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INSURGÉ (L'). Roman de Jules Vallès (résume et analyse complète)

Publié le 24/10/2018

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INSURGÉ (L'). Roman de Jules Vallès

(1832-1885), publié à Paris chez Charpentier en 1886.

Le projet du livre semble exister dès 1879 et s'inscrit logiquement dans la courbe de la trilogie de Jacques Vingtras, ouverte avec l'Enfant et poursuivie avec le Bachelier. C'est Juliette Adam qui invite Vallès à publier son texte dans la Nouvelle Revue (août et septembre 1882), ordinairement plus sage, mais peut-être guidée ici par le dépit de sa directrice contre Gambetta et sa république modérée. L'année suivante, le texte de ce Jacques Vingtras III est un peu modifié pour le Cri du peuple que Vallès fait reparaître ; il faudra cependant l'intervention de Séverine, l'amie de Vallès, pour rassembler (certains disent rédiger), après la mort de l'auteur, la fin du roman.

 

Le récit s'organise en trente-cinq courts chapitres sans titre. Jacques Vingtras est pion en province. Il se contente d’une petite vie tranquille, mais ses propros séditieux le font renvoyer. Revenu à Paris, il devient auxiliaire d’état civil de la Ville de Paris. Il connaît la pauvreté, mais un de ses articles est accepté par le Figaro. Il parie aussi de Balzac lors d’une conférence qui cause son renvoi pour offense au gouvernement. Il se retourne alors vers les patrons de presse : Girardin est décevant mais Villemessant, le directeur du Figaro, lui offre pour un temps la place de Rochefort. Il ne plaît pas et fonde alors la Rue avec quelques collaborateurs : le journal est bientôt condamné et Vingtras se retrouve en prison où il fait le portrait de ses compagnons d’infortune à Sainte-Pélagie, émouvants et ridicules. Mais l’opposition elle-même n'est pas homogène et les socialistes s’affrontent aux républicains modérés comme Jules Simon, dont Vingtras devient l’adversaire lors d’une élection (chap. 1-12).

 

On voit Vingtras sommant les députés de Paris, animant la manifestation qui accompagne l’enterrement de Victor Noir. Éclate alors la guerre contre la Prusse et le pacifisme de Vingtras lui vaut d’être arrêté. Relâché, il se mêle aux discussions politiques et aux projets divers

qui agitent Paris. Après la défaite de Sedan, la République est proclamée le 4 septembre 1870. Il fréquente Belleville et les socialistes qui essaient de s’imposer dans le désordre ambiant. On le considère alors comme un révolutionnaire et on lance contre lui des accusations contradictoires de collaboration avec l’Empire et de menées insurrectionnelles ( 13-24).

C’est bientôt la Commune : se met en place, difficilement, un Comité central qui vit dans le lyrisme, l’urgence et l’affrontement, avec des ministres inexpérimentés. Le narrateur s’engage physiquement dans la lutte et, lors de la Semaine sanglante, commande différents points de résistance, notamment au Panthéon. Il voit ou apprend les incendies volontaires, les exécutions sommaires, les trahisons, les déroutes diverses qui l’obligent finalement à se déguiser en médecin, puis à se cacher dans Paris avant de fuir définitivement (24-35).

« personnel, intime.

L'Histoire n'est pas ici glorieuse ou simple, elle est faite d'événements et de caractères mal liés les uns aux autres, et le narrateur la dirige peu, pris qu'Il est daru le chaos des circonstances qui le dépassent.

La Comm un e, en ce sens, est une tragé­ die, à ceci pr ès que la ligne du récit est brlsée parfois d'éléments comiques ou incongrus.

La position du narrat eur s'y définit essentiellement par un langage grâce auquel, malgré l'impuissance f ré­ quente du discours, sa conviction se co mmunique cependant aux autres : l angage de l 'orateur qui empoigne à plusiews reprises son auditoire et découvre le pouvoir de son éloquence ; langage aussi du journaliste qui publie le Cri du peuple et se fait lire dans Paris.

À plusieurs reprises, Vallès-VIngtras explique que cette parole ne saurait être rationnelle ou froide : à l'opp res ­ s ion, le peuple répond avec passion, et les pages de l'lnsurgl, à un autre niveau que les dis cou rs politiques, veulent aussi toucher les cœurs.

Indigné ou iro­ nique, le livre possède une générosité qui emporte l'adhésion.. »

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