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IMPOSTURE de BERNANOS

Publié le 23/08/2015

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bernanos

IMPOSTURE (L'). Roman de Georges

Bernanos (1888-1948), publié en 1928. L'imposture

est celle de l'abbé Cénabre, prêtre érudit, chanoine

respecté, auteur discuté mais admiré, qui,

ayant perdu la foi, n'en continue pas moins,

A rester fidèle à toutes les habitudes de son

ministère. Aux origineS de ce désastre spirituel,

Il y a l'orgueil : l'abbé Cénabre ignore les tentations

mineures, celle de la chair par exemple.

C'est une nature forte qui, dans la perte de la

foi, retrouve cette étrange liberté du mal qui le

laisse indépendant de Dieu, sans se laisser aller

pour autant aux désordres des vrêtres indignes.

A-t-il jamais eu la foi d'ailleurs ? Aussi loin

qu'il remonte dans ses souvenirs, il reconnaît

en lui une tragique rétraction, une peur

horrible en face de la Croix. Aussi, parce qu'il a

soustrait à Dieu l'essentiel, le secret de lui-même,

il a pu toujours se donner le luxe de

confessions sincères, précises, d'un accomp1issement

rigoureux de ses devoirs, d'une vie

morale austère, pointilleuse jusque dans le respect

de la prière solitaire : à son directeur, il ne

taisait qu'une chose, qui était le noeud de son

âme : son refus. Spécialiste des problèmes

mystiques, auteur d'une « Vie de Tauler " et

d'un livre réputé sur les Mystiques florentins

l'abbé Cénahre est un amateur d'âmes. Il aurait

voulu, échappant à l'amour, connaître pourtant

de l'extérieur, par le seul instrument de la

psychologie moderne, le secret des âmes. II est

anxieux de ce mystère auquel il ne veut point

participer, mais qu'il souhaiterait éclaircir par

l'analyse : la sainteté. Mais, en face d'elle, le

psychologue subtil avait dù reconnaître que

l'essentiel lui échappait encore. Bernanos nous

montre son héros allant jusqu'au bout de sa

nassion désespérée : un soir. près de la Seine.

l'abbé Cénahre rencontre un vagabond qui lui

demande l'aumône. Le prêtre le force à faire

une interminable promenade avec lui : pour le

réconforter ? Non pas; pour essayer, avec une

violence croissante, dans une scène d'un malaise

invincible, de faire parler cette âme, au moins

celle-là. puisque celle des saints n'a pas voulu

répondre au savant. de lui faire livrer cette

part unique qui n'est découverte qu'au regard

de Dieu.

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