ÎLES DE LA NUIT (Les) d'Alain Grandbois (résumé & analyse)

ÎLES DE LA NUIT (Les)

Alain Grandbois. Poèmes, 1963.

Ce recueil célèbre d’un des plus grands poètes québécois de la seconde moitié du xxe siècle traduit en images violentes l’angoisse existentielle d’un «je» poétique qui ne parvient pas à maîtriser son destin et qui porte le deuil étemel de lui-même et de la femme aimée toujours perdue, toujours inaccessible, toujours morte. Le texte refuse la facilité du lyrisme pour confronter la tension insurmontable entre le continu de la trame temporelle et la discontinuité de l’expérience humaine. Feux, nuit et obscurité, images récurrentes de la constellation et de l’archipel, contribuent à constituer les étapes d’un parcours initiatique qui se heurte toujours à nouveau au même scandale, celui de l’absence, de la disparition, de la mort. L’amour est médiation, non vers le bonheur, mais vers cet enlisement dans l’épaisseur des choses détruites — et la seule alternative à ce pourrissement du monde et du « je » est à trouver dans un flamboiement «gris», ou blanc, qui consume et dévore de manière tout aussi radicale. Grandbois (1900-1975) a recours à la rhétorique de la répétition et de la variation, privilégiant dans ses vers libres le rythme lancinant de litanies qui n’en finissent pas de marquer un constat d’échec ou d’absence. Sa syntaxe linéaire, fondée sur le principe de l’énumération, met d’autant plus en valeur la violence des images contrastées, qui reviennent d’une pièce à l’autre pour former un réseau de sens quasiment obsessionnel.