JEAN-CHRISTOPHE de Romain Rolland (résumé)
Publié le 27/08/2015
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JEAN-CHRISTOPHE. Vaste roman cyclique de Romain Rolland (1866-1944), publié de 1904 à 1912 en 17 fascicules dans les Cahiers de la Quinzaine, où l’auteur avait déjà fait paraître, depuis 1898, plusieurs drames ainsi que son Beethoven et où il devait donner, pendant la parution des fascicules de Jean-Christophe, sa Vie de Michel Ange. Jean-Christophe fut ensuite publié en dix volumes. La trame fondamentale du roman est faite de la vie de Jean-Christophe. Musicien, fils de, musiciens, il naît dans une petite ville paisible de Rhénanie ; le monde merveilleux que l’enfant découvre peu à peu autour de lui, ses premières impressions confuses, les figures familières qui l’entourent, puis la révélation de la musique et de son pouvoir, son apprentissage musical jusqu’à son adolescence, ses premières amours et l’initiation graduelle à la douleur et à l’injustice : tout cela forme la matière des trois premiers livres : « L’aube «, « Le matin «, « L’adolescence «. Dans le quatrième livre, « La révolte «, qui comprend trois parties : « Les sables mouvants «, « L’enlisement «, « La délivrance «, l’auteur s’insurge contre toutes les idoles consacrées par la tradition, en nous montrant la noblesse et le désintéressement absolu des aspirations de son héros. Mais Jean-Christophe s’étiole dans l’étroit milieu germanique où il est d’ailleurs incompris. Il aspire à une vie plus libre, à de plus vastes horizons. Il rêve de la France. Se trouvant un jour impliqué dans une bagarre entre paysans et soldats, il tue un officier. Il court chercher refuge à Paris. Ses années parisiennes sont l’objet des trois autres livres groupés sous le titre de « Jean-Christophe à Paris « ; ce sont : « La foire sur la place «, « Antoinette «, « Dans la maison «. Nous assistons aux luttes très dures et aux découragements du héros, qui cherche à faire son chemin dans les milieux artistiques et intellectuels de la capitale. Il découvre un ami, en la personne d’Olivier Jeannin ; sentant la parenté de leurs esprits et la communauté de leurs aspirations, les deux jeunes gens décident de vivre ensemble. Ils ne se quittent plus jusqu’au mariage d’Olivier. Cette union malheureuse, qui aboutit, quelques années plus tard, à la séparation des époux,' fait l’objet du volume suivant : « Les amies «. Mais ce dernier livre, ainsi que « Le buisson ardent « et « La nouvelle journée «, appartiennent déjà à la fin du cycle qui porte le titre général de « La fin du voyage «. Olivier meurt au cours d’une émeute ; Jean-Christophe, qui, lui aussi, y a pris part, est contraint de gagner la Suisse où, fou de douleur et désespéré, il traverse une période de profond trouble intérieur. Une aventure équivoque, ses amours avec Anna Braun, le conduit au bord du suicide ; mais il réagit avec toute sa robuste santé morale et s’enfonce dans la solitude des âpres montagnes. C’est là qu’il retrouve enfin l’équilibre et l’inspiration qui l’avait fui si longtemps. Il a passé à travers le « buisson ardent « et il a entendu la voix de Dieu ; son âme finit par s’apaiser après tant d’orages. Finalement, la sublime amitié amoureuse qu’il éprouve pour une femme qu’il avait connue dans sa jeunesse, la découverte de l’harmonie et de la lumière méditerranéennes lui permettent de prodiguer l’amour à ceux qui l’entourent et de chanter un hosanna à la Vie et à la Mort. En terminant son œuvre, Romain Rolland, résolument pacifiste (il devait en donner la preuve pendant la guerre de 1914-1918), la dédie : « Aux âmes libres, - de toutes les nations, - qui souffrent, qui luttent, et qui vaincront «. Dans la préface du dernier volume, il déclare : « J’ai écrit la tragédie d’une génération qui va disparaître. Je n’ai rien cherché à dissimuler de ses vices et de ses vertus, de sa pesante tristesse, de son orgueil chaotique, de ses efforts héroïques et de ses accablements « ; et il ajoute : « Hommes d’aujourd’hui, jeunes hommes, foulez-nous aux pieds et allez de l’avant. Soyez plus grands et plus heureux que nous. «
Cette œuvre se présente donc comme un message d’une génération à la suivante et Romain Rolland a voulu y mettre toute l’expérience de sa propre vie ; il a entendu donner une vision complète, à la fois critique et lyrique, du monde intellectuel français et européen, depuis la fin du xixe jusqu’aux premières années du xxe s., en passant en revue toutes les passions et toutes les idéologies qui ont animé cette époque et tous les événements qu’elles provoquèrent. De cet ambitieux propos, découlent la complexité de l’œuvre, mais aussi sa confusion. Certaines parties ont singulièrement vieilli : le cinquième livre, par exemple, qui n’est qu’un exposé des polémiques du temps ; d’autres passages également, qui traitent de questions sociales, morales et même artistiques. Mais, en dépit de ces faiblesses évidentes, tout le cycle s’impose au lecteur par le souffle spirituel ardent qui le vivifie d’un bout à l’autre. On voit s’en détacher les thèmes les plus chers à l’auteur : son goût passionné de la sincérité la plus absolue, son mépris pour toutes les bassesses et toutes les hypocrisies, son exaltation héroïque vers l’action, enfin son culte pour la musique. Jean-Christophe est le symbole du génie qui lutte contre toutes les formes de la médiocrité humaine, qui crée et qui accepte, pour mener à bien son œuvre, toutes les souffrances et tous les renoncements et qui ....
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