HYMNES. Recueil poétique de Pierre de Ronsard
Publié le 25/10/2018
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Ce foisonnement thématique du recueil a conduit la critique à proposer des critères de classement. La typologie la plus célèbre, celle de l'historien de la Pléiade Henri Chamard, distinguait trois catégories d'hymnes : les hymnes « héroïques », qui racontent les exploits de personnages réels ou mythologiques ; les hymnes « didactiques », qui exposent des conceptions philosophiques et scientifiques ; les hymnes « symboliques », dont l'idée maîtresse s'exprime sous la forme d'un développement allégorique. Quel que soit l'intérêt pédagogique d'une telle classification, elle méconnaît la plasticité fuyante du genre et érige arbitrairement le sujet de l'hymne en critère discriminant. Or il n'est pas sûr qu'une différence fondamentale
HYMNES. Recueil poétique de Pierre de Ronsard (1524-1585), publié à Paris chez André Wechel en 1555 et 1556 (2 vol.).
Par le lyrisme grandiose de son inspiration, l'hymne ronsardien se rapproche des Odes de 1550 et 1552; mais l'absence de contraintes strophiques et la succession de rimes plates en font une forme plus ouverte et plus malléable. L'Art poétique de Thomas Sébillet (1548) et celui de Jacques Peletier du Mans (1555) ignorent le genre, tout comme la Défense et Illustration de la langue française. Peut-être Ronsard fut-il l’introducteur de l'hymne dans la poésie française, lorsqu'il publia en 1549 un « Hymne de France », poème de 224 vers en décasyllabes à rimes plates, inspiré de l'éloge de l'Italie par Virgile. La littérature antique comportait deux catégories d’hymnes qui ne se différenciaient pas toujours nettement : l'hymne homérique, composition épique adressée à des dieux, et l'hymne rituel et évocatoire, dont les Hymni naturales de Marulle offrent l'exemple le plus achevé. L'adoption du genre par Ronsard apparaît comme l'actualisation logique des préceptes doctrinaux de la Pléiade : l'hymne n'élargit-il pas démesurément les prérogatives du poète, en lui donnant pour mission de convoquer toutes les figures grandioses du monde matériel et spirituel ?
À partir de 1560, Ronsard, tout en maintenant dans les éditions collectives de ses œuvres la section des Hymnes, a fait subir à ces poèmes d'importantes modifications : il en a changé l'ordonnance, en a supprimé certains, a plus ou moins remanié les autres. Il importe donc de distinguer le texte de 1555-1556 des éditions ultérieures.
«
convoquer toutes les figures grandioses
du monde matériel et spirituel ?
À partir de
1560, Ronsard, tout en
maintenant dans les éditions collecti
ves de ses œuvres la section des
Hym
nes,
a fait subir à ces poèmes d'impor
tantes modifications :
il en a changé
l'ordonnance,
en a supprimé certains,
a plus ou moins remanié les autres.
Il
importe donc de distinguer le texte de
1555-1556 des éditions ultérieures.
L'édition originale s'ouvre sur une dédicace au cardinal Odet de Châtillon.
Le livre 1 contient
principalement !'"Hymne de Henri Il" («C'est presque un Dieu que le Roy des François » ), les hymnes allégoriques consacrés à la "justice" et à la "Philosophie", !'"Hymne de la Mort" («Que ta
puissance ô mort! est grande et admirable ! 1 Rien au monde par toy ne se dit pardurable »), les hymnes cosmologiques "des Daimons", "du
Ciel", "des Astres", ainsi que !"'Hercule chres tien", où les exploits du héros légendaire appa raissent comme une préfiguration symbolique de la vie du Christ.
Le livre Il comprend surtout
l'hymne cosmologique et philosophique consacré à I"'Étemité", et deux hymnes mythologiques : !"'Hymne de Cala:ts et de Zethes", et !"'Hymne de Pollux et de Castor".
Dans la demière édition collective revue par
l'auteur ( 1584), le premier livre s'ouvre sur !"'Hymne de l'Éternité".
La principale différence
tient à la suppression de quelques pièces -
essentiellement des épîtres- et à l'introduction d'un "Hymne au roy Henry Ill, roy de France, pour la victoire de Moncontour".
Le second livne s'ouvre sur !"'Hymne de la Philosophie", et cinq pièces y sont ajoutées : les hymnes du "Prin
temps", de !"'Esté", de I"'Autonne", de I"'Hyver", ainsi que !"'Hymne de Bacchus", qui figurait initia
lement dans les Mélanges de 1554.
À l'instar de l'ode, l'hymne ronsar
dien remplit
une fonction encomiasti
que :
il glorifie sur le mode hyperboli
que un personnage, un objet ou une
notion abstraite.
Mais le champ de ses
possibilités est sans doute plus vaste
que celui de l'ode : tous les sujets peu
vent y entrer -Mythologie, Histoire,
science, philosophie, morale et cosmo- logie.
Ce foisonnement thématique
du
recueil a conduit la critique à proposer
des critères de classement.
La typologie
la plus célèbre, celle de l'historien
dela Pléiade Henri Chamard, distin
guait trois catégories
d'hymnes : les
hymnes «héroïques>>, qui racontent
les exploits de personnages réels ou
mythologiques ; les hymnes « didacti
ques>>, qui exposent des conceptions
philosophiques et scientifiques ; les
hymnes , dont l'idée
maîtresse s'exprime sous la forme
d'un
développement allégorique.
Quel que
soit l'intérêt pédagogique d'une telle
classification, elle
méconnaît la plasti
cité fuyante
du genre et érige arbitrai
rement le sujet de l'hymne en critère
discriminant.
Or il n'est pas sûr qu'une
différence fondamentale sépare les
panégyriques officiels ("Hymne de
Henri II") de la réflexion sur les entités
métaphysiques ("Hymne de l'Éter
nité").
Par-delà la diversité de leurs
contenus, les
hymnes ronsardiens
n'obéissent-ils pas à
une rhétorique
commune?
L'objet de l'encomium - individu,
matériau
ou concept -est invariable
ment choisi pour son aptitude à
concentrer les forces
et les flux cardi
naux de l'univers.
Il s'offre comme
absolu (l'Éternité), synthèse des aspira
tions humaines (la Philosophie), fata
lité biologique
où convergent toutes
espèces vivantes (la Mort)
ou bien
encore expression fascinante des acti
vités productrices
et transformatrices
de
l'homme (l'Or).
Célébration de
l'Unité, l'hymne passe nécessairement
par un projet ou un fantasme de totali
sation encyclopédique.
Il s'assigne la
tâche de
> de son
objet : formule essentielle, où la persis
tance de
l'étymon latin computare
implique à la fois > et.
»
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