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HORACE de Corneille (résumé & analyse)

Publié le 11/10/2018

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horace

Son patriotisme brutal le pousse à un meurtre odieux dont il refuse de se repentir. Il ne vit que pour la gloire, celle de Rome, mais aussi la sienne ; quand il a tué sa sœur, il veut bien mourir, mais non pas expier :

pour laisser une illustre mémoire,

La mort seule aujourd'hui peut conserver ma gloire.

 

Permettez, ô grand roi, que de ce bras vainqueur Je m’immole à ma gloire, et non pas à ma sœur.

Ce glorieux n’a étonné ni Corneille ni les contemporains. Ils n'y retrouvaient pas seulement les Rolands, les Amadis et autres cavaliers superbes des poèmes et romans à la mode ; ils voyaient en lui le Romain.

Assurément, ce n’est pas le Romain de l'histoire, de notre histoire. Les Romains primitifs étaient moins grandiloquents et moins magnanimes ; ils étaient sans doute des bergers durs, cupides et têtus. C'était le Romain tel que le révélaient Tite-Live et Plutarque. C'était le Romain de Balzac et celui des collèges. Pendant deux siècles au moins, les régents et leurs élèves se sont ainsi forgé, à travers les harangues de Tite-Live et les moralités de Plutarque, un idéal du héros, du « citoyen » et du patriote. Ce patriotisme n'était même pas exactement français. Le mot de patrie n’avait pas encore grand sens en France, en 1640 ; le devoir d’un sujet du roi était la fidélité au roi. Mais Corneille n'a pas prétendu parler seulement à des Français, ni même dicter des leçons éternelles de vertu civique. Il a fait, ou il a cru faire, un tableau « historique ». Comme Balzac l’en félicitait, il a donné, ou voulu donner, \"à ces vieux illustres le caractère de leur temps et de leur pays\". Il a répondu, à ceux qui blâmaient Valère de ne provoquer Horace en duel, au lieu de l'accuser au tribunal du roi, que l'on ne se battait pas en duel à Rome. Ainsi Horace n'est pas nécessairement pour Corneille un tableau du patriotisme éternel sous des noms romains. C'est une reconstitution.

 

C’est cette reconstitution, en même temps que le goût de Corneille et la tradition dramatique, qui explique la place donnée aux récits et aux discours. Les Romains de Tite-Live ou même de Plutarque sont bavards ou pour le moins disser-tateurs. Nul ne s'est donc étonné qu'il y eût dans Horace trois grands récits et quelque dx discours ou diesertations. Ces spectateurs qui avaient rédigé des discours latins dans les collègues  c’est-à-dire presque tous les spectateurs, avaient l'habitude de ne parler des Romains que pour les faire parler.

L'unité d'action seule est très discutable. Corneille lui-même l’a reconnu: \"Cette mort (de Camille) fait une action double, par le second péril où tombe Horace après être sorti du premier. L'unité de péril d'un héros dans la tragédie fait l'unité d’action ; et quand i1 en est garanti, la pièce est finie... Horace revient triomphant, sans aucun besoin de tuer sa sœur ni même de parler à elle ; et l'action serait suffisamment terminée à sa victoire.\" On a copieusement disserté sur cette dualité d'action et l'on s'est vivement inquiété de justifier Corneille contre lui-même. On a dit qu’à l’unité d'action on peut substituer l’unité d’intérêt. Le sujet de la pièce n’est pas le succès d’Horace, mais la lutte du patriotisme et de l’amour ; entre la passion de la patrie personnifiée par Horace et la passion de l’amour personnifiée par Camille, il y a conflit ; la passion sublime accable la passion terrestre. Il se peut. Mais il est singulier que Corneille, homme ingénieux, ne se soit pas avisé de l'excuse. D’ailleurs, si le sujet est le conflit d’Horace et de Camille, la pièce est terminée après le meurtre, tout au moins l'action véritable. L’acte V, Corneille le reconnaissait, est tout en plaidoyers, donc il est froid. Disons plus simplement que cette stricte unité d’action n’avait pas, en 1640, la même importance qu'aujourd’hui ; les doctes assemblés chez Boisrobert n’ont pas songé à la discuter. Disons aussi que Corneille seheurtait,pour la première fois, au défaut ou à la difficulté de son système dramatique. Il veut que ses héros hésitent à peine entre leur devoir et la tentation, ou plutôt entre le but que leur volonté poursuit et les faiblesses qui les en détournent. Mais s’ils n’hésitent pas, ils surmontent l’obstacle moral dès qu’il se présente ; et la pièce est terminée. Il a fallu un art ingénieux et très sûr pour prolonger la pièce pendant trois actes, depuis l’annonce du combat et le choix des combattants jusq u’à la victoire d’Horace. L’ingéniosité ne pouvait faire plus ; et Corneille a dû, au lieu d’une simple action dramatique, mettre sur la scène une \"histoire\", Dans Tite-Live ou Plutarque, l’histoire d’Horace commence bien lorsqu’il est choisi et se termine quand il est acquitté. On peut absoudre Corneille, comme Horace, mais non pas l’en féliciter.

horace

« plus de duel, plus de combat singulier, plus de rencontres fu rti ves d'amants que le devoir sépare.

La pièce est bâtie tout entière sur une guerre illustre, un combat et un meurtre que l'histoire attestent.

Sans doute, il y a encore un oracle qui joue sur les mots en prédisant à C amill e qu'elle sera unie pour tou­ jours à son Cunacc ...

dans le tombe au.

Mais cet oracle est une croyance romaine, et les oracles avec les songes sont restés une tradition et comme un accessoire m!cessaire de la tragédie classique.

Surtout, HQTace témoigne d'un respect profond pour les « bienséances » et pour les règles.

Presque tous les beaux esprits étaient tombés d'accord pour accuser Chimène de manquer à ces bienséances.

Une fille honnête ne doit pas s'entretenir avec le meurtrier de son père, même s'il est généreux et resp ectueux.

Elle ne doit pas accepter qu'un roi l'invite à pardonner et laisse entrevoir qu'elle épou­ sera Rodr igue.

Il n'y a pas, dans Horace·, de ces usubmissions » de l'honneur à la passion.

Il n'y a que des héros qui meurent ou qui triomphent.

Camille même, à sa façon, est toute vertu.

Car elle n'hésite point entre Rome et son amour ; elle choisit délibérément, farouchement, son amour.

Si l'on estime que le choix est coupable, il est puni, puisqu'elle en meurt.

On ne discu ta d'ailleurs ces «bienséances " que sur un r.oint.

Qu'un frère tue sa sœur par colère patriotique, c'est posstble, et c'était «hi storique )), Mats il était immoral, contre la bie n séance , qu'on mît ce fratricide sur la scèn e.

Chapelain s'en plaignait et d'Au­ bignac aurait voulu que, dans un mouvement de colère aveugle, Camille se jetât d'elle-même sur l'épée de son frère.. »

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