INCONNUE D’ARRAS (L’) d'Armand Salacrou (résumé & analyse)

INCONNUE D’ARRAS (L’)

Armand Salacrou. Pièce en trois actes, 1935.

La pièce s’ouvre sur le suicide d’Ulysse, qui vient d’apprendre la liaison de sa femme Yolande avec son ami d’enfance Maxime. Mort, il reste quelques instants encore parmi les vivants, aux côtés de Yolande et de Nicolas, son fidèle valet, le temps pour ses souvenirs de surgir pêle-mêle devant eux. Un dialogue s’instaure entre Ulysse et les figures de son passé. Soudain, son grand-père, mort à vingt ans sur le champ de bataille, lui reproche son suicide. Il fait alors le pari que l’évocation de sa vie lui fera comprendre son geste. Cependant, le pari semble perdu. Ayant retrouvé les femmes qu’il a aimées, le mort finit même par accepter de vivre, mais il est trop tard : on entend à nouveau l’insolente chanson de l’infidèle, puis le fatal coup de revolver.

♦ Salacrou (1899-1989), dont le théâtre entier est traversé d’une inquiétude métaphysique, met ici en scène, par le procédé du retour en arrière, l’irréversibilité fatale du temps, la vie humaine sortant du néant pour y retourner. Si les souvenirs semblent un instant bouleverser l’espace et le temps, ils ramènent inexorablement Ulysse, sous la conduite de Nicolas, le valet raisonneur et lucide, à la clôture de ce salon bourgeois où il s’est donné la mort par dégoût et désespoir. Seule se détache des personnages, ordinaires et médiocres, l’inconnue rencontrée dans Arras dévastée par la guerre : putain ou petite fille, elle garde à jamais son secret, et incarne ainsi le mythe de l’amour vrai et, fatalement, impossible.