Jacquou le Croquant. Roman d'Eugène Le Roy (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)
Publié le 25/10/2018
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Jacquou le Croquant. Roman d'Eugène Le Roy (1836-1907), publié à Paris en feuilleton dans la Revue de Paris du 15 mars au 15 mai 1899, et en volume chez Calmann-Lévy en 1900.
À l'optimisme social et à l'euphorie bucolique du Moulin du Frau (1891), succède l'amertume de ce deuxième roman, à l'esthétique particulièrement efficace. Le lyrisme du bonheur familial fait place à l'âpre lutte des classes. Un va-nu-pieds devient le porte-parole et l'avocat des croquants victimes d'une noblesse arrogante et d'un clergé revanchard. Jacquou se hisse alors à la dimension légendaire d'un Jacques Bonhomme.
Jacquou, fils du métayer Martissou, raconte ses souvenirs. Dans le bas Périgord sous la Restauration, Martissou, héritier d'une lignée de serfs en révolte contre les féodaux - son père n'avait-il pas détruit le château de Reignac avec l’aide des croquants ? - meurt aux galères pour avoir tué un des hommes de main du comte de Nansac, qui avait abattu son chien. C’est la misère pour le petit Jacquou et sa mère» que Nansac poursuit de sa haine» et qui se réfugient dans une masure en lisière de la forêt Barade. La mère meurt d’épuisement, et» après avoir mis le feu à la forêt du comte, accomplissant ainsi en partie la vengeance que sa mère lui avait fait promettre, l’orphelin est recueilli par le bon curé de Fanlac, Bonal, ancien prêtre jureur, mais dont la destitution en 1822, puis la mort laissent Jacquou sans ressources. Après maintes péripéties, il est enfermé dans les oubliettes du château de Nansac, et Lina, sa fiancée, son amour d’enfance, désespérée, se jette dans l’abîme du Gour. Libéré, réfugié dans la forêt Jacquou n’a de cesse de se venger de ces hobereaux responsables de tous ses malheurs, et après bien des vicissitudes, il parvient à soulever les paysans et à s'emparer du château de Nansac, qu'il incendie. La révolution de 1830 le sauve, alors que son procès était bien mal engagé, malgré la défense passionnée de l'avocat Vidal Fongrave, ami des pauvres. « Les soixante ans qui suivent peuvent se conter brièvement :
«
révolte contre les féodaux -son père n'avait-il pas détruit Je château de Reignac avec J'aide des croquants?- meurt aux galères pour avoir tué un des hommes de main du comte de Nansac, qui avait abattu son chien.
C'est la misère pour le petit jacquou et sa mère, que Nansac poursuit
de sa haine, et qui se réfugient dans une masure
en lisière de la forêt Barade.
La mère meurt
d'épuisement, et, après avoir mis le feu à la forêt du comte, accomplissant ainsi en partie la ven
geance que sa mère lui avait fait promettre,
l'orphelin est recueilli par le bon curé de Fanlac, Bona!, ancien prêtre jureur, mais dont la destitu
tion en 1822, puis la mort laissent jacquou sans ressources.
Après maintes péripéties, il est
enfermé dans les oubliettes du château de Nan sac, et Lina, sa fiancée, son amour d'enfance,
désespérée, se jette dans l'abîme du Gour.
Ubéré, réfugié dans la forêt Jacquou n'a de cesse de se venger de ces hobereaux responsables de tous ses malheurs, et après bien des vicissitudes, il parvient à soulever les paysans et à s'emparer
du château de Nansac, qu'il incendie.
La révolu
tion de 1830 le sauve, alors que son procès était
bien mal engagé, malgré la défense passionnée
de l'avocat Vidal Fongrave, ami des pauvres.« Les soixante ans qui suivent peuvent se conter briè
vement : il n'y a que des événements
communs.
» Âgé de quatre-vingt-dix ans, au terme d'une vie enfin heureuse de charbonnier, Jacquou, « demeuré le demier de tous ceux de [s]on temps, rassasié de jours».
attend la mort.
Si le folklore occupe une place non
négligeable dans ce roman rural, si la
fiction
se double d'une étude de
mœurs fort circonstanciée,
Jacquou le
Croquant vaut surtout pour son réa
lisme et le souffle qui le dynamise :
ainsi le héros accède-t-il à la grandeur
du mythe épique,
les figures paysannes
échappent-elles aux clichés de la
pasto
rale et à la noirceur naturaliste.
Servi
par sa propre expérience, Eugène Le
Roy plaide en faveur de la justice
sociale.
La simplicité de l'intrigue, une
révolte provoquée par
un humble qui
ne supporte plus la misère
et les exac
tions d'un tyran, en somme une révo
lution de village réitérant 1789, suffit à
ancrer la fiction dans l'Histoire,
ancrage manifeste dès l'incipit :
« Le
plus loin dont il me souvienne, c'est
1815, l'année que les étrangers vinrent
à
Paris et où Napoléon, appelé par les
messieurs
du château de l'Herm
"l'Ogre de Corse", fut envoyé à Sainte
Hélène, par-delà les mers.
>> Temps de
l'Histoire et temps de la fiction
se rejoi
gnent, donnant au roman l'allure
d'une chronique.
D'autre part, le désir
de vengeance évolue vers
une prise de
conscience de classe de plus
en plus
affirmée, marquant le mûrissement du
personnage qui va de pair avec celui de
l'Histoire.
Un idéal de petits propriétai
res paisibles
se dessine, correspondant
au rêve de l'auteur, qui chante la
gran
deur du métier de cultivateur, « le pre
mier de tous les états>>, «le plus sain,
le plus intelligent,
le plus libre >> selon
le curé Bonal.
Point de manichéisme primaire dans
ce roman social : à l'affreux comte de
Nansac s'oppose le chevalier de
Gali
bert, d'héroïque lignée, alors que le
hobereau n'est que
le petit-fils de Cro
zat, un porteur d'eau enrichi et anobli
par l'argent.
Désuète, la noblesse
d'épée attire la sympathie,
et contraste
singulièrement avec l'arrogance de
l'odieux clan Nansac, libertin, oisif,
égoïste et hypocrite.
Mais les Galibert,
frère
et sœur, restent sans descen
dance, et les filles Nansac semblent
promises
à la stérilité, revanche biolo
gique des prolifiques paysans.
On
retrouve la même opposition dans le
clergé : à l'honnête Bonal fait face dom
Enjalbert, ridicule
et suffisant chape
lain du château, tout aussi néfaste et
abominable que ses maîtres.
Il joue un
rôle décisif dans la cabale qui abat
Bonal, mais s'enfuit après l'incendie de
son repaire, comme le successeur de
Bonal doit céder devant l'hostilité de
ses paroissiens.
Noblesse, clergé : les
deux ordres s'effacent donc.
Reste le
tiers état.
Le Roy détaille les différentes catégo
ries de la paysannerie, du métayer au.
»
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