Jean ANOUILH : La Répétition

« Photo Explorer Archives Le livre Le style d'Anouilh a acquis une grande aisance dans La Répétition (1950) ; l'auteur y a surtout perfectionné certains procédés enseignés par Georges Pitoëff ou André Barsacq : le théâtre dans le théâtre et le passage insensible d'une époque à l'autre.

Un amour condamné par la société u château de Ferbroques, le couple libéral du comte et de la comtesse et leurs invités répètent, en vue d'une brillante réception, une pièce de Marivaux.

Le comte, volage et cynique, découvre l'amour en s'éprenant de la chaste Lucile.

La comtesse, mortifiée de voir son mari aimer une jeune fille qui n'appartient pas à l'aristocratie, tente d'humilier Lucile.

Le comte s'indigne du stratagème.

Lucile comprend alors qu'il l'aime vraiment et devient sa maîtresse.

Décon- certée, la comtesse demande à Héro, ami de collège du comte et alcoolique désabusé, de séduire Lucile.

Héro accepte, pour se venger du comte à qui il n'a jamais pardonné de l'avoir dis- suadé, vingt ans auparavant, d'épouser son amour de jeunesse.

Un soir, Héro s'introduit dans la chambre de Lucile et lui annonce que le comte a décidé de rompre avec elle.

Déses- pérée, Lucile se laisse aller dans les bras d'Héro.

Le lende- main, le comte apprend que Lucile a quitté le château à l'aube et part à sa recherche.

Mais la comtesse a obtenu ce qu'elle voulait et prévoit que son mari va revenir et reprendre sa vie de plaisirs.

L'intolérance d'une aristocratie décadente U n ravissant contrepoint s'établit entre La Double Incons- tance de Marivaux et la pièce d'Anouilh qui s'en inspire.

Celle-ci reprend un des thèmes chers à Anouilh : l'insurmon- table fossé que creusent l'argent et l'éducation.

Anouilh est, en effet, un des auteurs les plus pessimistes de notre temps, et, dans la société de brillants désoeuvrés qu'il dépeint où les époux se trompent et où chacun se déteste plus ou moins ouvertement, Lucile, symbole de la pureté, n'a pas sa place.

Le comte est condamné pour avoir transgressé les règles de sa caste.

Son père l'avait pourtant mis en garde : "Faites toujours ce qui vous fera plaisir, mais seulement avec des femmes de votre monde.

(...) Des turpitudes, soit, mais entre soi." "La répétition" nous avait charmés ; "L'amour puni" nous laisse un goût de cendres.

"Brillante", cette pièce ? Oui, grâce au frou-frou des toilettes et au clinquant du théâtre.

Mais que d'hypocrisie et d'amertume sous les dorures ! Photo Ex plore r A rc hives Le sty le d'An oui lh a a c quis un e g rand e aisance dans L a Répé tition (/ 950) ; /'auteur y a surt out p e1ject ionn é ce rtains pro céd és en se ig nés par Geo rge s Pi toë ff ou Andr é Bar sa cq : l e thé âtr e dans le thé âtre et le pa ssag e in sensibl e d'u ne é p oqu e à/' autr e.

Le livre Un amour condamné par la société A u ch ât eau d e Fe rbroqu es, le c oupl e lib éra l du comte et d e l a comt esse e t l e urs invit és ré p ète nt, en vue d'un e brill ant e r éce pti on, une pièce de M a riva u x.

Le co mt e, vol age et cyniqu e, d éco uvr e l'am our en s'é pre n a nt de la c h aste Lucil e.

La c omt esse , mortifi ée de vo ir son ma ri aimer une j e un e fill e qui n'a pp a rtient pas à l'aristocra tie , te n te d'hum i lier Lu cil e.

L e co mt e s'indi gne du str atagè me.

Lu c ile compr end alor s qu ' il l'aim e vra im ent et d evie nt sa ma îtresse.

D éco n­ c erté e, la c omt esse dem and e à Héro , ami de c ollège du comt e e t alc ooliqu e désa busé, de sé dui re Lu c ile.

Héro acce pte, po ur se ven ger du c omt e à qui il n'a ja m ais pardo nné de 1 'avo ir dis­ s uad é, vin gt an s a upara vant , d 'ép o use r so n amour de je unesse .

Un soir , H éro s'intr o duit dan s la c ha mb re de Lu c ile e t lui a nn on ce qu e le comt e a décidé de ro mpr e avec e lle.

Déses ­ p érée, Luc ile se la isse all er d an s les bras d'H éro.

Le le nd e­ m a in, le c omt e appr e nd que Lu c ile a quitt é le ch âtea u à l'a ub e e t part à sa rech erc h e.

Mai s la co mt esse a obt enu ce qu 'e lle v oul a it et pr évo it qu e s on ma ri va r eve nir et r epr endr e sa vie d e plai sir s.

L'intolérance d'une aristocratie décadente U n rav issa nt contre point s'é ta blit entr e La Doub le In cons ­ t ance de Ma rivau x et la pièce d'An ouilh qui s'e n inspir e.

C e lle-c i r epren d un des thèm es chers à A no uilh : 1 ' ins urm o n­ table fossé que c re use nt 1 'ar ge nt et l' édu ca tion.

Ano ui lh es t, en effe t, un des aut eur s les plu s pess imi stes de no tr e temp s, et, dan s la s oc ié té de brill ant s d ésœ uvr és qu' il dép e int où l es é pou x se tromp ent et où cha cun se d ét este plu s o u moin s o uve rtem ent , Lu c ile, sy mb ole de la pur eté , n'a pas sa place.

L e co mt e es t conda mn é po ur avo ir tran sg ressé les règ les de sa c aste .

S on p ère l'ava it pourt ant mis en gard e : "Fa ites to ujour s ce qui vo us fe ra pla is ir , m ais se ulem ent ave c des femm es de vo tre mond e.

( ...

) D es turpitud es, so it, m ais e ntre soi." "L a r é pé tition " nous ava it ch arm és ; "L 'a m our puni " no us la isse un g oût de cendr es.

"Brill ant e", cett e pièce ? Oui , grâce au f rou - frou d es to ile tt es et au clinqu ant du th éâtre.

Ma is qu e d 'h y poc risie e t d'a m ertum e so us les do rur es !. »