spirituel

Publié le 21/02/2013

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Jean de la Croix (Juan de Yepes, 1542- 1591), moine, théologien et poète espagnol, se signala par une réforme du Carmel qui rencontra une vive opposition et qui provoqua même son incarcération temporaire. Il fonda, avec Thérèse d'Avila, l'ordre des Carmes déchaux. Son oeuvre écrite se compose principalement de quatre poèmes accompagnés de traités qui les commentent. Il fut canonisé en 1726...

« « Dieu est donc caché dans notre âme, et c'est là que le vrai contemplatif doit le chercher •..

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~------- EXTRAITS Dès la première strophe, Jean de la Croix dit, dans une poésie exquise, le désarroi de l'âme privée de Dieu 1.

Où t'es-tu caché, Bien-Aimé, Me laissant toute gémissante ? Comme le cerf tu t'es enfui, M'ayant blessée; mais à ta suite, En criant, je sortis.

Hélas, vaine poursuite! Commentaire Sachons-le bien, le Verbe, Fils de Dieu, réside par essence et par présence, en compagnie du Père et de !'Esprit-Saint, dans l'essence même de l'âme, et il y est caché.

L'âme qui aspire à le trouver doit donc sortir, selon l'affection et la volonté, de tout le créé; elle doit entrer en elle-même et s'y tenir dans un recueillement si profond que toutes les créatures soient pour elle comme si elles n'étaient pas.

« Seigneur, disait saint Augustin en s'adressant à Dieu dans ses Soliloques, je ne te trouvais pas au-dehors de moi, parce que je te cherchais mal : je te cherchais au-dehors, et tu étais au-dedans.

» Dieu est donc caché dans notre âme, etc' est là que le vrai contemplatif doit le chercher, en disant: Où t'es-tu caché ? Eh bien donc, ô âme, la plus belle d'entre les créa­ tures de Dieu, toi qui désires si ar­ demment savoir où se trouve ton Bien­ Aimé, afin de le chercher et de t'unir à lui, voici qu'on te le dit : tu es toi­ même la demeure où il habite, la re­ traite où il se cache.

Pour le mystique, chaque créature terrestre « raconte dans son langage ce que Dieu est en elle » 13 .

L'Aimé, c'est pour moi les montagnes, Les vallons boisés, solitaires, Toutes les îles étrangères Et les fleuves reten- tissants, C ' est le doux mur­ mure des brises ca­ ressantes.

14.

Il est pour moi la nuit tranquille, Semblable au lever de l'aurore, La mélodie silen­ cieuse, Et la solitude sono- re, Le souper qui ré­ crée, en enflammant l'amour.

Commentaire: La mélodie silencieuse Au milieu de la quiétude et du silence de cette nuit, au sein des rayons de la divine lumière, l'âme découvre l'admirable conve- · nance des dispositions de la Sagesse dans la variété des créatures et la diversité des œuvres.

Toutes les créatures, soit dans leur ensemble, soit dans leur individualité, ont un rapport avec Dieu, et chacune raconte dans son langage ce que Dieu est en elle.

De toutes ces voix il se fonne pour l'âme un harmonieux et très suave concert, qui surpasse tous les concerts et toutes les mélodies de la terre.

Elle lui donne le nom de « mélodie silen­ cieuse», parce que, nous l'avons dit, c'est une connaissance calme et paisible, sans bruit de voix.

Traduction de Marie du Saint-Sacrement « L' Aimé, c'est pour moi les montagnes, / Les vallons boisés, solitaires, I Toutes les îles étrangères .•.

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NOTES DE L'ÉDITEUR la plénitude.

" De même que la fraîcheur des matinées du printemps a un charme que n'ont pas les autres parties du jour, ainsi les vertus au printemps de la jeunesse plaisent spécialement à Dieu.

" (Strophe 21) « Ce qui ne laisse pas de surprendre, quand on aborde saint Jean de la Croix, c'est la rigueur avec laquelle il exige du contemplatif un anéantissement total, mais surtout de sa faculté la plus haute : l'entendement.

Il le veut vide, absolument mort, sans aucune hésitation, sans aucune réserve, de toutes ses conceptions, de toutes ses idées, de toute son activité naturelle .

» Abrégé de toute la doctrine mystique de saint Jean de la Croix, Éd.

de la Vie spirituelle, Saint- Maximin, 1925.

« De la première à la dernière ligne, strophe après strophe, le Cantique spirituel chante bien le déploiement de l'énergie " amour " qui explique l'homme, son début, son devenir et sa fin, comme l'embryon porte en lui-même les virtualités qu'il ne fera qu'exprimer tout au long de sa vie.

Amour au cœur de l'homme, riche et pauvre de l'Univers entier, fait pour trouver Dieu en Jean de Yepes s'est laissé aller au charme du printemps de Dieu, au temps de sa jeunesse ; son disciple, s'il se laisse guider, connaîtra lui aussi la jeunesse de Dieu.

» Dominique Poirot, introduction au Cantique spirituel, Éd.

du Cerf, 1981.

1 Gi raudon I B.N.

2, 3, 4, 5 illus trations de P.

de Naurois , éd.

Fleuru s, Paris, 1967 JEAN DE LA CROIX 02. »

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