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HORLA (le), de Maupassant

Publié le 19/01/2019

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HORLA (le), conte de Maupassant, publié dans le Gil Blas du 26 octobre 1886 ; une seconde version, la seule publiée en recueil, parut en mai 1887 : elle abandonne la forme du récit — celui d'un malade mental étrangement lucide présenté par un médecin perplexe — pour privilégier l'immersion directe dans les confidences d'un journal intime. Plus d'enchâssement, de mise en abyme, qui sont aussi mise en scène et mise en garde, si fréquents chez Maupassant : le fantastique, grâce à l'omniprésence d'un narrateur unique, y gagne, tandis que s'amenuise le messianisme insistant de

 

la première version. En 1886, le conte, ouvrant des interrogations sur la validité des sens, suggérait l'existence de « celui que la terre attend, après l'homme ! Celui qui vient nous détrôner, nous asservir, nous dompter, et se nourrir de nous peut-être... », comme de quelque extraterrestre très plausible. Un an plus tard, tout en évoquant l'hypnotisme, phénomène alors fort à la mode, en laissant toujours possible la rationalisation du mystère, l'auteur présente le même univers, mais totalement métamorphosé par le changement de technique narrative. Un univers d'abord limpide est progressivement troublé par les traces d'une présence étrangère et menaçante : affres d'un esprit torturé qui se voit se détruire, plongée toujours consciente quoique terrorisée dans la folie, engloutissement continu d'un sujet déconstruit qui se regarde se défaire. Le Horla, ce vampire qui boit l'énergie, la volonté (le désir de vie ?), n'est peut-être donc pas le personnage principal du conte ; ou plutôt il n'est peut-être qu'un seul personnage. Que le corps indiscernable de l' « Être » dissimule un moment au narrateur terrifié son reflet dans un miroir importe probablement moins que cette absence même de la reduplication exacte de soi, preuve du tangible et de l'existence. Le questionnement sur l'identité du Horla, la tentative de le circonscrire et de le déterminer, de le nommer aussi, les gloses sur ce nom donné à l'invisible (de l'influence vocali-que de Zola ou de choléra, au génitif de Oriol en passant par la dérivation du Hurlubleu de Nodier) ont pu cacher que le conte opère avant tout un parcours vertigineux, une descente aux enfers. Le passage de l'autre côté d'un miroir qui ne reflète plus rien en est le plus sûr indice.

 

Le Horla peut n'en constituer pas moins une présence essentielle et multi-voque. Hydre fascinante, il joue de douceur maternante, de puissance érotique (« sa bouche sur ma bouche ») et participe d'une liquidité redoutable : amené par le fleuve, il avale, il engloutit : nul remède que d'opposer à l'élément liquide son ennemi le Feu : le dénouement tragique de la seconde version accentue, avec l'incendie meurtrier et l'allusion au suicide, l'impuissance et la terreur. Mais l'horreur tient surtout à cette monstruosité d'un être voué à l'oralité. Ce « hors-là » (selon L. Forestier) qu'on voudrait hors-soi, irrémédiablement autre quand il se confond avec soi, ce persécuteur atrocement doux avec son goût du lait, des roses et de la poésie, porte peut-être la marque d'une épouvantable régression : il incarne quelque sphinx, intérieur, indestructible.

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« arrêt des événements insolites les bizarreries recommencent prouvant presque qu'il agit de quelque chose ou de quelqu'un ! vue duHorlaSituation finale: la mort supposer du Horla et celle supposer du narrateur. »

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