Hussard sur le toit (le). Roman de Jean Giono (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)
Publié le 25/10/2018
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Hussard sur le toit (le). Roman de Jean Giono (1895-1970), publié à Paris chez Gallimard en 1951. Les chapitres 1 à 4 avaient été prépubliés en février 1947 par l'Union bibliophile de France à la suite d'Un de Baumugnes sous le titre « le Choléra en 1838 », et les chapitres 6 à 8, dans la Table ronde en 1949.
Ce roman, auquel Giono se consacre après avoir terminé Mort d'un personnage (1948), est le troisième texte destiné à s'insérer dans le « cycle du Hussard » (voir Angelo). L'ampleur prise par l'ouvrage au cours de sa rédaction conduit toutefois l'auteur à abandonner son projet d'ensemble, notamment dans la mesure où l'histoire du Hussard sur le toit répète et parfois contredit celle d'Angelo que, dans un premier temps, l'écrivain renonce d'ailleurs à publier. Quoique parfaitement autonome, le Hussard sur le toit gagne à être lu en regard des autres livres du cycle.
Angelo, un jeune colonel de hussards piémontais qui a dû quitter l’Italie en raison de ses activités révolutionnaires, chevauche dans le sud de la France où une maladie mortelle commence à se propager (chap. I). Au village des Omergues, Angelo ne trouve que des cadavres. Un jeune médecin rencontré par hasard, et qu'il nomme le « petit Français », lui révèle l’existence d’une épidémie de choléra avant de mourir à son tour. Angelo, après s’être débarrassé d’un voleur (2 -3), trouve une jeune préceptrice qui, en compagnie de deux enfants, cherche à gagner Avignon. Il entreprend de les y conduire mais des gendarmes les mènent à une quarantaine où meurent bientôt les trois compagnons d’Angelo (4-5). Ce dernier arrive à Manosque, y échappe de peu à un lynchage et se réfugie sur les toits. Par un grenier, il pénètre dans une maison où une jeune femme lui offre à manger. Il rencontre ensuite une nonne qui se consacre à la toilette des cadavres et il partage sa tâche pendant quelques jours (6-7). Ayant appris que les habitants de Manosque se sont réfugiés dans les collines alentour, Angelo s’y rend et retrouve enfin son frère de lait, Giuseppe, et sa femme, Lavinia. Giuseppe, ancien hussard et maintenant cordonnier à Manosque, est à la tête d’une communauté très organisée installée dans les collines. En dépit d’un attachement commun pour la révolution et la liberté, les opinions politiques des deux amis divergent (8-10). Angelo quitte Giuseppe et Lavinia après être convenu avec eux d’un lieu de rendez-vous près de la frontière italienne où ils se retrouveront un peu plus tard. En chemin, Angelo retrouve la jeune femme de Manosque et tous deux, après avoir réussi à franchir un barrage sanitaire, décident de voyager ensemble (9). Un soir, après s’être échappés d’une quarantaine où on les avait conduits de force, Angelo et la jeune femme, qui se nomme Pauline et est l’épouse du marquis de Théus,
«
leversement généralisé de l'organisa
tion sociale.
Dépourvu d'autorités
civile, religieuse
et médicale efficaces,
l'univers du
roman montre l'homme à
nu, voué à la brutalité de ses instincts.
Principe de nivellement, le fléau abolit
jusqu'au
nom des multiples protago
nistes
dont la route croise un instant
celle d'Angelo, ensuite accompagné de
Pauline, dont le nom n'est révélé d'ail
leurs que tardivement (au chapitre 12).
Les êtres humains, dont l'apparition
dans le texte
n'obéit à d'autre logique
que celle de la succession créée
par
le cheminement d'Angelo, semblent
autant de pantins dérisoires, souvent
livrés
à des agissements dépourvus de
sens au regard de la
mort qui les
attend.
Le tragique le plus horrible
peut ainsi côtoyer le comique et la
cocasserie
du titre préfigure l'humour,
macabre, qui fonde l'originalité de
l'écriture romanesque.
«Et ça devient
un monstrueux roman picaresque,
cocasse, tendre, ébouriffant
et finale
ment grave», écrit Giono à Maximilien Vox le 1er juin 1947.
En second lieu, la position préémi
nente octroyée par le titre au person
nage a également
une portée symboli
que.
Angelo, dès le premier
roman qui
lui est consacré (voir
Angelo) est en
effet, par bien des aspects, un être
supérieur.
Certes,
il n'est qu'un hu
main, menacé comme les autres et par
fois contraint à la fuite -hors d'Italie
tout d'abord puis sur les toits de
Manosque.
Il lui arrive de connaître la
faim, la soif, la fatigue.
Cependant son
caractère
unique et supérieur se révèle
à travers de multiples signes : son nom,
qui l'isole de la foule
anonyme qui
peuple l'ouvrage
et dont la connota
tion céleste le différencie du commun
des mortels ; sa naissance à la fois
noble
-il est le fils de la duchesse
Ezzia-
et étrangère qui le distingue de
la masse
tout comme son grade qui
le pare
d'une majestueuse aura.
Le
système narratif, qui favorise le point
de vue d'Angelo, place en outre ce der
nier dans
une situation particulière
puisqu'il est la seule conscience exis
tant dans le texte.
Surtout, Angelo
côtoie le choléra, souvent de très près -
il n'hésite pas à toucher les malades
et
les morts-, et n'est pourtant jamais
victime de l'épidémie.
Là réside son
indéniable supériorité -même Pauline
n'échappe pas à la maladie- et sa pos
sibilité d'embrasser, par la vision
tout
autant que par l'esprit- Angelo médite
beaucoup
durant son séjour sur les
toits (chap.
6) -, l'ensemble du phéno
mène.
Pourtant cette immunité n'est
pas un acquis mais une conquête, car
Angelo est
un héros perpétuellement à
la recherche de son propre dépasse
ment, comme l'atteste
un titre auquel
Giono avait songé
pour son roman :
.
Le choléra opère comme une sorte
de révélateur
ou de.
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