Illuminations d'Arthur Rimbaud (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)
Publié le 24/10/2018
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Illuminations. Recueil poétique en prose d'Arthur Rimbaud (18541891), publié à Paris dans la Vogue, et en volume aux Éditions de cette revue en 1886. Dans l'édition des Poésies complètes (Paris, Léon Vanier, 1895), figurent des textes découverts plus tard et absents dans l'édition de la Vogue ainsi que dans la première effectuée par Vanier en 1892. Dans chacune de ces éditions, le recueil est précédé d'une « Notice » ou « Préface » de Paul Verlaine.
En 1875, lors d'une dernière rencontre à Stuttgart, Rimbaud remit à Verlaine le manuscrit des Illuminations, qui passa ensuite entre de nombreuses mains, avant d'être publié en 1886. Rimbaud, qui avait depuis longtemps renoncé à la poésie et vivait en Abyssinie, ignora cette publication. Selon le témoignage de Verlaine, l'ouvrage « fut écrit de 1873 à 1875 » (Notice de l’édition 1886). En effet, si quelques poèmes en prose sont antérieurs à ceux d'Une saison en enfer, il est désormais généralement admis que la plupart sont contemporains ou postérieurs. Cela n'interdit toutefois nullement de voir dans Une saison en enfer une sorte de testament poétique que les Illuminations corrigent ou prolongent.
Les textes des Illuminations - quarante-deux ou quarante-quatre, selon les éditions - sont, dans l’ensemble, relativement brefs et divisés en quelques paragraphes qui rythment la prose, scandent le parcours poétique. Plus rares sont les poèmes longs et comportant plusieurs sections tels que “Enfance”, “Vies”, “Veillées” ou “Jeunesse”. L'organisation du recueil n’est pas due à Rimbaud mais au critique Félix Fénéon qui opéra un classement des feuillets épars confiés à la Vogue. L’ordre de succession des poèmes n’est donc pas en lui-même pertinent. La lecture du recueil permet toutefois de repérer des systèmes d’écho, des configurations signifiantes entre les textes : certains dessinent un univers urbain et moderne - “Ville”, “Villes I”, “Villes II”, “Ouvriers”, “les Ponts” -, d’autres un monde dans lequel la beauté naturelle et originelle a été préservée - “Aube”, “Fleurs”, “Marine” d’autres encore nous plongent dans l’enfance et la féerie - “Enfance”, “Conte”, “Royauté”. Ainsi se créent une intelligibilité qui excède les limites d’un seul poème et une cohérence interne qui subsume le morcellement
Le titre du recueil - que l'on ne trouve nulle part écrit par Rimbaud mais dont Verlaine a certifié l'authenticité, tout comme celle du sous-titre « coloured plates » [assiettes, plaques ou planches, coloriées ou peintes] -privilégie la vision. Selon Verlaine, les Illuminations font allusion aux enluminures populaires. Il est vrai que la poésie rimbaldienne s'ancre dans un imaginaire collectif et traditionnel qu'elle transmue, bien sûr, à sa manière, ce qui lui confère une tonalité parfois naïve, proche du monde de l'enfance. En outre, les textes se présentent le plus souvent comme émanant d'un regard particulier et requièrent du lecteur la contemplation partagée d'un spectacle. Le poète s'apparente à un montreur, sans que l'on sache exactement si l'objet désigné préexiste au regard ou si c'est l'acte de nomination
qui le fait apparaître : « Il y a une horloge qui ne sonne pas. / Il y a une fondrière avec un nid de bêtes blanches. / Il y a une cathédrale [...] » (\"Enfance\"). Le terme « illuminations » peut se rapporter également à ce pouvoir d'apparition des objets poétiques qui imposent leur éclat aussi bien aux yeux qu'à l'esprit. Les nombreuses phrases nominales ou présentatives ont cette même valeur déictique : « C'est le repos [...] / C'est l'ami [...] / C'est l'aimée [...] » (\"Veillées\").
La perception visuelle n'est cependant pas exclusive dans les Illuminations, qui octroient notamment une large place au sens auditif. Le vocabulaire musical est très présent et donne matière à mainte image qui mêle les sensations. Ainsi,: le spectacle initialement visuel du poème intitulé \"les Popts\" intègre peu à peu des notations musicales : « Des accords mineurs se croisent [...]. Sont-ce des airs populaires, des bouts de concerts seigneuriaux, des restants d'hymnes publics ? » Ici encore, l'image se déploie en toute liberté et l'« illumination », révélation et hallucination tout à la fois, transfigure le monde : « La musique, virement des gouffres et choc des glaçons aux astres » (\"Barbare\").
La musique, c'est aussi celle que crée le texte, par ses rythmes et ses sonorités. Bien différente de celle prônée et pratiquée par Verlaine, la «musique savante» (\"Conte\") de Rimbaud est heurtée, parfois cahotique, toujours diverse. Elle utilise par exemple l'assonance et l'allitération comme conducteurs de la parole poétique : « Fleurs qu'on appellerait cœurs et sœurs, Damas damnant de longueur » (\"Métropolitain\"). L'enchaînement et le heurt des sonorités semblent primer sur le sens pour créer une cohérence avant tout auditive. La musique des textes émane aussi de l'utilisation de termes étrangers : leur sens, là encore,
«
voir dans Une saison en enfer une sorte
de testament poétique que les
Illumina
tions corrigent ou prolongent.
Les textes des Illuminations -quarante-deux
ou quarante-quatre, selon les éditions -sont, dans l'ensemble, relativement brefs et divisés en quelques paragraphes qui rythment la prose,
scandent le parcours poétique.
Plus rares sont les poèmes longs et comportant plusieurs sections tels que "Enfance", "Vies", "Veillées" ou "jeu nesse".
L'organisation du recueil n'est pas due à Rimbaud mais au critique Félix Fénéon qui opéra un classement des feuillets épars confiés à la Vogue.
L'ordre de succession des poèmes n'est
donc pas en lui-même pertinent.
La lecture du recueil permet toutefois de repérer des systèmes d'écho, des configurations signifiantes entre les textes : certains dessinent un univers urbain et moderne - "Ville", "Villes 1", "Villes Il",
"Ouvriers", "les Ponts" -, d'autres un monde dans lequel la beauté naturelle et originelle a été
préservée - "Aube", "Fleurs", "Marine" -; d'autres encore nous plongent dans l'enfance et la féerie ..,..'.'Enfance'.', "Conte", "Royauté".
Ainsi se créent une intelligibilité qui excède les limites d'un seul poème et une cohérence interne qui
subsume le morcellement.
Le titre du recueil -que l'on ne
trouve nulle part écrit par Rimbaud
mais
dont Verlaine a certifié l'authenti
cité, tout comme celle du sous-titre
« coloured plates,, [assiettes, plaques
ou planches, coloriées ou peintes] -
privilégie la vision.
Selon Verlaine, les
Illuminations font allusion aux enlumi
nures populaires.
Il est vrai que la poé
sie rimbaldienne s'ancre dans un ima
ginaire collectif et traditionnel qu'elle
transmue, bien sûr, à
sa manière, ce
qui lui confère une tonalité parfois
naïve, proche du monde de l'enfance.
En outre, les textes se présentent le
plus souvent comme émanant
d'un
regard particulier et requièrent du lec
teur la contemplation partagée d'un
spectacle.
Le poète s'apparente à un
montreur, sans que l'on sache exacte
ment si l'objet désigné préexiste au
regard ou si c'est l'acte de nomination qui
le fait apparaître :
« Il y a une
horloge qui ne sonne pas.
1 Il y a une
fondrière avec
un nid de bêtes blan
ches.
1 Il y a une cathédrale [ ...
] »
("Enfance").
Le terme «illuminations »
peut se rapporter également à ce pou
voir d'apparition des objets poétiques
qui imposent leur éclat aussi bien aux
yeux qu'à l'esprit.
Les nombreuses
phrases nominales
ou présentatives
ont cette même valeur déictique :.
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